Je diffuse ici un extrait de la troisième partie de mon article "Joseph de Maistre, prophète de la Réversibilité", publié dans le n°33 (automne 2011) de la revue canadienne Egards. Il s'agit d'une lecture maistrienne du célèbre roman d'Oscar Wilde.
[...] La Réversibilité, telle que la conçoivent Joseph de Maistre et ses héritiers, est liée à une thèse que nombre de spécialistes font dériver de l’augustinisme : celle d’une «inculpation» en masse de l’humanité, consécutive à la Chute. Pour saint Augustin, le péché originel se propage par la concupiscence, considérée comme une inclination au mal inhérente à la nature humaine. Si Maistre ne mentionne guère la concupiscence, il a recours à la notion de «péché originel de second ordre» ou «continué» pour éclairer le principe de la transmission héréditaire de la faute. Elle lui permet de rendre compte de cette croyance universelle sur laquelle il s’attarde dans le premier et le second Entretien de ses Soirées, à savoir que «tout être qui a la faculté de se propager ne saurait produire qu’un être semblable à lui» (IIe Entretien). Pour Maistre, il s’agit d’une «règle écrite sur toutes les parties de l'univers», en sorte que, «si un être est dégradé, sa postérité ne sera plus semblable à l'état primitif de cet être, mais bien à l'état où il a été ravalé par une cause quelconque». Pour Antoine Compagnon, cette conception qui renvoie à celle de la concupiscence, héritée de saint Augustin, est contestable en ce qu’elle ruine l’ «unicité du péché originel» (1). Il se réfère à un article du Dictionnaire de Théologie catholique : «Ainsi conçu, juge l’auteur, le péché originel se développe dans des proportions effrayantes, puisque c’est un héritage qui s’augmente de génération en génération». Pourtant, c’est moins dans la tradition chrétienne que dans le texte de la Genèse que nous pouvons trouver une confirmation des vues de Joseph de Maistre sur l’importance de l’hérédité dans la transmission du mal physique et moral. Il suffit de se reporter à la remarquable exégèse croisée de deux versets de la Genèse par Albert Frank-Duquesne, parue dans La Pensée Catholique en 1951 :
« On sait que la tare adamique, l'humaine incapacité par rapport au monde surnaturel, se transmet par la communication même de la vie. Chacun de nous, lorsqu'il est conçu par ses parents, ce n'est pas une nature improvisée, spécialement créée de toutes pièces à son usage, qu'il reçoit en partage, mais une humanité déjà “marquée”, déterminée, qui lui vient du fond des âges, charriant sur son parcours tous les apports successifs des ères post-lapsaires. Les faits moraux et psychophysiologiques – amour familial, hérédité, etc. – attestent que la vie des hommes est une, et dans tous les domaines, à commencer par ceux qui sont spécifiquement humains, et transmise de génération en génération […]. Cette conception, la Genèse la confirme de façon frappante : elle commence par nous révéler qu'Adam a été créé “comme le reflet de Dieu et pour Lui devenir de plus en plus semblable” (Gn 1, 26) ; mais elle nous dit ensuite qu'Adam déchu engendra Seth “comme son propre semblable et pour devenir de plus en plus son reflet” (Gn 5, 3). Il vaut la peine de comparer la structure de ces deux textes. Dans le premier, l'ombre ou reflet (comme dit l'hébreu), l'image (comme s'expriment le grec des Septante et le latin de la Vulgate), est donnée, une fois pour toutes imprimée : Dieu retrouve toujours en l'homme ce qu'Il y a mis de Lui-même – “son esprit”, dit la Genèse (2, 7 et 6, 3), c'est-à-dire sa spiritualité, sa nature d'esprit, en ce qu'elle a de communicable à la créature – mais la ressemblance, le “devenir ce qu’elle est”, comme dit saint Ambroise, l'“actuation” de tout ce qu'implique l'“image”, c'est affaire de réalisation graduelle, d'effort, de mouvement, non plus d'état, mais d'action : cela doit se conquérir (2). Or, nous ne sachions pas qu'on ait jamais observé l'inversion du binôme image-ressemblance dans Genèse 5, 3, où Adam, déchu, engendre un fils chez qui, dès la conception, se trouve comme un état, comme une seconde nature, la ressemblance de la condition tarée, alors que l'image, ou condition première, essentielle, doit être à son tour conquise, ou plutôt recouvrée, par l'effort et l'action. Mais le mouvement subversé, inverti, transmis à Seth par Adam, cette tendance active, cette propension dynamique, en acte, qui désorbite l'homme quant à Dieu, c'est ce que le vocabulaire appelle la concupiscence, qui est à la tare originelle ce que la ressemblance divine est à l'image. Elle passe du père au fils par le truchement de la conception.» (3)
[...] La Réversibilité, telle que la conçoivent Joseph de Maistre et ses héritiers, est liée à une thèse que nombre de spécialistes font dériver de l’augustinisme : celle d’une «inculpation» en masse de l’humanité, consécutive à la Chute. Pour saint Augustin, le péché originel se propage par la concupiscence, considérée comme une inclination au mal inhérente à la nature humaine. Si Maistre ne mentionne guère la concupiscence, il a recours à la notion de «péché originel de second ordre» ou «continué» pour éclairer le principe de la transmission héréditaire de la faute. Elle lui permet de rendre compte de cette croyance universelle sur laquelle il s’attarde dans le premier et le second Entretien de ses Soirées, à savoir que «tout être qui a la faculté de se propager ne saurait produire qu’un être semblable à lui» (IIe Entretien). Pour Maistre, il s’agit d’une «règle écrite sur toutes les parties de l'univers», en sorte que, «si un être est dégradé, sa postérité ne sera plus semblable à l'état primitif de cet être, mais bien à l'état où il a été ravalé par une cause quelconque». Pour Antoine Compagnon, cette conception qui renvoie à celle de la concupiscence, héritée de saint Augustin, est contestable en ce qu’elle ruine l’ «unicité du péché originel» (1). Il se réfère à un article du Dictionnaire de Théologie catholique : «Ainsi conçu, juge l’auteur, le péché originel se développe dans des proportions effrayantes, puisque c’est un héritage qui s’augmente de génération en génération». Pourtant, c’est moins dans la tradition chrétienne que dans le texte de la Genèse que nous pouvons trouver une confirmation des vues de Joseph de Maistre sur l’importance de l’hérédité dans la transmission du mal physique et moral. Il suffit de se reporter à la remarquable exégèse croisée de deux versets de la Genèse par Albert Frank-Duquesne, parue dans La Pensée Catholique en 1951 :
« On sait que la tare adamique, l'humaine incapacité par rapport au monde surnaturel, se transmet par la communication même de la vie. Chacun de nous, lorsqu'il est conçu par ses parents, ce n'est pas une nature improvisée, spécialement créée de toutes pièces à son usage, qu'il reçoit en partage, mais une humanité déjà “marquée”, déterminée, qui lui vient du fond des âges, charriant sur son parcours tous les apports successifs des ères post-lapsaires. Les faits moraux et psychophysiologiques – amour familial, hérédité, etc. – attestent que la vie des hommes est une, et dans tous les domaines, à commencer par ceux qui sont spécifiquement humains, et transmise de génération en génération […]. Cette conception, la Genèse la confirme de façon frappante : elle commence par nous révéler qu'Adam a été créé “comme le reflet de Dieu et pour Lui devenir de plus en plus semblable” (Gn 1, 26) ; mais elle nous dit ensuite qu'Adam déchu engendra Seth “comme son propre semblable et pour devenir de plus en plus son reflet” (Gn 5, 3). Il vaut la peine de comparer la structure de ces deux textes. Dans le premier, l'ombre ou reflet (comme dit l'hébreu), l'image (comme s'expriment le grec des Septante et le latin de la Vulgate), est donnée, une fois pour toutes imprimée : Dieu retrouve toujours en l'homme ce qu'Il y a mis de Lui-même – “son esprit”, dit la Genèse (2, 7 et 6, 3), c'est-à-dire sa spiritualité, sa nature d'esprit, en ce qu'elle a de communicable à la créature – mais la ressemblance, le “devenir ce qu’elle est”, comme dit saint Ambroise, l'“actuation” de tout ce qu'implique l'“image”, c'est affaire de réalisation graduelle, d'effort, de mouvement, non plus d'état, mais d'action : cela doit se conquérir (2). Or, nous ne sachions pas qu'on ait jamais observé l'inversion du binôme image-ressemblance dans Genèse 5, 3, où Adam, déchu, engendre un fils chez qui, dès la conception, se trouve comme un état, comme une seconde nature, la ressemblance de la condition tarée, alors que l'image, ou condition première, essentielle, doit être à son tour conquise, ou plutôt recouvrée, par l'effort et l'action. Mais le mouvement subversé, inverti, transmis à Seth par Adam, cette tendance active, cette propension dynamique, en acte, qui désorbite l'homme quant à Dieu, c'est ce que le vocabulaire appelle la concupiscence, qui est à la tare originelle ce que la ressemblance divine est à l'image. Elle passe du père au fils par le truchement de la conception.» (3)
Cette solidarité dans le mal qui est l’envers ténébreux de la communion des saints a trouvé dans certaines œuvres littéraires une illustration particulièrement saisissante. Elles seules parviennent à nous faire pressentir toute la réalité angoissante de cette communio peccatorum occultée par la théologie moderne. Le narrateur d’Aurélia, le dernier texte de Nerval, exprime cette pensée où se décèle l’influence de Maistre. Comme beaucoup de grands auteurs du XIXe siècle, Nerval a lu et médité l’œuvre profonde du théoricien de la contre-révolution : «Notre passé et notre avenir sont solidaires, écrit-il. Nous vivons dans notre race et notre race vit en nous».
Nous retrouvons cette problématique inaugurée par Maistre dans un grand classique de la littérature, Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. Certains passages du roman pourraient être lus à la lumière de la philosophie maistrienne. Aucun critique, semble-t-il, n’a perçu la communauté des vues. Sur le lien entre la dégradation spirituelle et morale et la déchéance physique, les parentés sont évidentes. Malgré ses errements, Wilde avait gardé un sens aigu du péché, une espèce d’horreur sacrée, héritée du catholicisme, devant sa puissance de dissolution. Alors que le portrait de Dorian peint par son ami Basile Hallward porte l’empreinte de sa conduite dissolue, les stigmates de ses vices, son visage, lui, selon le vœu qu’il a prononcé, reste mystérieusement intact. En effet, le portrait à peine achevé, il avait exprimé le vœu insensé de rester jeune tandis que le portrait vieillirait à sa place : «Sa beauté ne s’altérerait pas. La toile seule assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés».
Dans la doctrine traditionnelle de l’art pictural, le portrait a pour fonction de rendre l’essence du personnage, bien plus que la ressemblance extérieure, c’est-à-dire sa «forme pure», selon la formule scolastique, son «archétype» présent en Dieu. Cet archétype correspond à son image idéale, son esse primum, son être incréé et éternel. Dans le roman de Wilde, le tableau joue un rôle de révélateur. Mais ce qu’il lui révèle, c’est sa «forme» dégradée, son «image» souillée par le péché. Ce tableau maléfique qui le conduit vers les rivages de la folie inverse en quelque sorte la finalité assignée à l’art chrétien, dans son acception traditionnelle, dans l’art iconique par exemple. D’où la répulsion qu’il inspire à Dorian Gray. Il finit par percevoir en lui «le symbole éclatant de la dégradation par le péché, de la ruine de l’âme».
Plus tard, arpentant une galerie de sa maison de campagne, il s’attarde devant les portraits de certains de ses ancêtres, dont, insiste-t-il, le sang coule dans ses veines : «La psychologie de ceux qui conçoivent le Moi comme une réalité simple, immuable, sûre, d’une essence unique, lui semblait primitive. L'homme était pour lui un être riche d’une myriade de vies et de sensations, une créature multiforme et complexe qui porte en elle d'étranges héritages de pensées et de désirs; les monstrueuses maladies des morts ont corrompu sa chair». Face au portait de son aïeul Philipe Herbert, il s’interroge : «Quel germe étrange et empoisonné s'était-il donc transmis jusqu'à lui de génération en génération ?» Il passe d’un portrait à l’autre, chacun d’eux formant une part de cet héritage de vice, de mensonge et de honte qui empoisonne son être. Wilde annonce ici Bernanos qui a créé, avec Mouchette, un personnage que l’hérédité du mal ronge comme une bête intérieure et malfaisante. Tout ce mal, personnifié par des parents proches ou lointains dont Bernanos souligne la hideur morale, finit par se cristalliser en elle, en son âme d’enfant, éprise d’absolu : «Partout le péché crevait son enveloppe, laissait voir le mystère de sa génération : des dizaines d’hommes et de femmes liés dans les fibres du même cancer et les affreux liens se rétractant, pareils aux bras coupés d’un poulpe, jusqu’au noyau du monstre même (…) dans le cœur d’un enfant» (4).
Wilde et Bernanos, écrivains opposés sur bien des plans, donnent raison à Maistre sur un point sujet à controverse de la doctrine du péché originel et de ses suites funestes. Pour le comte, l’hérédité qui choque la raison humaine ne fait que répéter le péché originel dont elle est une preuve implicite. Maistre, de surcroît, a insisté, avant les sophiologues russes et catholiques, sur l’amplitude cosmique de la Chute produite par la prévarication adamique : «La note tonique du système de notre création ayant baissé, toutes les autres ont baissé proportionnellement, suivant les règles de l’harmonie. Tous les êtres gémissent» (IXe Entretien).
[...]
(1) Voir son étude sur les Antimodernes parue chez Gallimard.
(2) Genèse, 1:26. Cette traduction, affirme Frank-Duquesne, «tient compte des nuances de l’Hébreu, d’après les interprétations targoumiques (les Pères grecs se sont inspirés de ces vues pour leur anthropologie biblique)». Sur les diverses acceptions patristiques de l’ «image» et de la «ressemblance» ou «similitude», le lecteur se reportera avec profit aux études de la théologienne orthodoxe Myrra Lot-Borodine, plusieurs fois mentionnées par Frank-Duquesne dans ses ouvrages. Les Pères distinguent en effet entre l’ «image» et la «ressemblance». Ils ont conçu la première comme une réalité donnée, «inamissible». Quant à la «ressemblance» (similitudo), ils la considèrent comme un germe, une «virtualité à réaliser» (cf. Lot-Borodine, La Déification de l’homme, Cerf, 2011, p.201)
(3) Albert Frank-Duquesne, «L’Éternelle actualité du problème juif», La Pensée Catholique, n°18, octobre 1951, p.53-54 ; réédition aux Editions de Sombreval, 2009.
(4) Bernanos, Sous le soleil de Satan, coll. Pléiade, 1961, p. 204.
Nous retrouvons cette problématique inaugurée par Maistre dans un grand classique de la littérature, Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. Certains passages du roman pourraient être lus à la lumière de la philosophie maistrienne. Aucun critique, semble-t-il, n’a perçu la communauté des vues. Sur le lien entre la dégradation spirituelle et morale et la déchéance physique, les parentés sont évidentes. Malgré ses errements, Wilde avait gardé un sens aigu du péché, une espèce d’horreur sacrée, héritée du catholicisme, devant sa puissance de dissolution. Alors que le portrait de Dorian peint par son ami Basile Hallward porte l’empreinte de sa conduite dissolue, les stigmates de ses vices, son visage, lui, selon le vœu qu’il a prononcé, reste mystérieusement intact. En effet, le portrait à peine achevé, il avait exprimé le vœu insensé de rester jeune tandis que le portrait vieillirait à sa place : «Sa beauté ne s’altérerait pas. La toile seule assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés».
Dans la doctrine traditionnelle de l’art pictural, le portrait a pour fonction de rendre l’essence du personnage, bien plus que la ressemblance extérieure, c’est-à-dire sa «forme pure», selon la formule scolastique, son «archétype» présent en Dieu. Cet archétype correspond à son image idéale, son esse primum, son être incréé et éternel. Dans le roman de Wilde, le tableau joue un rôle de révélateur. Mais ce qu’il lui révèle, c’est sa «forme» dégradée, son «image» souillée par le péché. Ce tableau maléfique qui le conduit vers les rivages de la folie inverse en quelque sorte la finalité assignée à l’art chrétien, dans son acception traditionnelle, dans l’art iconique par exemple. D’où la répulsion qu’il inspire à Dorian Gray. Il finit par percevoir en lui «le symbole éclatant de la dégradation par le péché, de la ruine de l’âme».
Plus tard, arpentant une galerie de sa maison de campagne, il s’attarde devant les portraits de certains de ses ancêtres, dont, insiste-t-il, le sang coule dans ses veines : «La psychologie de ceux qui conçoivent le Moi comme une réalité simple, immuable, sûre, d’une essence unique, lui semblait primitive. L'homme était pour lui un être riche d’une myriade de vies et de sensations, une créature multiforme et complexe qui porte en elle d'étranges héritages de pensées et de désirs; les monstrueuses maladies des morts ont corrompu sa chair». Face au portait de son aïeul Philipe Herbert, il s’interroge : «Quel germe étrange et empoisonné s'était-il donc transmis jusqu'à lui de génération en génération ?» Il passe d’un portrait à l’autre, chacun d’eux formant une part de cet héritage de vice, de mensonge et de honte qui empoisonne son être. Wilde annonce ici Bernanos qui a créé, avec Mouchette, un personnage que l’hérédité du mal ronge comme une bête intérieure et malfaisante. Tout ce mal, personnifié par des parents proches ou lointains dont Bernanos souligne la hideur morale, finit par se cristalliser en elle, en son âme d’enfant, éprise d’absolu : «Partout le péché crevait son enveloppe, laissait voir le mystère de sa génération : des dizaines d’hommes et de femmes liés dans les fibres du même cancer et les affreux liens se rétractant, pareils aux bras coupés d’un poulpe, jusqu’au noyau du monstre même (…) dans le cœur d’un enfant» (4).
Wilde et Bernanos, écrivains opposés sur bien des plans, donnent raison à Maistre sur un point sujet à controverse de la doctrine du péché originel et de ses suites funestes. Pour le comte, l’hérédité qui choque la raison humaine ne fait que répéter le péché originel dont elle est une preuve implicite. Maistre, de surcroît, a insisté, avant les sophiologues russes et catholiques, sur l’amplitude cosmique de la Chute produite par la prévarication adamique : «La note tonique du système de notre création ayant baissé, toutes les autres ont baissé proportionnellement, suivant les règles de l’harmonie. Tous les êtres gémissent» (IXe Entretien).
[...]
(1) Voir son étude sur les Antimodernes parue chez Gallimard.
(2) Genèse, 1:26. Cette traduction, affirme Frank-Duquesne, «tient compte des nuances de l’Hébreu, d’après les interprétations targoumiques (les Pères grecs se sont inspirés de ces vues pour leur anthropologie biblique)». Sur les diverses acceptions patristiques de l’ «image» et de la «ressemblance» ou «similitude», le lecteur se reportera avec profit aux études de la théologienne orthodoxe Myrra Lot-Borodine, plusieurs fois mentionnées par Frank-Duquesne dans ses ouvrages. Les Pères distinguent en effet entre l’ «image» et la «ressemblance». Ils ont conçu la première comme une réalité donnée, «inamissible». Quant à la «ressemblance» (similitudo), ils la considèrent comme un germe, une «virtualité à réaliser» (cf. Lot-Borodine, La Déification de l’homme, Cerf, 2011, p.201)
(3) Albert Frank-Duquesne, «L’Éternelle actualité du problème juif», La Pensée Catholique, n°18, octobre 1951, p.53-54 ; réédition aux Editions de Sombreval, 2009.
(4) Bernanos, Sous le soleil de Satan, coll. Pléiade, 1961, p. 204.