Jean-Marc Bot est prêtre du diocèse de Versailles. Il a publié l'année dernière un ouvrage sur l'évolution, pertinemment intitulé L'homme descend de Dieu. J'ai eu la bonne surprise d'y découvrir nombre de thèses que j'ai exposées dans divers articles, plus ou moins liés à ce sujet. L’auteur propose une lecture approfondie du récit de la chute au jardin d’Eden dont il admet à la fois l’historicité et la dimension symbolique. Comme il l’écrit lui-même, «la Parole de Dieu compose avec un art souverain une mosaïque géniale où les deux aspects (symboliques et historiques) ne font qu’un». La Bible ignore en effet le «fait-divers». Les événements réels nous sont présentés sous une forme stylisée, par voie d’allusion significative, de symbole suggestif. Voici selon l’auteur le minimum d’historicité qu’il faut reconnaître dans le récit de la Genèse :
« - La création de toutes choses par Dieu au commencement du temps (le cadre de la semaine appartient au langage symbolique)
- La création particulière de l’homme, en un seul couple (le mode de la création appartient au langage symbolique)
- Le bonheur originel d’Adam et Eve, dans un état d’harmonie avec Dieu, avec la nature et entre eux ; ils étaient dotés de dons surnaturels impliquant les quatre dons preternaturels d’intégrité, d’immortalité, de connaissance infuse, d’invulnérabilité (le paradis géographique appartient au langage symbolique).
- Le commandement donné par Dieu à l’homme pour éprouver son obéissance et sa liberté (les deux arbres du paradis appartiennent au langage symbolique).
- La transgression du commandement divin à l’instigation du diable (le thème du serpent appartient au langage symbolique)
- La déchéance des premiers parents de cet état primitif d’innocence » (p.127)
L'auteur consacre de longs développements au problème de l’unité du couple primitif, qui intéresse la transmission à tous les hommes du péché d’origine. Il fait sienne la thèse du monogénisme (un seul couple humain originel), confirmée par la Tradition et les textes les plus récents du magistère, et qui se trouve en connexion étroite avec le dogme du péché originel. Elle rend selon lui douteux le modèle explicatif proposé par les évolutionnistes qui tiennent pour certaine l’origine animale de l'homme. En effet «le monogénisme impose que le premier homme et la première femme soient contemporains et se rencontrent de manière à former le couple originel. Il faut également supposer une intervention créatrice au moment de la fécondation des deux primates et non pas un passage à la nature humaine en cours de développement. Il y a en effet un saut qualitatif brusque pour passer du monde animal au monde humain, quel que soit le perfectionnement supposé de ce même animal. L'organisme humain étant unifié –corps et âme – on ne voit pas comment il pourrait apparaître à un autre moment qu'à celui de la fécondation. Ainsi les deux êtres humains, nés de parents non humains, auraient reçu une formation proprement miraculeuse tout au long de leur croissance». Cette hypothèse d’une origine animale, en outre, va à l’encontre de ce que la tradition chrétienne nous enseigne sur l’homme, sa filiation divine, sa dignité royale (l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu est le «centre métaphysique de l’univers», à la fois microcosme et micro-théos : voir mon essai où ce thème est abondamment développé) : «Contrairement à ce que voudrait le darwinisme, écrit le père Boulgakov dans La Lumière sans déclin, l’homme ne descend pas des genres inférieurs, il les comprend en lui-même : il est l’animal intégral, le panzoôn ; il contient en quelque sorte tout le programme de l’univers créé». La position centrale de l’homme dans le monde n’a pas été modifiée par Chute et l’expulsion du paradis, consécutive à la tentation issue du monde spirituel, où la chute s’était déjà produite. Jean-Marc Bot s’interroge d’ailleurs sur les effets de la chute des anges déchus sur l’univers physique. Rien n’interdit de penser selon lui que la temporalité matérielle ait pu être perturbée par eux avant l’apparition de l’homme et sa chute désastreuse.
Cette vision de l’homme permet de dégager ce que l’auteur appelle le «principe anthropique» selon lequel «l’être humain est le centre d’organisation de tout l’univers visible. La profusion illimitée du cosmos est faite pour lui et l’état de son âme commande l’équilibre écologique de la nature» (voir mon essai. Il ajoute : «La création matérielle dans son ensemble est faite pour l'homme, même les astres les plus éloignés, les espaces les plus inaccessibles, les animaux apparemment les plus inutiles. Une sorte de rayonnement universel émane de chaque personne humaine et touche mystérieusement chaque créature à l'instant même…»…
Le père Bot met en exergue le principe de solidarité universelle et la responsabilité qui incombe à l'homme. Toutes les manifestations du mal physique ne sont que le reflet de son état moral et spirituel, de son chaos intérieur. Les actes pécheurs forment un réseau de ténèbres qui tend à s’étendre à la manière d’une toile d’araignée lorsque l’homme dégénère. Ce qui se forme alors c’est une sorte de Contre-Corps mystique, de corps de perdition dans lequel circule la vie corrompue, souillée du Vieil Homme selon saint Paul, de l’humanité déserteuse, inféodée au péché. L’univers qui est le corps indéfiniment prolongé de l’humanité se trouve alors défiguré. Il devient l’image de cet Anti-Corps mystique, diffusant la pollution ontologique générée par le péché et auquel s’oppose l’autre Corps qui est l’Église, dispensatrice de la vie et de la grâce.
Pour commander cet ouvrage: Cliquez ici
« - La création de toutes choses par Dieu au commencement du temps (le cadre de la semaine appartient au langage symbolique)
- La création particulière de l’homme, en un seul couple (le mode de la création appartient au langage symbolique)
- Le bonheur originel d’Adam et Eve, dans un état d’harmonie avec Dieu, avec la nature et entre eux ; ils étaient dotés de dons surnaturels impliquant les quatre dons preternaturels d’intégrité, d’immortalité, de connaissance infuse, d’invulnérabilité (le paradis géographique appartient au langage symbolique).
- Le commandement donné par Dieu à l’homme pour éprouver son obéissance et sa liberté (les deux arbres du paradis appartiennent au langage symbolique).
- La transgression du commandement divin à l’instigation du diable (le thème du serpent appartient au langage symbolique)
- La déchéance des premiers parents de cet état primitif d’innocence » (p.127)
L'auteur consacre de longs développements au problème de l’unité du couple primitif, qui intéresse la transmission à tous les hommes du péché d’origine. Il fait sienne la thèse du monogénisme (un seul couple humain originel), confirmée par la Tradition et les textes les plus récents du magistère, et qui se trouve en connexion étroite avec le dogme du péché originel. Elle rend selon lui douteux le modèle explicatif proposé par les évolutionnistes qui tiennent pour certaine l’origine animale de l'homme. En effet «le monogénisme impose que le premier homme et la première femme soient contemporains et se rencontrent de manière à former le couple originel. Il faut également supposer une intervention créatrice au moment de la fécondation des deux primates et non pas un passage à la nature humaine en cours de développement. Il y a en effet un saut qualitatif brusque pour passer du monde animal au monde humain, quel que soit le perfectionnement supposé de ce même animal. L'organisme humain étant unifié –corps et âme – on ne voit pas comment il pourrait apparaître à un autre moment qu'à celui de la fécondation. Ainsi les deux êtres humains, nés de parents non humains, auraient reçu une formation proprement miraculeuse tout au long de leur croissance». Cette hypothèse d’une origine animale, en outre, va à l’encontre de ce que la tradition chrétienne nous enseigne sur l’homme, sa filiation divine, sa dignité royale (l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu est le «centre métaphysique de l’univers», à la fois microcosme et micro-théos : voir mon essai où ce thème est abondamment développé) : «Contrairement à ce que voudrait le darwinisme, écrit le père Boulgakov dans La Lumière sans déclin, l’homme ne descend pas des genres inférieurs, il les comprend en lui-même : il est l’animal intégral, le panzoôn ; il contient en quelque sorte tout le programme de l’univers créé». La position centrale de l’homme dans le monde n’a pas été modifiée par Chute et l’expulsion du paradis, consécutive à la tentation issue du monde spirituel, où la chute s’était déjà produite. Jean-Marc Bot s’interroge d’ailleurs sur les effets de la chute des anges déchus sur l’univers physique. Rien n’interdit de penser selon lui que la temporalité matérielle ait pu être perturbée par eux avant l’apparition de l’homme et sa chute désastreuse.
Cette vision de l’homme permet de dégager ce que l’auteur appelle le «principe anthropique» selon lequel «l’être humain est le centre d’organisation de tout l’univers visible. La profusion illimitée du cosmos est faite pour lui et l’état de son âme commande l’équilibre écologique de la nature» (voir mon essai. Il ajoute : «La création matérielle dans son ensemble est faite pour l'homme, même les astres les plus éloignés, les espaces les plus inaccessibles, les animaux apparemment les plus inutiles. Une sorte de rayonnement universel émane de chaque personne humaine et touche mystérieusement chaque créature à l'instant même…»…
Le père Bot met en exergue le principe de solidarité universelle et la responsabilité qui incombe à l'homme. Toutes les manifestations du mal physique ne sont que le reflet de son état moral et spirituel, de son chaos intérieur. Les actes pécheurs forment un réseau de ténèbres qui tend à s’étendre à la manière d’une toile d’araignée lorsque l’homme dégénère. Ce qui se forme alors c’est une sorte de Contre-Corps mystique, de corps de perdition dans lequel circule la vie corrompue, souillée du Vieil Homme selon saint Paul, de l’humanité déserteuse, inféodée au péché. L’univers qui est le corps indéfiniment prolongé de l’humanité se trouve alors défiguré. Il devient l’image de cet Anti-Corps mystique, diffusant la pollution ontologique générée par le péché et auquel s’oppose l’autre Corps qui est l’Église, dispensatrice de la vie et de la grâce.
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