Nous devons à France Windal la plupart des renseignements biographiques que nous possédons sur Albert Frank-Duquesne. L'opuscule qu'elle a consacré à ce grand écrivain catholique dont elle a été la collaboratrice pendant plusieurs années s'avère à ce titre très précieux. En voici un résumé :
Notons d’abord que le véritable nom de l'écrivain est Albert Frank auquel il a adjoint celui de sa femme, Duquesne, à la fin de sa vie. Albert Frank a connu une enfance assez triste et solitaire. Dès son plus jeune âge, il manifeste des dons intellectuels exceptionnels. Toute sa vie il restera un lecteur insatiable. Ses lectures variées et innombrables font qu’à treize ans à peine il connaît déjà l’œuvre de Schopenhauer et peut citer des passages du Latin mystique de Remy de Gourmont. Il découvre l’œuvre d’Ernest Hello et surtout de Léon Bloy qui va exercer sur lui une influence profonde. La mort de son père, juif converti au catholicisme qui lui avait transmis l'amour de la Parole de Dieu, le laisse seul et démuni. Commence alors pour lui une vie aventureuse, une vie d'errance mêlée de pérégrinations intellectuelles et spirituelles. Il est tour à tour mousse sur un quatre-mâts norvégien, ouvrier dans un puits de pétrole du Texas, mineur dans les charbonnages belges, journaliste d’occasion en France.
Engagé volontaire dans l'armée belge pendant la Grande Guerre, il est blessé et soigné en Angleterre. Après l'armistice il se retrouve sans ressources en France. Il va vivre des mois durant comme un clochard, un paria, un rebut de la société. Il vit sous les ponts, se réfugie parfois dans les hospices de nuit. Il devient cet être douleur à propos duquel Albert Frank écrira plus tard : « Mes contacts avec la vie m'inspiraient une répulsion proche de la terreur et de la haine. D’où, pendant de longues années, un besoin de métamorphoser le monde extérieur, de bouleverser les identités et leurs rapports, qui s’est trop souvent exprimé de façon médiocre, impuissante, larvaire, par le mensonge, le mythe et la mystification ». Il se durcit jusqu'à la haine de soi et du monde. C'est pourquoi ses recherches spirituelles jamais interrompues le conduisent à adhérer aux conceptions hindoues qui postulent l'irréalité du monde. Il adhère également à toutes sortes de doctrines ésotériques et théosophiques qui l'éloignent toujours plus du christianisme. Mais il finit par s'en détourner car il perçoit avec toute la force de sa pénétration intellectuelle que ces théories escamotent le mystère central de la Rédemption.
Son esprit ne connaît alors plus de repos. Il médite en profondeur les textes bibliques, se plonge dans la lecture des Pères de l'Eglise où il retrouve la saveur du contact immédiat avec le Dieu vivant. Il a le sentiment que l’Eglise a renié ses origines en s’écartant de l’esprit des Pères et de leur spiritualité pure. Il se tourne alors vers les «Vieux Catholicisme» et approfondit la théologie orthodoxe qu'il admire. Il opte finalement pour l'église orthodoxe russe où il est ordonné prêtre à l'âge de 41 ans. Il devient le «Père Jean». Albert Frank croit avoir touché au port. Il lui faudra encore quelques années pour découvrir que l'église orthodoxe ne possède pas tous les caractères de la véritable Eglise de Jésus Christ. Il se sent aspiré irrésistiblement vers l'Eglise romaine en laquelle il finit par voir l'authentique dépositaire de la vérité dévoilée par le Christ. Il fait alors le sacrifice de son sacerdoce de prêtre orthodoxe dont il s'acquittait avec un grand amour et redevient simple laïque de l'Eglise catholique.
Les années de guerre représentent sans doute la période la plus sombre, la plus crucifiante mais aussi la plus purificatrice, illuminatrice de sa vie. Comme tous ceux qui ne disposent d’aucune économie, il va connaître la faim et le froid. Cette période de détresse est marquée par une épreuve redoutable : le séjour au bagne de Breendonk où il est enfermé en 1941. Des officiers allemands ont découvert chez une dame russe avec laquelle il correspond une de ses lettres où il qualifie Hitler et Staline de «larbins de l’antéchrist». Le 21 août 1941, il devient le numéro 538 au camp d’éducation que les occupants allemands ont établi en Belgique. Albert Frank décrira plus tard son existence dans le camp nazi de Breendonk, « cette vomissure de l'Enfer», comme «purement théologale». De ce temps d’incarcération, qu’il vivra comme son purgatoire, Albert Frank-Duquesne a laissé un témoignage poignant dans un livre intitulé Le Chemin de la Croix qui paraîtra l’année même de sa mort.
Libéré du camp en 1942, grâce à l’intervention du Cardinal-Archevêque de Malines il décide de servir l'Eglise en fils reconnaissant. Emporté par l’inspiration, il multiplie les manuscrits dans le petit appartement qu’il occupe avec sa femme et où il mène une vie pauvre et retirée.
Malgré tous ses efforts, les portes des maisons d’édition lui restent fermées et le monde catholique continue à l’ignorer. Sous l’effet du découragement il brûle 4000 pages de manuscrits. C'est à Paul Claudel que revient l'immense mérite de l’avoir sorti de l’ombre. Il fallait ce génie pour comprendre un homme de la taille d'Albert Frank-Duquesne. Ce dernier, sur la suggestion de son ami le chanoine P.Gillet osa déposer un de ses manuscrits à l’ambassade de Bruxelles afin d’obtenir l’avis du grand poète catholique, comme il le relate lui-même dans une «confidence au lecteur» qui lui donne l’occasion d’exprimer sa reconnaissance à celui qu’il appelle le «maître» :
« C’est dans les premiers jours de mars 1946 qu’après avoir, de guerre lasse, brûlé déjà cinq manuscrits momifiés dans mes tiroirs depuis neuf ans, j’allais, devant l’évidente vanité de mes efforts littéraires, vouer à l’autodafé les deux milles pages conçues et quasiment rédigées « par cœur » au bagne allemand de Breendonk, lorsque mon ange gardien – Oh ! très moderne : il porte soutane et roule à moto – me souffla sous je ne sais quelle inspiration : "Claudel est à Bruxelles…pourquoi ne pas lui envoyer l’un des vos écrits ?" "J’ignore jusqu’à son adresse" - "Essayez l’ambassade !"
Requis, comme bien l’on pense, et tiraillé à toute heure par les "sages", les "forts", les " gens qui sont" (I Cor.,1 :27-28), le père Hugo (catholique) du XXe siècle, d’abord abasourdi par le sans-gêne désespéré d’un inconnu total – d’un "fou suivant le monde", d’un "impuissant aux yeux du monde", d’un "pas-même-né pour les gens du monde" (c’est encore saint Paul qui parle) – le maître Claudel, donc, ouvrit par charité pure, le monument transmis par la poste et feuilleta le monceau, puis, rentré à Paris, porta lui-même à l’éditeur Joseph Vrin Cosmos et Gloire, qu’il enrichit d’une préface à laquelle ce livre, et tous ceux qui le suivront, doivent et devront de paraître. Je n’étais rien, moins qu’un pur inconnu : un solitaire diffamé, claquemuré en quarantaine, claustré à jamais, semblait-il, dans l’inexorable jugement qu’en vertu du nolite judicare tant de ses frères catholiques, avec lui membres du Corps mystique, portaient sur son compte avec une inébranlable assurance. Ce Claudel, à la rustique encolure, où quelques parasites bien-pensants sucent le sang qui leur manque, ce rude, ce carré-par-la-base, nourri des Psaumes, voici que "siégeant dans les hauteurs il regarde en bas, relève le miséreux de l’humus, redresse le pauvre accroupi dans le fumier" (Ps.112). A ceux qui se demandent s’il est un "poète catholique" je réponds qu’il est un homme chrétien ».
Cet hommage donne tort à Bernanos qui, à la fin de sa vie, dépeignait Claudel comme un notable bourgeois avide d’honneurs, bardé de décorations, les poches remplies d’actions, d’obligations et de titres boursiers. Cette image n’a cessé de poursuivre l’écrivain, jusqu’à masquer son vrai visage. André Blanc a bien vu que le vrai Claudel reste encore aujourd’hui méconnu bien qu’il soit devenu un classique incontournable .
Claudel s’enthousiasme pour les écrits de cet inconnu qu’il met aussitôt en relation avec des figures éminentes du catholicisme, comme l’abbé Combes, le père Daniélou, le Père Bruno de Jésus-Marie qui publiera certains de ses textes aux Editions carmélitaines qu’il dirige. Il parvient à convaincre Joseph Vrin d’éditer l'admirable Cosmos et Gloire dont il écrit la préface. Mais la santé de l’écrivain va en déclinant. Miné par les épreuves qu’il a dû affronter tout au long de sa vie, épuisé par ses efforts de création, il est sujet à de grandes crises de fatigue. L’emploi qu’il trouve dans un ministère lui apporte un semblant de sécurité. Il consacre alors ses dernières forces à son œuvre créatrice. Après Cosmos et Gloire d’autres oeuvres d’importance vont paraître. Citons sa contribution aux Réflexions sur Satan en marge de la tradition judéo-chrétienne en 1949, Le Dieu vivant de la Bible en 1950 (Editions Franciscaines), Ce qui t’attend après ta mort en 1951 (Préface d’Albert Béguin, Editions Fransicaines), Création et procréation, Seul le Chrétien pardonne ( Nouvelles Editions latines), Chemin de la Croix en 1955 (Via Crucis, Editions universitaires)
Albert Frank-Duquesne s’éteint le 17 juin 1955. Laissons les derniers mots de conclusion à France Windal qui voit dans la quête inlassable de la vérité divine le sens profond de la vie de ce grand écrivain catholique :
« Frank-Duquesne fut toute sa vie, écrit-elle, un témoin passionné de l’absolue transcendance de Dieu. Il a effectué toutes les recherches doctrinales possibles ; il a accompli toutes les démarches spirituelles imaginables […] Son long voyage spirituel, il l’a poursuivi aux prix d’immenses bouleversements intérieurs, d’épreuves engageant tout son être, de déceptions humaines crucifiantes. Et toujours, avec une persévérance inouïe – qui est comme la marque visible d’une volonté particulière de Dieu sur sa destinée – il n’a cherché, il n’a souffert que pour découvrir le seul vrai Dieu et pour vivre de Lui : son long périple l’a ramené à l’Eglise catholique »
Notons d’abord que le véritable nom de l'écrivain est Albert Frank auquel il a adjoint celui de sa femme, Duquesne, à la fin de sa vie. Albert Frank a connu une enfance assez triste et solitaire. Dès son plus jeune âge, il manifeste des dons intellectuels exceptionnels. Toute sa vie il restera un lecteur insatiable. Ses lectures variées et innombrables font qu’à treize ans à peine il connaît déjà l’œuvre de Schopenhauer et peut citer des passages du Latin mystique de Remy de Gourmont. Il découvre l’œuvre d’Ernest Hello et surtout de Léon Bloy qui va exercer sur lui une influence profonde. La mort de son père, juif converti au catholicisme qui lui avait transmis l'amour de la Parole de Dieu, le laisse seul et démuni. Commence alors pour lui une vie aventureuse, une vie d'errance mêlée de pérégrinations intellectuelles et spirituelles. Il est tour à tour mousse sur un quatre-mâts norvégien, ouvrier dans un puits de pétrole du Texas, mineur dans les charbonnages belges, journaliste d’occasion en France.
Engagé volontaire dans l'armée belge pendant la Grande Guerre, il est blessé et soigné en Angleterre. Après l'armistice il se retrouve sans ressources en France. Il va vivre des mois durant comme un clochard, un paria, un rebut de la société. Il vit sous les ponts, se réfugie parfois dans les hospices de nuit. Il devient cet être douleur à propos duquel Albert Frank écrira plus tard : « Mes contacts avec la vie m'inspiraient une répulsion proche de la terreur et de la haine. D’où, pendant de longues années, un besoin de métamorphoser le monde extérieur, de bouleverser les identités et leurs rapports, qui s’est trop souvent exprimé de façon médiocre, impuissante, larvaire, par le mensonge, le mythe et la mystification ». Il se durcit jusqu'à la haine de soi et du monde. C'est pourquoi ses recherches spirituelles jamais interrompues le conduisent à adhérer aux conceptions hindoues qui postulent l'irréalité du monde. Il adhère également à toutes sortes de doctrines ésotériques et théosophiques qui l'éloignent toujours plus du christianisme. Mais il finit par s'en détourner car il perçoit avec toute la force de sa pénétration intellectuelle que ces théories escamotent le mystère central de la Rédemption.
Son esprit ne connaît alors plus de repos. Il médite en profondeur les textes bibliques, se plonge dans la lecture des Pères de l'Eglise où il retrouve la saveur du contact immédiat avec le Dieu vivant. Il a le sentiment que l’Eglise a renié ses origines en s’écartant de l’esprit des Pères et de leur spiritualité pure. Il se tourne alors vers les «Vieux Catholicisme» et approfondit la théologie orthodoxe qu'il admire. Il opte finalement pour l'église orthodoxe russe où il est ordonné prêtre à l'âge de 41 ans. Il devient le «Père Jean». Albert Frank croit avoir touché au port. Il lui faudra encore quelques années pour découvrir que l'église orthodoxe ne possède pas tous les caractères de la véritable Eglise de Jésus Christ. Il se sent aspiré irrésistiblement vers l'Eglise romaine en laquelle il finit par voir l'authentique dépositaire de la vérité dévoilée par le Christ. Il fait alors le sacrifice de son sacerdoce de prêtre orthodoxe dont il s'acquittait avec un grand amour et redevient simple laïque de l'Eglise catholique.
Les années de guerre représentent sans doute la période la plus sombre, la plus crucifiante mais aussi la plus purificatrice, illuminatrice de sa vie. Comme tous ceux qui ne disposent d’aucune économie, il va connaître la faim et le froid. Cette période de détresse est marquée par une épreuve redoutable : le séjour au bagne de Breendonk où il est enfermé en 1941. Des officiers allemands ont découvert chez une dame russe avec laquelle il correspond une de ses lettres où il qualifie Hitler et Staline de «larbins de l’antéchrist». Le 21 août 1941, il devient le numéro 538 au camp d’éducation que les occupants allemands ont établi en Belgique. Albert Frank décrira plus tard son existence dans le camp nazi de Breendonk, « cette vomissure de l'Enfer», comme «purement théologale». De ce temps d’incarcération, qu’il vivra comme son purgatoire, Albert Frank-Duquesne a laissé un témoignage poignant dans un livre intitulé Le Chemin de la Croix qui paraîtra l’année même de sa mort.
Libéré du camp en 1942, grâce à l’intervention du Cardinal-Archevêque de Malines il décide de servir l'Eglise en fils reconnaissant. Emporté par l’inspiration, il multiplie les manuscrits dans le petit appartement qu’il occupe avec sa femme et où il mène une vie pauvre et retirée.
Malgré tous ses efforts, les portes des maisons d’édition lui restent fermées et le monde catholique continue à l’ignorer. Sous l’effet du découragement il brûle 4000 pages de manuscrits. C'est à Paul Claudel que revient l'immense mérite de l’avoir sorti de l’ombre. Il fallait ce génie pour comprendre un homme de la taille d'Albert Frank-Duquesne. Ce dernier, sur la suggestion de son ami le chanoine P.Gillet osa déposer un de ses manuscrits à l’ambassade de Bruxelles afin d’obtenir l’avis du grand poète catholique, comme il le relate lui-même dans une «confidence au lecteur» qui lui donne l’occasion d’exprimer sa reconnaissance à celui qu’il appelle le «maître» :
« C’est dans les premiers jours de mars 1946 qu’après avoir, de guerre lasse, brûlé déjà cinq manuscrits momifiés dans mes tiroirs depuis neuf ans, j’allais, devant l’évidente vanité de mes efforts littéraires, vouer à l’autodafé les deux milles pages conçues et quasiment rédigées « par cœur » au bagne allemand de Breendonk, lorsque mon ange gardien – Oh ! très moderne : il porte soutane et roule à moto – me souffla sous je ne sais quelle inspiration : "Claudel est à Bruxelles…pourquoi ne pas lui envoyer l’un des vos écrits ?" "J’ignore jusqu’à son adresse" - "Essayez l’ambassade !"
Requis, comme bien l’on pense, et tiraillé à toute heure par les "sages", les "forts", les " gens qui sont" (I Cor.,1 :27-28), le père Hugo (catholique) du XXe siècle, d’abord abasourdi par le sans-gêne désespéré d’un inconnu total – d’un "fou suivant le monde", d’un "impuissant aux yeux du monde", d’un "pas-même-né pour les gens du monde" (c’est encore saint Paul qui parle) – le maître Claudel, donc, ouvrit par charité pure, le monument transmis par la poste et feuilleta le monceau, puis, rentré à Paris, porta lui-même à l’éditeur Joseph Vrin Cosmos et Gloire, qu’il enrichit d’une préface à laquelle ce livre, et tous ceux qui le suivront, doivent et devront de paraître. Je n’étais rien, moins qu’un pur inconnu : un solitaire diffamé, claquemuré en quarantaine, claustré à jamais, semblait-il, dans l’inexorable jugement qu’en vertu du nolite judicare tant de ses frères catholiques, avec lui membres du Corps mystique, portaient sur son compte avec une inébranlable assurance. Ce Claudel, à la rustique encolure, où quelques parasites bien-pensants sucent le sang qui leur manque, ce rude, ce carré-par-la-base, nourri des Psaumes, voici que "siégeant dans les hauteurs il regarde en bas, relève le miséreux de l’humus, redresse le pauvre accroupi dans le fumier" (Ps.112). A ceux qui se demandent s’il est un "poète catholique" je réponds qu’il est un homme chrétien ».
Cet hommage donne tort à Bernanos qui, à la fin de sa vie, dépeignait Claudel comme un notable bourgeois avide d’honneurs, bardé de décorations, les poches remplies d’actions, d’obligations et de titres boursiers. Cette image n’a cessé de poursuivre l’écrivain, jusqu’à masquer son vrai visage. André Blanc a bien vu que le vrai Claudel reste encore aujourd’hui méconnu bien qu’il soit devenu un classique incontournable .
Claudel s’enthousiasme pour les écrits de cet inconnu qu’il met aussitôt en relation avec des figures éminentes du catholicisme, comme l’abbé Combes, le père Daniélou, le Père Bruno de Jésus-Marie qui publiera certains de ses textes aux Editions carmélitaines qu’il dirige. Il parvient à convaincre Joseph Vrin d’éditer l'admirable Cosmos et Gloire dont il écrit la préface. Mais la santé de l’écrivain va en déclinant. Miné par les épreuves qu’il a dû affronter tout au long de sa vie, épuisé par ses efforts de création, il est sujet à de grandes crises de fatigue. L’emploi qu’il trouve dans un ministère lui apporte un semblant de sécurité. Il consacre alors ses dernières forces à son œuvre créatrice. Après Cosmos et Gloire d’autres oeuvres d’importance vont paraître. Citons sa contribution aux Réflexions sur Satan en marge de la tradition judéo-chrétienne en 1949, Le Dieu vivant de la Bible en 1950 (Editions Franciscaines), Ce qui t’attend après ta mort en 1951 (Préface d’Albert Béguin, Editions Fransicaines), Création et procréation, Seul le Chrétien pardonne ( Nouvelles Editions latines), Chemin de la Croix en 1955 (Via Crucis, Editions universitaires)
Albert Frank-Duquesne s’éteint le 17 juin 1955. Laissons les derniers mots de conclusion à France Windal qui voit dans la quête inlassable de la vérité divine le sens profond de la vie de ce grand écrivain catholique :
« Frank-Duquesne fut toute sa vie, écrit-elle, un témoin passionné de l’absolue transcendance de Dieu. Il a effectué toutes les recherches doctrinales possibles ; il a accompli toutes les démarches spirituelles imaginables […] Son long voyage spirituel, il l’a poursuivi aux prix d’immenses bouleversements intérieurs, d’épreuves engageant tout son être, de déceptions humaines crucifiantes. Et toujours, avec une persévérance inouïe – qui est comme la marque visible d’une volonté particulière de Dieu sur sa destinée – il n’a cherché, il n’a souffert que pour découvrir le seul vrai Dieu et pour vivre de Lui : son long périple l’a ramené à l’Eglise catholique »