L’histoire
Tout le monde la connaît, cette histoire : Anakin Skywalker devient Darth Vador ; le sénateur Palpatine devient l’empereur ; les gentils sont contraints de fuir en exil ; la dictature s’installe dans la galaxie. L’intérêt du film réside tout entier dans le « quand » et dans le « comment ». Bien vite, le « quand » devient notre principal souci, car tout ceci est très, très long. Plus de deux heures avant que l’on voie apparaître un casque noir et que l’on entende le premier souffle primal d’un des méchants bien aimés de l’histoire du cinéma. Mais une fois arrivé là, quel plaisir. « Hhhhhh <silence> HHHHHHHH » ; si nos dents avaient été fluorescentes, il aurait fait jour dans le cinéma.
Il faut donc meubler deux heures avant cela. George Lucas utilise pour cela plusieurs méthodes.
- combats galactiques
- duels au sabre laser
- encore plus de combats galactiques
- plans d’aéronefs qui atterrissent ou décollent
- encore plus de sabre laser
- scènes de romance ou philosophiques
- sabre laser, anyone ?
- encore des aéronefs qui décollent
- aéronefs qui décollent et se tirent dessus
- dzzzionnnnn… wwwoon… wwwoon (sans HHHHHHHH)
Paradoxalement, l’épisode III est un feu d’artifice d’effets spéciaux où l’on s’ennuie ferme. On a envie de crier : « deviens méchant, et qu’on en finisse » !
Il faut donc meubler deux heures avant cela. George Lucas utilise pour cela plusieurs méthodes.
- combats galactiques
- duels au sabre laser
- encore plus de combats galactiques
- plans d’aéronefs qui atterrissent ou décollent
- encore plus de sabre laser
- scènes de romance ou philosophiques
- sabre laser, anyone ?
- encore des aéronefs qui décollent
- aéronefs qui décollent et se tirent dessus
- dzzzionnnnn… wwwoon… wwwoon (sans HHHHHHHH)
Paradoxalement, l’épisode III est un feu d’artifice d’effets spéciaux où l’on s’ennuie ferme. On a envie de crier : « deviens méchant, et qu’on en finisse » !
Les personnages principaux
Le personnage principal, c’est Anakin Skywalker, joué par le jeune premier Hayden Christensen. Il est gentil, et puis à force, il devient méchant ; très méchant. Sans prévenir ! L’acteur, hélas, manque de charisme ; il ne fait pas un méchant très convainquant. Alors, pour effrayer, il fronce les sourcils à chaque fois qu’il est méchant, il se déguise en moine bénédictin et les gars des effets spéciaux lui colorent l’œil en jaune. Cela ne suffit pas ; on a vraiment l’impression qu’il traverse tout cela sans que cela l’affecte réellement ; seule la grossesse de Padmé semble lui arracher quelque émotion. A part cela, c’est le mal du siècle ; il délivre Palpatine, il tue maints Jedis, tout cela comme en s’ennuyant. A peine fait-il la moue lorsqu’il n’est pas nommé maître Jedi.
Erwan McGregor, qui a pourtant plus de métier, n’est guère meilleur. Il campe un Obi-Wan fade, lisse. C’est un des problèmes de ce film : les gentils sont tellement insipides qu’on a l’impression qui sortent de la « mélodie du bonheur », avec une profession de foi démocratique en plus. Vous avez bien lu, ce film est politique ; et Obi-Wan crie à un moment : « j’ai fait allégeance… à la DEMOCRATIE ! » Sans rire ! Il y a très longtemps dans une galaxie très lointaine, bien avant Athènes et Périclès… chapeau ! Le spectacle d’opéra qui est représenté dans une séquence est à la mesure de la fadeur des gentils : une espèce de globe gélatineux dans lequel évoluent des… rubans. Pendant des heures. Sous les applaudissements nourris. C’est aussi passionnant qu’un économiseur d’écran. Je suis sûr que sur Coruscant, les tomates n’ont pas de goût. Quant aux Jedis, ce ne sont que des loosers qui causent pour ne rien dire au sommet de tours d’où on a une bele vue sur la ville.
C’est d’ailleurs tout le conseil Jedi qui évoque irrésistiblement « united colors of Benetton » : c’est multiculturel en diable ; au contraire des Sith, qui se prennent pour la race élue et ne se mélangent pas. Serait-ce possible qu’il y ait un message ?
Erwan McGregor, qui a pourtant plus de métier, n’est guère meilleur. Il campe un Obi-Wan fade, lisse. C’est un des problèmes de ce film : les gentils sont tellement insipides qu’on a l’impression qui sortent de la « mélodie du bonheur », avec une profession de foi démocratique en plus. Vous avez bien lu, ce film est politique ; et Obi-Wan crie à un moment : « j’ai fait allégeance… à la DEMOCRATIE ! » Sans rire ! Il y a très longtemps dans une galaxie très lointaine, bien avant Athènes et Périclès… chapeau ! Le spectacle d’opéra qui est représenté dans une séquence est à la mesure de la fadeur des gentils : une espèce de globe gélatineux dans lequel évoluent des… rubans. Pendant des heures. Sous les applaudissements nourris. C’est aussi passionnant qu’un économiseur d’écran. Je suis sûr que sur Coruscant, les tomates n’ont pas de goût. Quant aux Jedis, ce ne sont que des loosers qui causent pour ne rien dire au sommet de tours d’où on a une bele vue sur la ville.
C’est d’ailleurs tout le conseil Jedi qui évoque irrésistiblement « united colors of Benetton » : c’est multiculturel en diable ; au contraire des Sith, qui se prennent pour la race élue et ne se mélangent pas. Serait-ce possible qu’il y ait un message ?
Un message vachement profond
Et d’ailleurs, ce message politique, en quoi consiste-t-il ? La démocratie, c’est bien ; la dictature c’est mal. La guerre c’est mal, la paix c’est mieux. La liberté c’est fragile, etc. (« this is how liberty dies, with thunderous applause » dit Padmé lorsque Palpatine prend le pouvoir). Mais le vrai message, la vraie pensée de George Lucas, la première depuis dix ans, c’est ceci : « le manichéisme, c’est réducteur ». Et il le dit à l’emporte-pièce.
Anakin déclare à un moment : « si tu n’es pas avec moi, tu es mon ennemi ». Minute ! Où ai-je entendu cela ? « Either you’re with us, or you’re with the terrorists ». Ca y est ! J’ai compris ! Palpatine, c’est George W Bush ! Les médias US que je peux lire montrent que là-bas, on ne s’y est pas trompé. Et la proclamation de l’empire, c’est la création du ministère de la sécurité intérieure ? Petit problème de taille : Lucas, pour dire qu’il faut nuancer et que la vie est compliquée, se sert du film le plus manichéen, le plus tranché, le plus simpliste que j’ai pu voir depuis belle lurette. Il n’y a pas de place pour le gris ou la pénombre dans l’épisode III : tout est soit blanc soit noir.
Anakin déclare à un moment : « si tu n’es pas avec moi, tu es mon ennemi ». Minute ! Où ai-je entendu cela ? « Either you’re with us, or you’re with the terrorists ». Ca y est ! J’ai compris ! Palpatine, c’est George W Bush ! Les médias US que je peux lire montrent que là-bas, on ne s’y est pas trompé. Et la proclamation de l’empire, c’est la création du ministère de la sécurité intérieure ? Petit problème de taille : Lucas, pour dire qu’il faut nuancer et que la vie est compliquée, se sert du film le plus manichéen, le plus tranché, le plus simpliste que j’ai pu voir depuis belle lurette. Il n’y a pas de place pour le gris ou la pénombre dans l’épisode III : tout est soit blanc soit noir.
Un problème de thématique : le spectateur n’a plus dix ans
On touche là le problème principal du film : Star Wars est sorti en 1977 ; nous sommes en 2005… et nous n’avons plus dix ans. On se rend vite compte, d’ailleurs, qu’avoir dix ans, cela aidait à apprécier le film ; les deux premiers étaient des westerns spatiaux totalement fantaisistes ; avec l’épisode 1 et les suivants, Lucas a tenté de proposer à ses spectateurs fidèles quelque chose de plus adulte, sans sacrifier le divertissement… et il s’est rétamé magistralement. Cela a donné Jar Jar Binks et une sorte de démocratie galactique incompréhensible, où l’on ne sait pas trop comment tout cela, sénat, conseil Jedi, autres instances, s’articule réellement. Cela donne aussi quelques scènes qui se veulent amusantes et tombent à plat ; dans l’épisode III, il y a tout particulièrement Obi-Wan chevauchant ce qu’il faut bien appeler un brontosaure à plumes, au cri horripilant.
Un problème de narration
Ce problème de ciblage se double de déficiences dans la narration. Comme nous l’avons dit, tout se résume au *comment* : la fin du film en elle-même est connue avant même le début. Lucas tente donc de concilier ses nouvelles passions (la politique intergalactique) avec ce qui a marché depuis le début ; et de nouer tous les liens pour annoncer le début de l’épisode 4. A force d’hétérogénéité, le film ne tient plus bien ensemble.
Comme le business de la nostalgie marche toujours à fond, les spectateurs sont gavés de scènes littéralement déjà vues. Alors que la vision même d’un sabre laser était, dans les premiers films, une chose rare, ils occupent ici le devant de la scène ; il ne s’est pas écoulé cinq minutes qu’on en voit déjà deux, à bord d’un vaisseau ennemi. Une porte claque-t-elle dans le lointain ? Dzzzionnnnn. Le café est il trop froid ? Le colonel Olrik est-il annoncé ? Dzziioonnnn…
De même, les wookies font (hélas !) leur grand retour, avec des dialogues toujours aussi passionnants ; et l’on convoque joyeusement autour de la table l’empereur et ses éclairs, Yoda et sa sagesse chinoise millénaire (gros plans continus sur ses yeux qui se plissent ; humain, trop humain le Yoda), l’étoile noire en construction ; Palpatine s’assied déjà sur le siège pivotant, très seventies, de sa plateforme d’observation. Il y a des droïdes dans des vaisseaux ennemis. Toute la fin s’éternise, durant quinze minutes, à représenter la copie exacte des décors du début de l’épisode 4. Mais l’esprit des premiers films a disparu et l’on a l’impression de voir une copie d’ancien, reprise par un élève talentueux du maître.
Lorsqu’on ne donne pas dans la nostalgie, on voit beaucoup de vaisseaux atterrir et décoller. Comptez-les, c’est impressionnant.
Et la dialectique de bien et du mal dans tout cela ? Simple. Pour montrer qu’Anakin, bon au début, est corrompu par le mal, on le montre descendant un à un les degrés de sa déchéance. En premier lieu, il tue le comte Dooku (ah, ces noms stupides !) sur ordre de Palpatine. Il hésite un peu, notez le. Puis il pique sa grosse colère en faisant une moue à la James Dean lorqu’il est admis à la Curie sans être fait cardinal. Message évident : l’orgueil, c’est mal. Mais après cela, on le voit franchir allègrement des étapes bien pires sans l’ombre d’une hésitation, parce qu’il croit soudain faire le bien. Faut-il passer du côté obscur pour sauver la vie de sa femme ? Mmm… OK! Faut-il massacrer tous les gamins novices Jedi ? Dzzzionnnnn… Pas de ‘blème ! Mais tout cela, um zu gut zu machen ! Bref, le début de la pente savonnée est parcouru infiniement plus lentement que le reste. Et lorsqu’il a touché le fond, qu’il a tenté de tuer Obi-Wan, le voilà qui éprouve de la pitié pour Padmé ? Tout cela n’est pas très logique.
Comme le business de la nostalgie marche toujours à fond, les spectateurs sont gavés de scènes littéralement déjà vues. Alors que la vision même d’un sabre laser était, dans les premiers films, une chose rare, ils occupent ici le devant de la scène ; il ne s’est pas écoulé cinq minutes qu’on en voit déjà deux, à bord d’un vaisseau ennemi. Une porte claque-t-elle dans le lointain ? Dzzzionnnnn. Le café est il trop froid ? Le colonel Olrik est-il annoncé ? Dzziioonnnn…
De même, les wookies font (hélas !) leur grand retour, avec des dialogues toujours aussi passionnants ; et l’on convoque joyeusement autour de la table l’empereur et ses éclairs, Yoda et sa sagesse chinoise millénaire (gros plans continus sur ses yeux qui se plissent ; humain, trop humain le Yoda), l’étoile noire en construction ; Palpatine s’assied déjà sur le siège pivotant, très seventies, de sa plateforme d’observation. Il y a des droïdes dans des vaisseaux ennemis. Toute la fin s’éternise, durant quinze minutes, à représenter la copie exacte des décors du début de l’épisode 4. Mais l’esprit des premiers films a disparu et l’on a l’impression de voir une copie d’ancien, reprise par un élève talentueux du maître.
Lorsqu’on ne donne pas dans la nostalgie, on voit beaucoup de vaisseaux atterrir et décoller. Comptez-les, c’est impressionnant.
Et la dialectique de bien et du mal dans tout cela ? Simple. Pour montrer qu’Anakin, bon au début, est corrompu par le mal, on le montre descendant un à un les degrés de sa déchéance. En premier lieu, il tue le comte Dooku (ah, ces noms stupides !) sur ordre de Palpatine. Il hésite un peu, notez le. Puis il pique sa grosse colère en faisant une moue à la James Dean lorqu’il est admis à la Curie sans être fait cardinal. Message évident : l’orgueil, c’est mal. Mais après cela, on le voit franchir allègrement des étapes bien pires sans l’ombre d’une hésitation, parce qu’il croit soudain faire le bien. Faut-il passer du côté obscur pour sauver la vie de sa femme ? Mmm… OK! Faut-il massacrer tous les gamins novices Jedi ? Dzzzionnnnn… Pas de ‘blème ! Mais tout cela, um zu gut zu machen ! Bref, le début de la pente savonnée est parcouru infiniement plus lentement que le reste. Et lorsqu’il a touché le fond, qu’il a tenté de tuer Obi-Wan, le voilà qui éprouve de la pitié pour Padmé ? Tout cela n’est pas très logique.
Points positifs
Ce qui vient racheter le film, ce sont les images. C’est une vraie débauche d’effets spéciaux, conçus pour captiver et couper le souffle. Superbes images du combat d’ouverture, où les plans s’élargissent progressivement ; belles images de Coruscant la nuit (New York aux dimensions d’une planète !) ; une tendance marquée, toutefois, à colorier. Toute aube, tout crépuscule, aura exactement les mêmes couleurs que la Cité des Nuages. A la longue, c’est un peu lassant ; des films tels que le Seigneur des Anneaux montrent la supériorité que retient encore le tournage dans la nature sur les images de synthèse. Là où l’épisode III tient le haut du pavé, cepandant, c’est sur les effets de lave en fusion, qui sont vraiment bons.
Parfois, il y en a trop. Lorsqu’il a pris le pouvoir, Palpatine fait exécuter « l’ordre 66 » : chaque Jedi est tué par les soldats les plus proches de lui. Il y a donc trois tableaux, de trois mondes différents, avec un assassinat ; mais cela fait tellement « Myst III » qu’on en oublie le sujet.
Les combats au sabre laser sont généralement bons ; une mention pour celui avec Grievous, qui a l’air très très méchant : il en fait tournoyer quatre à la fois ; un plan sur le sol qui est entamé par les coups ; c’est un peu neuneu comme effet, mais toujours réjouissant. (Voir, dans le même genre, le fléau d’armes de Go-Go, dans Kill Bill 1). Le combat final, entre Obi-Wan et Anakin, est mené à une vitesse endiablée ; on dirait cette fois Roméo qui tue Tybalt (pour changer les références). Quoiqu’il en soit, cela fait trop. Dans les premiers films, le duel (le seul) était le point d’orgue du film et l’occasion de révélations profondes. « Je suis ton père ». Ici, ça n’arrête pas et les dialogues sont pour la plupart piteux.
Une autre scène mémorable, c’est l’attaque chez les wookies. Les ennemis débarquent sur des espèces de jet-skis amphibies à roues à aubes ; c’est bien pensé. Autre scène mémorable mais gâchée, lorsque Palpatine tombe le masque et tue Morpheus - enfin, Samuel L Jackson.
Après quelques décharges, Palpatine joue l’épuisé, puis se ressaisit en hurlant « Poweeeeeeeer ! » et achève son ennemi. Le caractère foncièrement maléfique de Palpatine est mis en évidence ; et le public a le sang glacé. Mais ce bel effet et aussitôt gâché lorsque Palpatine croit bon d’enfoncer le clou : « Un-liiii-miiiiii-teeeeeed poweeeeeeer ». Et splatch la narration.
Parfois, il y en a trop. Lorsqu’il a pris le pouvoir, Palpatine fait exécuter « l’ordre 66 » : chaque Jedi est tué par les soldats les plus proches de lui. Il y a donc trois tableaux, de trois mondes différents, avec un assassinat ; mais cela fait tellement « Myst III » qu’on en oublie le sujet.
Les combats au sabre laser sont généralement bons ; une mention pour celui avec Grievous, qui a l’air très très méchant : il en fait tournoyer quatre à la fois ; un plan sur le sol qui est entamé par les coups ; c’est un peu neuneu comme effet, mais toujours réjouissant. (Voir, dans le même genre, le fléau d’armes de Go-Go, dans Kill Bill 1). Le combat final, entre Obi-Wan et Anakin, est mené à une vitesse endiablée ; on dirait cette fois Roméo qui tue Tybalt (pour changer les références). Quoiqu’il en soit, cela fait trop. Dans les premiers films, le duel (le seul) était le point d’orgue du film et l’occasion de révélations profondes. « Je suis ton père ». Ici, ça n’arrête pas et les dialogues sont pour la plupart piteux.
Une autre scène mémorable, c’est l’attaque chez les wookies. Les ennemis débarquent sur des espèces de jet-skis amphibies à roues à aubes ; c’est bien pensé. Autre scène mémorable mais gâchée, lorsque Palpatine tombe le masque et tue Morpheus - enfin, Samuel L Jackson.
Après quelques décharges, Palpatine joue l’épuisé, puis se ressaisit en hurlant « Poweeeeeeeer ! » et achève son ennemi. Le caractère foncièrement maléfique de Palpatine est mis en évidence ; et le public a le sang glacé. Mais ce bel effet et aussitôt gâché lorsque Palpatine croit bon d’enfoncer le clou : « Un-liiii-miiiiii-teeeeeed poweeeeeeer ». Et splatch la narration.
Points faibles et conclusion
Autre scène gâchée, l’apparition de Darth Vador tel que nous le connaissons. Alors que Padmé accouche dans une douce lumière, Anakin se fait greffer jambes, casque et le reste dans une salle d’opération très sophistiquée mais décorée en métal et vert de gris, avec un mauvais goût caractéristique des méchants. Et qu’est-ce qu’il braille, le méchant ! On greffe une jambe : AAAAARGH ! Une autre : OUAAAOUILLE ! Alors que Padmé, en parallèle, ne sent rien, mais rien du tout des douleurs de l’accouchement. Enfin, enfin Darth Vador reçoit son casque et le public haletant peut enfin entendre le premier HHHHHH.
Ce moment de félicité est interrompu par l’annonce de la mort de Padmé. Comme tout bon héros de film, Darth Vador va faire quoi ? regarder la caméra en l’air et dire « noooooooon ! » Gandaaaaaalf ! Je suis ton père ! Nooooooooon !
Quelques autres scènes franchement mauvaises ou ratées
1°) L’extermination des jedi.
On l’a dit, « exécutez l’ordre 66 » ! Ce devrait être une scène d’horreur, le point culminant ou tout un monde construit vers le bien s’effondre sans rémission ; ce devrait être une catastrophe. Il y a de semblables scènes dans les films de mafia. Prenez le Parrain et sa scène du baptême ; tout en baptisant, on tranche le nœud gordien des ennemis. Renonces-tu à Satan ? J’y renonce. Blam ! Blam ! Blam ! Ou Casino : en dix minutes, l’empire d’Ace Rosthein s’écroule. On pourrait faire aussi de belles scènes avec la France en Juin 40 ; ou, si l’on est plus tordu, avec la mort de Néron. Dans le Parrain, après ce furieux règlement de compte, le film se termine sur le visage désormais reptilien d’Al Pacino, plongé dans la pénombre. Il est devenu le nouveau « don », il est dix fois pire que l’ancien ; le désastre est total.
Ici, rien de choquant. On exécute deux ou trois fois l’ordre 66, on imagine que les victimes font une élégante pirouette ou un salto arrière. C’est presque du Disney : ne pas choquer. Mais voilà le moment calibré pour serrer le cœur : Anakin doit liquider tout le noviciat Jedi. Tous ces petits nenfants innocents qui vont… non, il ne va pas le faire… Si, mais - immense déception - on ne voit rien. C’est OK de montrer Anakin, une demi heure plus tard, transformé en torche vivante, hurler comme un damné ; mais zigouiller un enfant, c’est hors limites. Et l’on ose à peine imaginer la férocité de la censure qui aurait eu lieu si par hasard certains Jedis étaient des petit caniches blancs avec des longs sourcils.
George Lucas se rattrappe en en montrant un, qui se bat bravement (de novice, pas de caniche) et s’échappe un instant, mais la scène ne mène nulle part. Après, il ne reste plus qu’à montrer fugitivement un ou deux cadavres très propres. Le sabre laser cautérise en même temps qu’il blesse, apparemment. En somme, là où il aurait fallu frapper d’horreur sacrée, une liste d’hommes à abattre est déroulée avec ennui. Si seulement Tarantino avait filmé cette scène, que n’aurait-il pas fait ! OK, Yoda aurait eu un sabre de samourai, mais bon.
2°) le combat contre le comte Doku
Saluons déjà cette réplique immortelle : « I sense count Doku ». « Je sens Doku », en français ? Belle apparition de Christopher Lee, sans orques, qui se fait zigouiller après cinq minutes. Une fausse piste de plus. Et, comparé à Saruman, quelle déchéance ! Que l’on se souvienne de la première confrontation avec Gandalf. Saruman a désarmé son ennemi, il le fait tournoyer en l’air jusqu’au sommet de la tour d’Orthanc en lui criant : « so you have chosen the way of PAIN ! » Christopher Lee, ici, est bon, mais ne se donne pas tellement à fond.
3°) le général Grievous.
Passons sur le nom. Est-il bon, est-il méchant ? Il est voûté, il tousse, mais il est teigneux et aggressif. Par moments, il est terrible ; par moments, il est ridicule. Tout le temps, il a une tête de crane de zébu pas très heureuse. On se demande vraiment ce que Lucas cherchait à faire.
J’arrête là car je pourrais tenir encore longtemps. Un film spectaculaire, sans magie, sans entrain, sans trop de relief, où l’on hésite sans cesse entre le divertissement bon enfant et la réflexion plus adulte, où l’on prêche le simplisme pour le dénoncer, et où, à force d’avoir le cul entre deux chaises, on tombe et se fait mal, tel nous apparaît l’épisode III. Il ne change rien à la donne des précédents épisodes ; ses tours de force pyrotechniques n’arrivent pas à faire oublier les réussites que sont « Un nouvel espoir » et « l’empire contre attaque » qui sont désormais, de façon définitive, les meilleurs épisodes de la série.
Ce moment de félicité est interrompu par l’annonce de la mort de Padmé. Comme tout bon héros de film, Darth Vador va faire quoi ? regarder la caméra en l’air et dire « noooooooon ! » Gandaaaaaalf ! Je suis ton père ! Nooooooooon !
Quelques autres scènes franchement mauvaises ou ratées
1°) L’extermination des jedi.
On l’a dit, « exécutez l’ordre 66 » ! Ce devrait être une scène d’horreur, le point culminant ou tout un monde construit vers le bien s’effondre sans rémission ; ce devrait être une catastrophe. Il y a de semblables scènes dans les films de mafia. Prenez le Parrain et sa scène du baptême ; tout en baptisant, on tranche le nœud gordien des ennemis. Renonces-tu à Satan ? J’y renonce. Blam ! Blam ! Blam ! Ou Casino : en dix minutes, l’empire d’Ace Rosthein s’écroule. On pourrait faire aussi de belles scènes avec la France en Juin 40 ; ou, si l’on est plus tordu, avec la mort de Néron. Dans le Parrain, après ce furieux règlement de compte, le film se termine sur le visage désormais reptilien d’Al Pacino, plongé dans la pénombre. Il est devenu le nouveau « don », il est dix fois pire que l’ancien ; le désastre est total.
Ici, rien de choquant. On exécute deux ou trois fois l’ordre 66, on imagine que les victimes font une élégante pirouette ou un salto arrière. C’est presque du Disney : ne pas choquer. Mais voilà le moment calibré pour serrer le cœur : Anakin doit liquider tout le noviciat Jedi. Tous ces petits nenfants innocents qui vont… non, il ne va pas le faire… Si, mais - immense déception - on ne voit rien. C’est OK de montrer Anakin, une demi heure plus tard, transformé en torche vivante, hurler comme un damné ; mais zigouiller un enfant, c’est hors limites. Et l’on ose à peine imaginer la férocité de la censure qui aurait eu lieu si par hasard certains Jedis étaient des petit caniches blancs avec des longs sourcils.
George Lucas se rattrappe en en montrant un, qui se bat bravement (de novice, pas de caniche) et s’échappe un instant, mais la scène ne mène nulle part. Après, il ne reste plus qu’à montrer fugitivement un ou deux cadavres très propres. Le sabre laser cautérise en même temps qu’il blesse, apparemment. En somme, là où il aurait fallu frapper d’horreur sacrée, une liste d’hommes à abattre est déroulée avec ennui. Si seulement Tarantino avait filmé cette scène, que n’aurait-il pas fait ! OK, Yoda aurait eu un sabre de samourai, mais bon.
2°) le combat contre le comte Doku
Saluons déjà cette réplique immortelle : « I sense count Doku ». « Je sens Doku », en français ? Belle apparition de Christopher Lee, sans orques, qui se fait zigouiller après cinq minutes. Une fausse piste de plus. Et, comparé à Saruman, quelle déchéance ! Que l’on se souvienne de la première confrontation avec Gandalf. Saruman a désarmé son ennemi, il le fait tournoyer en l’air jusqu’au sommet de la tour d’Orthanc en lui criant : « so you have chosen the way of PAIN ! » Christopher Lee, ici, est bon, mais ne se donne pas tellement à fond.
3°) le général Grievous.
Passons sur le nom. Est-il bon, est-il méchant ? Il est voûté, il tousse, mais il est teigneux et aggressif. Par moments, il est terrible ; par moments, il est ridicule. Tout le temps, il a une tête de crane de zébu pas très heureuse. On se demande vraiment ce que Lucas cherchait à faire.
J’arrête là car je pourrais tenir encore longtemps. Un film spectaculaire, sans magie, sans entrain, sans trop de relief, où l’on hésite sans cesse entre le divertissement bon enfant et la réflexion plus adulte, où l’on prêche le simplisme pour le dénoncer, et où, à force d’avoir le cul entre deux chaises, on tombe et se fait mal, tel nous apparaît l’épisode III. Il ne change rien à la donne des précédents épisodes ; ses tours de force pyrotechniques n’arrivent pas à faire oublier les réussites que sont « Un nouvel espoir » et « l’empire contre attaque » qui sont désormais, de façon définitive, les meilleurs épisodes de la série.