Meilleur roman de jeunesse de la décennie : Philip Pullman – à la croisée des mondes.
Ou : la recension qui n’a jamais paru sur le forum catholique…
Les livres que nous recensons ici, quoique passé relativement inaperçu en France, constitue à nos yeux une œuvre de fiction capitale, qui vient faire de l’ombre à Harry Potter, rien de moins.
Il s’agit d’une trilogie de romans, intitulée « à la croisée des mondes » en français ; le titre original est « His dark matters ». Les trois tomes sont « les lumières du nord » (The golden compass, 1995), « la tour des anges » (the subtle knife, 1997) et « le miroir d’ambre » (the amber spyglass, 2000). Publiés en France chez Gallimard jeunesse, on les retrouve depuis peu dans la collection Folio Junior, où il semblerait que le premier tome ait été renommé sur le tard « northern lights ».
L’histoire débute dans les couloirs obscurs d’un college d’Oxford, à une époque qui semble être le début du 20ème siècle. Lyra, orpheline recueillie par le college, se cache dans la salle des professeurs, où elle assiste puis déjoue une tentative d’assassinat visant son oncle Lord Asriel. Par ailleurs, une bande organisée de voleurs d’enfants sévit dans Oxford.
On se rend vite compte que ce n’est pas le début du 20ème siècle, mais notre propre époque, dans un mode légèrement différent du notre. Les êtres de ce monde ont la caractéristique, en effet, d’être accompagnés d’un « daemon », un animal qui parle et représente leur âme, et qui ne peut pas s’éloigner de plus d’un mètre ou deux. Cela ne suffit pas toutefois à faire du monde de Lyra un monde enchanté où les poneys sont roses, non ; au contraire, il y est question d’expéditions dans le nord, d’expériences scientifiques inhumaines sur des enfants, de physique fondamentale (appelée « théologie expérimentale »). C’est aussi un monde où dans le passé, Calvin a renversé la papauté, et où l’Eglise est devenue une puissance oppressive digne de la Russie stalinienne. C’est aussi un monde où les gitans ont des noms hollandais, où l’on trouve des sorcières et des ours en armures.
Le lecteur, à ce stade, ne sait pas encore à quel point incroyable le roman va se développer sur trois tomes, et où il l’emmènera, moralement et géographiquement. Tout d’abord, il l’emmènera au Spitzberg où, à travers une gigantesque aurore boréale, se dessine la silhouette d’une ville dans un autre monde. Puis dans le second tome, il l’emmènera dans cette ville, et dans d’autres mondes, avant de révéler la portée théologique du roman.
Philip Pullman, en effet, n’a pas hésité à puiser dans le fonds religieux ; mais contrairement à bien des auteurs, il s’est servi sur place. Il n’a pas romancé les mythes nordiques, ou indiens, mais la théologie catholique, en signalant ses dettes à Milton et surtout William Blake. Cela commence avec des citations de St Augustin sur la nature des anges ; cela continue avec des considérations sur la physique des particules qui lient peu à peu matière et esprit. Dans le second tome, on découvre un poignard qui est si effilé qu’il peut couper des fenêtres pour passer d’un monde à l’autre (ce qui sera bien utile pour les pérégrinations des héros). Et on apprend, la mâchoire pendante, que Dieu serait plutôt méchant, et les anges déchus plutôt gentils, ce qui est difficile à avaler, même dans un roman pour la jeunesse.
En y regardant de plus près, on retrouve une position bien connue, et gnostique : Dieu n’est pas Dieu, mais le plus vieux des anges, qui se fait passer pour Dieu et s’attribue la création ; la révolte des anges était pour protester contre cette usurpation ; la matière et l’esprit, c’est pareil. Et les conséquences : l’Eglise est mauvaise (très mauvaise, même) ; et la mission de nos héros va être de collaborer au plan de Lord Asriel, qui veut reprendre la révolte des anges et tuer l’Autorité (le nom de Dieu dans le roman). Lyra, sans qu’elle s’en doute, est une seconde Eve, qui doit être soumise à la tentation pour que l’humanité « chute » une seconde fois, c’est à dire soit enfin soumise à son propre libre-arbitre et non plus aux diktats d’un ange usurpateur et d’une eglise oppressive.
Nos lecteurs seront probablement glacés par ce programme proprement démoniaque, et s’attendront à un troisième volume blasphématoire. C’est oublier qu’il s’agit d’une œuvre de fiction ; et que chez Pullman, personne n’est totalement noir ou blanc. Certes, l’Autorité mourra ; mais sous les traits d’un vieillard impotent, plein de bonté et de reconnaissance. Certes, le combat sera gagné, mais par des hommes peu sympathiques (Lord Asriel est un être sans scrupules) ; et Lyra sera plusieurs fois sauvée des griffes de l’Eglise par Mme Coulter, l’un des êtres les plus malfaisants du roman. La « République des Cieux » qui doit remplacer le Royaume sera sans doute établie, mais imparfaitement ; et au lieu de se terminer dans des cris de triomphe blasphématoires suite à la bataille d’Armageddon, le troisième tome change brutalement aux deux tiers et nous dépeint l’éveil à l’amour des deux héros dans un monde paradisiaque digne de Max Ernst ; oubliant désormais le grand programme métaphysique qui alimentait la trame du roman jusque-là. Mais même cet amour-là ne sera pas heureux ; les héros, qui peuvent être à l’occasion cruels ou déplaisants, ne connaîtront de félicité que quelques temps avant un final doux-amer.
Par son envergure, sa façon de puiser à des sources mythologiques, ses nombreux renversements de situations, son refus du manichéisme, « a la croisée des mondes » est déjà une œuvre exceptionnelle, très supérieure aux autres productions de l’auteur (cf. Sally Lockhart, publié en Folio Junior). Elle l’est d’autant plus que le style de l’auteur est excellent, et excellemment traduit par Jean Esch ; et que les trois tomes sont du genre de livre que l’on ne referme pas avant de l’avoir fini.
Les esprits superficiels pourront toujours s’offusquer qu’Harry Potter montre de la sorcellerie, ou des scènes macabres, ou tel garçon en train de se curer le nez ; leur courroux est fort mal focalisé puisque, ce faisant, ils passent à côté d’une montagne d’hérésie qui devrait les remuer autrement. Mais les esprits superficiels lisent peu, et mal, c’est bien connu.
Les autres feront l’abstraction de cette hérésie revendiquée, et se plongeront dans le meilleur roman de jeunesse des dix dernières années qui se rangerait presque sans peine, par sons style, ses thèmes et sa technique narrative, au niveau de classiques tels que le Seigneur des Anneaux.
Les livres que nous recensons ici, quoique passé relativement inaperçu en France, constitue à nos yeux une œuvre de fiction capitale, qui vient faire de l’ombre à Harry Potter, rien de moins.
Il s’agit d’une trilogie de romans, intitulée « à la croisée des mondes » en français ; le titre original est « His dark matters ». Les trois tomes sont « les lumières du nord » (The golden compass, 1995), « la tour des anges » (the subtle knife, 1997) et « le miroir d’ambre » (the amber spyglass, 2000). Publiés en France chez Gallimard jeunesse, on les retrouve depuis peu dans la collection Folio Junior, où il semblerait que le premier tome ait été renommé sur le tard « northern lights ».
L’histoire débute dans les couloirs obscurs d’un college d’Oxford, à une époque qui semble être le début du 20ème siècle. Lyra, orpheline recueillie par le college, se cache dans la salle des professeurs, où elle assiste puis déjoue une tentative d’assassinat visant son oncle Lord Asriel. Par ailleurs, une bande organisée de voleurs d’enfants sévit dans Oxford.
On se rend vite compte que ce n’est pas le début du 20ème siècle, mais notre propre époque, dans un mode légèrement différent du notre. Les êtres de ce monde ont la caractéristique, en effet, d’être accompagnés d’un « daemon », un animal qui parle et représente leur âme, et qui ne peut pas s’éloigner de plus d’un mètre ou deux. Cela ne suffit pas toutefois à faire du monde de Lyra un monde enchanté où les poneys sont roses, non ; au contraire, il y est question d’expéditions dans le nord, d’expériences scientifiques inhumaines sur des enfants, de physique fondamentale (appelée « théologie expérimentale »). C’est aussi un monde où dans le passé, Calvin a renversé la papauté, et où l’Eglise est devenue une puissance oppressive digne de la Russie stalinienne. C’est aussi un monde où les gitans ont des noms hollandais, où l’on trouve des sorcières et des ours en armures.
Le lecteur, à ce stade, ne sait pas encore à quel point incroyable le roman va se développer sur trois tomes, et où il l’emmènera, moralement et géographiquement. Tout d’abord, il l’emmènera au Spitzberg où, à travers une gigantesque aurore boréale, se dessine la silhouette d’une ville dans un autre monde. Puis dans le second tome, il l’emmènera dans cette ville, et dans d’autres mondes, avant de révéler la portée théologique du roman.
Philip Pullman, en effet, n’a pas hésité à puiser dans le fonds religieux ; mais contrairement à bien des auteurs, il s’est servi sur place. Il n’a pas romancé les mythes nordiques, ou indiens, mais la théologie catholique, en signalant ses dettes à Milton et surtout William Blake. Cela commence avec des citations de St Augustin sur la nature des anges ; cela continue avec des considérations sur la physique des particules qui lient peu à peu matière et esprit. Dans le second tome, on découvre un poignard qui est si effilé qu’il peut couper des fenêtres pour passer d’un monde à l’autre (ce qui sera bien utile pour les pérégrinations des héros). Et on apprend, la mâchoire pendante, que Dieu serait plutôt méchant, et les anges déchus plutôt gentils, ce qui est difficile à avaler, même dans un roman pour la jeunesse.
En y regardant de plus près, on retrouve une position bien connue, et gnostique : Dieu n’est pas Dieu, mais le plus vieux des anges, qui se fait passer pour Dieu et s’attribue la création ; la révolte des anges était pour protester contre cette usurpation ; la matière et l’esprit, c’est pareil. Et les conséquences : l’Eglise est mauvaise (très mauvaise, même) ; et la mission de nos héros va être de collaborer au plan de Lord Asriel, qui veut reprendre la révolte des anges et tuer l’Autorité (le nom de Dieu dans le roman). Lyra, sans qu’elle s’en doute, est une seconde Eve, qui doit être soumise à la tentation pour que l’humanité « chute » une seconde fois, c’est à dire soit enfin soumise à son propre libre-arbitre et non plus aux diktats d’un ange usurpateur et d’une eglise oppressive.
Nos lecteurs seront probablement glacés par ce programme proprement démoniaque, et s’attendront à un troisième volume blasphématoire. C’est oublier qu’il s’agit d’une œuvre de fiction ; et que chez Pullman, personne n’est totalement noir ou blanc. Certes, l’Autorité mourra ; mais sous les traits d’un vieillard impotent, plein de bonté et de reconnaissance. Certes, le combat sera gagné, mais par des hommes peu sympathiques (Lord Asriel est un être sans scrupules) ; et Lyra sera plusieurs fois sauvée des griffes de l’Eglise par Mme Coulter, l’un des êtres les plus malfaisants du roman. La « République des Cieux » qui doit remplacer le Royaume sera sans doute établie, mais imparfaitement ; et au lieu de se terminer dans des cris de triomphe blasphématoires suite à la bataille d’Armageddon, le troisième tome change brutalement aux deux tiers et nous dépeint l’éveil à l’amour des deux héros dans un monde paradisiaque digne de Max Ernst ; oubliant désormais le grand programme métaphysique qui alimentait la trame du roman jusque-là. Mais même cet amour-là ne sera pas heureux ; les héros, qui peuvent être à l’occasion cruels ou déplaisants, ne connaîtront de félicité que quelques temps avant un final doux-amer.
Par son envergure, sa façon de puiser à des sources mythologiques, ses nombreux renversements de situations, son refus du manichéisme, « a la croisée des mondes » est déjà une œuvre exceptionnelle, très supérieure aux autres productions de l’auteur (cf. Sally Lockhart, publié en Folio Junior). Elle l’est d’autant plus que le style de l’auteur est excellent, et excellemment traduit par Jean Esch ; et que les trois tomes sont du genre de livre que l’on ne referme pas avant de l’avoir fini.
Les esprits superficiels pourront toujours s’offusquer qu’Harry Potter montre de la sorcellerie, ou des scènes macabres, ou tel garçon en train de se curer le nez ; leur courroux est fort mal focalisé puisque, ce faisant, ils passent à côté d’une montagne d’hérésie qui devrait les remuer autrement. Mais les esprits superficiels lisent peu, et mal, c’est bien connu.
Les autres feront l’abstraction de cette hérésie revendiquée, et se plongeront dans le meilleur roman de jeunesse des dix dernières années qui se rangerait presque sans peine, par sons style, ses thèmes et sa technique narrative, au niveau de classiques tels que le Seigneur des Anneaux.
Tourisme professionnel ; le Berkshire, ou Comté du Berk.
Ces derniers jours : visite de deux jours à Maidenhead, hôtel Chauntry House à Bray, une vieille demeure cossue du XVIIIème très « Berkshire », tenue par des français. On arrive, on dit « I’m Nelly Achlaw, I have a room booked for me » et l’on vous répond « mais bien sûr » avec un accent du Gers ! Tout ce qui est dans le coin – on est à 5km de Windsor et Eton, après tout, est cossu et du XVIIIème, y compris les pubs, bas de plafond et à poutres apparentes.
Même à une certaine distance de Londres, la vie villageoise ici (Bray est un petit village) semble plus urbaine, plus citadine, et plus existante qu’en France. Il y a comme une vraie communauté, qui se retrouve au pub, et probablement à l’église le dimanche. En partie composée de locaux qui ont toujours vécu ici, y compris les notables et les nobles ; et de riches citadins qui fuient le goudron, voire de célébrités. La reine Elizabeth II est venue au pub de Bray en 1974. Les habitants semblent tenir à leur passé, l’épousseter de temps à autre, rappeler quelques dates (c’est très anglais, tout cela, le goût du « since 1780 »), écrire des livres dessus et à faire de l’aviron.
Même à une certaine distance de Londres, la vie villageoise ici (Bray est un petit village) semble plus urbaine, plus citadine, et plus existante qu’en France. Il y a comme une vraie communauté, qui se retrouve au pub, et probablement à l’église le dimanche. En partie composée de locaux qui ont toujours vécu ici, y compris les notables et les nobles ; et de riches citadins qui fuient le goudron, voire de célébrités. La reine Elizabeth II est venue au pub de Bray en 1974. Les habitants semblent tenir à leur passé, l’épousseter de temps à autre, rappeler quelques dates (c’est très anglais, tout cela, le goût du « since 1780 »), écrire des livres dessus et à faire de l’aviron.
Cinéma : Liberté Oléron, de Denis (ou Bruno ?) Podalydès.
Liberté Oléron d’un des frères Podalydès – les responsables indirects d’ André le magnifique en leur temps. Déjà vu et apprécié au cinéma. Sans être un excellent film, c’est un divertissement plus qu’honnête avec de très bonnes idées. Une famille (3 ou 4 gosses, tous des garçons) part en vacances au bord de la mer. A Oléron, bien sûr. Le père est une sorte de *** désabusé qui s’ennuie tellement qu’il finit par acheter un bateau sans rien connaître à la marine. On a donc les scènes classiques du genre : le père se fait rouler par le marchand de bateaux, le père se déguise en capitaine, le père se ridiculise devant tous les marins du port, le père fout la honte à ses enfants, le père manque de faire naufrage, le père révise ses nœuds (« le serpent sort du puits, fait le tour de l’arbre… ») – et peut être le meilleur, le père trouve le menu de la crêperie locale trop cher.
Manga-kleenex : le Tombeau des Lucioles, de Isao Takahata
Dessin animé japonais splendide qui raconte les tribulations de deux enfants au Japon en 1945. On meurt beaucoup – y compris à la fin -, c’est un vrai kleenex killer. Il est toutefois remarquable qu’un produit de divertissement de masse comme celui-ci (de masse japonaise plus qu’européenne si l’on en croit les ventes du film) arrive à maintenir une telle distinction. Ce manga est affreusement déprimant, mais jamais vulgaire ; au contraire, il est gracieux, civilisé – bien élevé, pourrait-on dire.
Chaudement recommandé, mais à ne regarder que par beau temps et avec du Vivaldi tout prêt dans l’autoradio. (Parce qu’ensuite, vous prendrez votre auto pour vous jeter du haut du Pont-Neuf.
Chaudement recommandé, mais à ne regarder que par beau temps et avec du Vivaldi tout prêt dans l’autoradio. (Parce qu’ensuite, vous prendrez votre auto pour vous jeter du haut du Pont-Neuf.
Livre matheux : A New Science, de Stephen Wolfram
Le livre intéressant du moment sera sans doute « a new science » de Stephen Wolfram, le créateur de Mathematica, un logiciel fabuleux de calcul symbolique, de programmation scientifique, qui a acquis sa réputation et son identité visuelle sur les graphiques qu’il était capable de faire.
J’avais pu dans le temps me procurer une version DOS de Mathematica 1 avec laquelle je n’avais rien pu tracer. Mais le langage, l’utilisation qui en était faite dans mes cours de proba de première année, et le fait qu’il puisse calculer 150! sans pâlir ont fait de moi un fan de Mathematica – contre la tendance de l’instruction publique qui promouvait Maple, à mon avis bien inférieur. NB : si vous ne savez pas ce qu’est 150!, passez à l’article suivant. Vous allez vous faire du mal.
Mathematica a été une opération bénéficiaire. On le comprend vu le prix. Elle a permis à Wolfram de retourner faire de la science « pure » et de la recherche. Après avoir mené une réflexion sur l’expérience Mathematica et quelques autres sujets, le voilà qui sort un livre en deux tomes promis à un bel effet de mode. La thèse du livre est que la science du calculable a vécu, et que celle de la simulation et de l’expérimentation va balayer beaucoup de choses.
Dit comme cela, ce n’est guère nouveau. On sait que le pouvoir d’expression des fonctions mathématiques est assez limité, et qu’à part les orbites des planètes, on ne peut pas représenter grand chose dans la nature de manière « pure ». La mécanique céleste classique à reçu au fil du temps des ajouts (la précession des orbites par exemple), jusqu’à ce qu’on découvre il y a un siècle le caractère intrinsèquement incalculable du problème à n corps (« pour n entier », comme dirait le gars du métro), puis que l’on mette en évidence du chaos un peu partout.
L’une des pistes pour calculer quelque chose (car la science est faite ultimement pour faire des choses, contrairement à ce que l’on dit en taupe) a été l’approximation. Un signal périodique s’approche (donc se simplifie, donc se prête à l’action technique de l’homme) en séries de Fourier - sans doute une des plus belles idées, à laquelle nous devons de lire des vidéos sur un ordinateur. Les termes non linéaires d’une équadif sont négligés ou linéarisés. Les fonctions exotiques sont développées autour d’un point.
Une autre piste a été la simulation et l’approximation numérique. Pour les phénomènes aléatoires. Pour les systèmes vraiment pas linéaires (ex. la modélisation des équations de la météo). Pour des ensembles de solutions rigolos. Pour des courbes intégrales pas calculables, des fonctions implicites, etc. C’était déjà une brèche : une partie de l’analyse qui ne repose pas sur des concepts d’origine arithmétique et des fonctions de base : au lieu de se ramener à des équations classiques sur des log et des exp, et sur le papier, on est forcé d’utiliser un ordinateur pour approcher ou dessiner la solution. Bref, on n’a plus une solution approchée qui est somme de fonctions « domestiques », on a un truc approché ET tracé point par point. Et surtout, si on n’avait pas eu d’ordinateur, on n’aurait jamais rien eu.
Une autre brèche, c’est la dépendance progressive aux ordinateurs pour prouver des démonstrations compliquées mais mécanisables. La preuve du théorème des 4 couleurs est célèbre depuis longtemps. La thèse de Wolfram, si j’ai compris les résumés lus sur le web, est que ces applications de l’ordinateur et de l’expérimentation matématique sont les précurseurs du prochain paradigme scientifique, où les découvertes se feront par simulation, par expérimentation.
Pour l’informatique, cela veut dire : plus de preuve de programme (c’était de toutes façons une blague), mais l’étude des sorties que produit un programme pour toutes les entrées possibles (ce que l’on fait déjà dans le développement informatique de façon informelle lorsqu’on a le tmeps).
Pour caricaturer, on ne parle plus de la structure de corps commutatif de R, mais on dresse la table de multiplication ultime avec tous les produits possibles (un concept que l’on trouve chez Ionesco en 1950 !) et on regarde ce qui en sort.
Bien sûr, la thèse n’est pas très neuve. On la retrouve dans à peu près tout ce qui parle de fractale ou de singularités topologiques. Il semblerait que sa radicalité, en revanche soit neuve. Et surtout, l’intérêt du bouquin sera dans cheminement de la pensée de Wolfram, et probablement surtout dans les exemples que sa grande culture scientifique ne manquera pas d’ammener.
Bref, pourvu qu’on le trouve à Heathrow (quoi que j’en doute).
(NdA : croyez-le ou non, je l’ai trouvé à Heathrow, chez le Books etc. du terminal 2. Un pavé enorme de plus de mille pages, très intéressant à lire, mais bougrement long).
J’avais pu dans le temps me procurer une version DOS de Mathematica 1 avec laquelle je n’avais rien pu tracer. Mais le langage, l’utilisation qui en était faite dans mes cours de proba de première année, et le fait qu’il puisse calculer 150! sans pâlir ont fait de moi un fan de Mathematica – contre la tendance de l’instruction publique qui promouvait Maple, à mon avis bien inférieur. NB : si vous ne savez pas ce qu’est 150!, passez à l’article suivant. Vous allez vous faire du mal.
Mathematica a été une opération bénéficiaire. On le comprend vu le prix. Elle a permis à Wolfram de retourner faire de la science « pure » et de la recherche. Après avoir mené une réflexion sur l’expérience Mathematica et quelques autres sujets, le voilà qui sort un livre en deux tomes promis à un bel effet de mode. La thèse du livre est que la science du calculable a vécu, et que celle de la simulation et de l’expérimentation va balayer beaucoup de choses.
Dit comme cela, ce n’est guère nouveau. On sait que le pouvoir d’expression des fonctions mathématiques est assez limité, et qu’à part les orbites des planètes, on ne peut pas représenter grand chose dans la nature de manière « pure ». La mécanique céleste classique à reçu au fil du temps des ajouts (la précession des orbites par exemple), jusqu’à ce qu’on découvre il y a un siècle le caractère intrinsèquement incalculable du problème à n corps (« pour n entier », comme dirait le gars du métro), puis que l’on mette en évidence du chaos un peu partout.
L’une des pistes pour calculer quelque chose (car la science est faite ultimement pour faire des choses, contrairement à ce que l’on dit en taupe) a été l’approximation. Un signal périodique s’approche (donc se simplifie, donc se prête à l’action technique de l’homme) en séries de Fourier - sans doute une des plus belles idées, à laquelle nous devons de lire des vidéos sur un ordinateur. Les termes non linéaires d’une équadif sont négligés ou linéarisés. Les fonctions exotiques sont développées autour d’un point.
Une autre piste a été la simulation et l’approximation numérique. Pour les phénomènes aléatoires. Pour les systèmes vraiment pas linéaires (ex. la modélisation des équations de la météo). Pour des ensembles de solutions rigolos. Pour des courbes intégrales pas calculables, des fonctions implicites, etc. C’était déjà une brèche : une partie de l’analyse qui ne repose pas sur des concepts d’origine arithmétique et des fonctions de base : au lieu de se ramener à des équations classiques sur des log et des exp, et sur le papier, on est forcé d’utiliser un ordinateur pour approcher ou dessiner la solution. Bref, on n’a plus une solution approchée qui est somme de fonctions « domestiques », on a un truc approché ET tracé point par point. Et surtout, si on n’avait pas eu d’ordinateur, on n’aurait jamais rien eu.
Une autre brèche, c’est la dépendance progressive aux ordinateurs pour prouver des démonstrations compliquées mais mécanisables. La preuve du théorème des 4 couleurs est célèbre depuis longtemps. La thèse de Wolfram, si j’ai compris les résumés lus sur le web, est que ces applications de l’ordinateur et de l’expérimentation matématique sont les précurseurs du prochain paradigme scientifique, où les découvertes se feront par simulation, par expérimentation.
Pour l’informatique, cela veut dire : plus de preuve de programme (c’était de toutes façons une blague), mais l’étude des sorties que produit un programme pour toutes les entrées possibles (ce que l’on fait déjà dans le développement informatique de façon informelle lorsqu’on a le tmeps).
Pour caricaturer, on ne parle plus de la structure de corps commutatif de R, mais on dresse la table de multiplication ultime avec tous les produits possibles (un concept que l’on trouve chez Ionesco en 1950 !) et on regarde ce qui en sort.
Bien sûr, la thèse n’est pas très neuve. On la retrouve dans à peu près tout ce qui parle de fractale ou de singularités topologiques. Il semblerait que sa radicalité, en revanche soit neuve. Et surtout, l’intérêt du bouquin sera dans cheminement de la pensée de Wolfram, et probablement surtout dans les exemples que sa grande culture scientifique ne manquera pas d’ammener.
Bref, pourvu qu’on le trouve à Heathrow (quoi que j’en doute).
(NdA : croyez-le ou non, je l’ai trouvé à Heathrow, chez le Books etc. du terminal 2. Un pavé enorme de plus de mille pages, très intéressant à lire, mais bougrement long).
Tourisme : Château de Champs sur Marne, suivi de considérations sur la littérature contemporaine.
Dimanche, je décide, contre la malédiction du chez-soi, de sortir m’aérer. Mes roues me portent vers le parc du château de Champs (sur Marne). Je ne le regrette pas ; il y a un grand jardin à la française derrière le château, qui couvre facilement plus des trois quarts de la superficie du parc de Sceaux. La population est très familiale ; pas la moindre racaille malgré qu’on est en plein Marne-la-Vallée. Les côtés du parc sont couverts par des bois, tout cela est très tranquille. Je m’installe dans un petit jardin botanique clos, et je dévore là toute la première partie des Particules Elémentaires de Michel Houellebecq.
Les années 80 ont été une disgrâce pour à peu près tout. Les musiciens, on le sait déjà, n’ont pas fait grand chose de valable ; les nouveaux des années 80 ne valent pas grand chose (il y a des exceptions : Depeche Mode, Eurythmics, Sting, Michael Jackson) ; et les anciens des années 70 versent dans un commercialisme et un manque d’imagination flagrant (Genesis, Yes, Deep Purple, et même Pink Floyd, tout cela semble perdre son âme et servir de la soupe FM). A l’époque, c’était la fin de tout, et l’on pensait, moi le premier, que le balancier ne reviendrait jamais.
Eh bien pour la littérature, c’est pareil. Dans les années 80, vous m’auriez demandé quel écrivain était remarquable, j’aurais été bien embarrassé pour vous répondre. Gracq était vivant, certes, mais il n’écrivait plus (ou presque). Matzneff, je me demande toujours si c’est un grand écrivain ou non ; probablement oui, mais il a produit très peu de « grands livres » (Ivre du Vin perdu, les Lèvres Menteuses, De la Rupture, et c’est tout) ; c’est plutôt un chroniqueur. Les idoles du moment, Le Clézio, Modiano, Djian, n’ont pas duré dix ans. Pourtant Le Clézio était prometteur, mais il a viré « commercial » avec Onitsha lui aussi. Et avant, il faut vraiment s’accrocher pour le lire. Tournier, certes, mais il n’écrit plus guère lui non plus. Le Darcos édité vers 86-87 désignait, parmi les écrivains prometteurs, Annie Ernaux et Danielle Sallenave. La seconde est intéressante, mais produit surtout des essais. Quant à Annie Ernaux, elle a pu faire illusion quelques temps, mais s’est enfermée dans un cycle imprécations-pipi-caca-prout-papa-est-dégueu qui la condamne à France-Loisirs. Bref, le Darcos avait mieux vu les poètes contemporains que les romanciers.
Et aujourd’hui ? Contre toute attente, il y a eu un renouveau, et des noms qui n’existaient pas il y a dix ans. Houellebecq, Beigbeder (horripilant, mais ses livres se lisent volontiers), Besson, et quelques autres jeunes Turcs et Turques probablement intéressant(e)s. Houellebecq a déjà sa place dans les histoires de la littérature ; pour les autres il faudra faire l’inventaire - mais le fait est là : on a quelque chose à lire. Ajoutons-y la floraison exceptionnelle d’écrivains américains, et l’on peut se dire qu’on a vraiment de quoi lire.
Les années 80 ont été une disgrâce pour à peu près tout. Les musiciens, on le sait déjà, n’ont pas fait grand chose de valable ; les nouveaux des années 80 ne valent pas grand chose (il y a des exceptions : Depeche Mode, Eurythmics, Sting, Michael Jackson) ; et les anciens des années 70 versent dans un commercialisme et un manque d’imagination flagrant (Genesis, Yes, Deep Purple, et même Pink Floyd, tout cela semble perdre son âme et servir de la soupe FM). A l’époque, c’était la fin de tout, et l’on pensait, moi le premier, que le balancier ne reviendrait jamais.
Eh bien pour la littérature, c’est pareil. Dans les années 80, vous m’auriez demandé quel écrivain était remarquable, j’aurais été bien embarrassé pour vous répondre. Gracq était vivant, certes, mais il n’écrivait plus (ou presque). Matzneff, je me demande toujours si c’est un grand écrivain ou non ; probablement oui, mais il a produit très peu de « grands livres » (Ivre du Vin perdu, les Lèvres Menteuses, De la Rupture, et c’est tout) ; c’est plutôt un chroniqueur. Les idoles du moment, Le Clézio, Modiano, Djian, n’ont pas duré dix ans. Pourtant Le Clézio était prometteur, mais il a viré « commercial » avec Onitsha lui aussi. Et avant, il faut vraiment s’accrocher pour le lire. Tournier, certes, mais il n’écrit plus guère lui non plus. Le Darcos édité vers 86-87 désignait, parmi les écrivains prometteurs, Annie Ernaux et Danielle Sallenave. La seconde est intéressante, mais produit surtout des essais. Quant à Annie Ernaux, elle a pu faire illusion quelques temps, mais s’est enfermée dans un cycle imprécations-pipi-caca-prout-papa-est-dégueu qui la condamne à France-Loisirs. Bref, le Darcos avait mieux vu les poètes contemporains que les romanciers.
Et aujourd’hui ? Contre toute attente, il y a eu un renouveau, et des noms qui n’existaient pas il y a dix ans. Houellebecq, Beigbeder (horripilant, mais ses livres se lisent volontiers), Besson, et quelques autres jeunes Turcs et Turques probablement intéressant(e)s. Houellebecq a déjà sa place dans les histoires de la littérature ; pour les autres il faudra faire l’inventaire - mais le fait est là : on a quelque chose à lire. Ajoutons-y la floraison exceptionnelle d’écrivains américains, et l’on peut se dire qu’on a vraiment de quoi lire.
Une idylle est née : la véritable histoire de Nelly et Sombreval et des amis qui leur veulent du bien.
Diner avec Gary Hoswald au Tournesol. Nous causons du forum catholique. On sait que j’y poste sous un pseudonyme féminin, Nelly – le langage que j’emploie, lui, n’est pas féminin du tout. Xavier m’avait dit que certains lecteurs (ou « liseurs », comme il dit) croyaient que Nelly était vraiment une femme. Récemment, la rumeur que l’enfant de Nelly avait Xavier comme parrain a surgi. D’autre part, un certain Sombreval, fidèle de St Nicolas du Chardonet, s’est mis à idolâtrer Nelly (en paroles) sur le forum, puis à lui faire des déclarations d’amour enflammées au point que l’on ne savait plus trop si c’était du second degré ou non. Et finalement, Sombreval s’est mis à presser Nelly de dire si elle était vraiment une fille ou non, à la presser de s’engager, etc., ceci en guise de réponse à à peu près n’importe quel message du forum. Bien entendu, si je me suis amusé à le taquiner au moment où c’était drôle, je n’ai plus dit grand chose au moment où la plaisanterie devenait trop énorme. Dans tout cela, il y avait beaucoup de gloriole de part et d’autre.
Dans tout cela aussi, XA est un catholique sincère ; c’est à dire qu’il a des traits mentaux communs à beaucoup de catholiques, en particulier une sorte de candeur parfois perverse. Il a en particulier énormément de mal à supporter l’anonymat des forums. Que je me fasse appeler Nelly lui est difficilement supportable. Lorsque l’on rend témoignage à la vérité, on devrait se présenter au monde sous son vrai nom. Lui le fait ; il l’est l’un des rares. Et pour cause : la parole sur internet est une parole publique, aussi public qu’un discours électoral, elle touche donc non seulement les membres actifs d’un forum, repérés, classés, et relativement fréquentables, mais aussi toute une population de muets – et l’on ne sait jamais ce qui se cache dedans. Le gâtisme catholique actuel voudrait bien que le premier venu soit intrinsèquement bon ; je pense exactement l’opposé, et qu’il y a des tarés sur le net autant que dans la vie réelle ; leurs actions malfaisantes, en revanche, sont encouragées par la méconnaissance que l’on a d’eux.
Et le pseudo, donc, X a quelque chose contre, et il meurt d’envie de me voir me départir de mon « Nelly ». Au besoin il est prêt à y donner un coup de main ; il a déjà demandé par le passé « qui encore croit ici que Nelly est une fille » ?
Un petit psychodrame s’engage alors dimanche matin. Sombreval m’écrit directement : « je sais tout, « Nelly ». Le jeu est fini. Je suis un peu déçu. » Sentant le gars qui fait l’âne pour avoir du foin, je demande ce qu’il sait, et lui propose de le rencontrer pour voir ce que je peux faire pour lui.
Le soir même, un agaçant posteur du forum, qui se fait appeler Rousseau, s’empare de l’affaire, s’improvise l’avocat de Sombreval et me traîne dans la boue. J’aurais aguiché le pauvre jeune homme, déjà instable mentalement, je l’aurais conduit au désespoir. La preuve, depuis quelques heures, il ne poste plus rien. Il s’est sans doute pendu. Nelly fait moins la fière, hein ?
Le Rousseau poursuivra tous mes posts, du dimanche soir au mardi matin, en y collant systématiquement ce même genre de réponse acide dénonçant mon « imposture » ; et ma tolérance bienveillante et mon silence envers le second degré envahissant de Sombreval se transforment sous sa plume en un piège sciemment organisé.
D’autres s’en mêlent. Le gars, Gary Hoswald. Au moment où je dîne avec ce dernier à la Défense, Xavier confirme sur le forum que Nelly est un homme.
Le soir, je rentre et découvre tout cela, les accusations, les menaces, les langues pendues. Je n’aime particulièrement pas les menaces, et je gueule. Rousseau me fait des excuses, que je refuse. Il cherche surtout à noyer le poisson et à faire oublier ses propos.
Mardi soir, Sombreval est de retour dans un post intitulé « coucou me voilà », où il semble très fier d’être l’objet d’une querelle qui se prolonge tard dans la nuit alors qu’il dort. Il réaffirme que, homme ou femme, je suis un être exceptionnel, que Rousseau est un juste défenseur de la veuve et de l’orphelin et que finalement, c’est lui Sombreval le seul qui a gardé la tête froide.
Il reste une question à élucider : comment Sombreval a-t-il su ? Je me demande si ce n’est pas mon vieux texte sur le scoutisme, copieusement photocopié depuis cinq ans, qui a révélé mon nom. Je préviens donc Xavier que je refuse la publication de ce texte sur Agoramag, et que les deux ou trois choses qui restaient à poster sur le forum ne le seront pas. (y compris la recension de Pullman ci-dessus, NdA)
Mercredi matin, mail de Sombreval dans ma boîte perso : il serait « heureux » de me rencontrer. D’accord, dis-je, mais comment a-t-il su qui j’étais ? Il préfère me le dire en face. Je crois que la curiosité va l’emporter.
Dans tout cela aussi, XA est un catholique sincère ; c’est à dire qu’il a des traits mentaux communs à beaucoup de catholiques, en particulier une sorte de candeur parfois perverse. Il a en particulier énormément de mal à supporter l’anonymat des forums. Que je me fasse appeler Nelly lui est difficilement supportable. Lorsque l’on rend témoignage à la vérité, on devrait se présenter au monde sous son vrai nom. Lui le fait ; il l’est l’un des rares. Et pour cause : la parole sur internet est une parole publique, aussi public qu’un discours électoral, elle touche donc non seulement les membres actifs d’un forum, repérés, classés, et relativement fréquentables, mais aussi toute une population de muets – et l’on ne sait jamais ce qui se cache dedans. Le gâtisme catholique actuel voudrait bien que le premier venu soit intrinsèquement bon ; je pense exactement l’opposé, et qu’il y a des tarés sur le net autant que dans la vie réelle ; leurs actions malfaisantes, en revanche, sont encouragées par la méconnaissance que l’on a d’eux.
Et le pseudo, donc, X a quelque chose contre, et il meurt d’envie de me voir me départir de mon « Nelly ». Au besoin il est prêt à y donner un coup de main ; il a déjà demandé par le passé « qui encore croit ici que Nelly est une fille » ?
Un petit psychodrame s’engage alors dimanche matin. Sombreval m’écrit directement : « je sais tout, « Nelly ». Le jeu est fini. Je suis un peu déçu. » Sentant le gars qui fait l’âne pour avoir du foin, je demande ce qu’il sait, et lui propose de le rencontrer pour voir ce que je peux faire pour lui.
Le soir même, un agaçant posteur du forum, qui se fait appeler Rousseau, s’empare de l’affaire, s’improvise l’avocat de Sombreval et me traîne dans la boue. J’aurais aguiché le pauvre jeune homme, déjà instable mentalement, je l’aurais conduit au désespoir. La preuve, depuis quelques heures, il ne poste plus rien. Il s’est sans doute pendu. Nelly fait moins la fière, hein ?
Le Rousseau poursuivra tous mes posts, du dimanche soir au mardi matin, en y collant systématiquement ce même genre de réponse acide dénonçant mon « imposture » ; et ma tolérance bienveillante et mon silence envers le second degré envahissant de Sombreval se transforment sous sa plume en un piège sciemment organisé.
D’autres s’en mêlent. Le gars, Gary Hoswald. Au moment où je dîne avec ce dernier à la Défense, Xavier confirme sur le forum que Nelly est un homme.
Le soir, je rentre et découvre tout cela, les accusations, les menaces, les langues pendues. Je n’aime particulièrement pas les menaces, et je gueule. Rousseau me fait des excuses, que je refuse. Il cherche surtout à noyer le poisson et à faire oublier ses propos.
Mardi soir, Sombreval est de retour dans un post intitulé « coucou me voilà », où il semble très fier d’être l’objet d’une querelle qui se prolonge tard dans la nuit alors qu’il dort. Il réaffirme que, homme ou femme, je suis un être exceptionnel, que Rousseau est un juste défenseur de la veuve et de l’orphelin et que finalement, c’est lui Sombreval le seul qui a gardé la tête froide.
Il reste une question à élucider : comment Sombreval a-t-il su ? Je me demande si ce n’est pas mon vieux texte sur le scoutisme, copieusement photocopié depuis cinq ans, qui a révélé mon nom. Je préviens donc Xavier que je refuse la publication de ce texte sur Agoramag, et que les deux ou trois choses qui restaient à poster sur le forum ne le seront pas. (y compris la recension de Pullman ci-dessus, NdA)
Mercredi matin, mail de Sombreval dans ma boîte perso : il serait « heureux » de me rencontrer. D’accord, dis-je, mais comment a-t-il su qui j’étais ? Il préfère me le dire en face. Je crois que la curiosité va l’emporter.
Tourisme : jardins du château de Versailles.
Visité pour la première fois les jardins du château de Versailles. C’est beau. C’est grand. C’est immense. Suis allé jusqu’au grand Trianon, charmante sucrerie en marbre rose. Bu orange pressée de l’orangerie du coin. Rien fichu sur l’herbe. Songé à transformer Versailles en monastère gigantesque. Circulation impossible. Touristes partout. Mais bon, l’orangeade est une invitation à revenir – visiter le château par exemple.
Prochains parcs à se faire : Sceaux, Vaux le Vicomte.
Prochains parcs à se faire : Sceaux, Vaux le Vicomte.