Messe : St Victor, Marseille. (2001) et comment s’en consoler.
Messe de Pâques miteuse à St Victor. Nous avons droit à un secouage de cierges durant le gloria (le curé montre l’exemple), à un psaume supprimé et remplacé par une prière francisacaine, à une bonne sœur qui chante horriblement faux, au Victimae Paschali Laudes purement et simplement supprimé, même pas lu, et à une homélie à la doctrine approximative qui prétend que les morts sont déjà ressuscités, rien de moins. Ajoutons y un renouvellement des promesses baptismales qui appartient en propre à la vigile pascale, non à la Messe du jour, une aspersion-pluie tropical, et aussi que Papa a récolté une belle tache de cire sur son pantalon, fruit de la liesse populaire lors du gloria. Si j’aurais su, j’aurais allé chez les Dominicains.
Nous nous rattrapons avec un bon repas (saumon fumé pas mal, gigot de mouton et tarte aux fruits de chez Amandine, fort bonne). Du champagne Dautreville pour commencer (très bon rapport qualité-prix !), un Meursault 92 passé et en voie de madérisation – mais quel nez ! – puis mon Crozes-Hermitage Jaboulet aîné 97, fort bon. La veille, nous buvons le Cabernet Sauvignon de Gallo, rescapé de la soute.
Nous nous rattrapons avec un bon repas (saumon fumé pas mal, gigot de mouton et tarte aux fruits de chez Amandine, fort bonne). Du champagne Dautreville pour commencer (très bon rapport qualité-prix !), un Meursault 92 passé et en voie de madérisation – mais quel nez ! – puis mon Crozes-Hermitage Jaboulet aîné 97, fort bon. La veille, nous buvons le Cabernet Sauvignon de Gallo, rescapé de la soute.
Série : The Sopranos, saison 1
The Sopranos : série intelligente, dans le genre de la comédie de mœurs. Un parrain de la mafia du New Jersey, gangster mais réac, voit les « bonnes » valeurs s’effondrer, sa femme aigrie, ses enfants égoïstes, ses lieutenants envieux, le gang de son oncle révolté, et sa mère… ah là là, c’est tout un poème, sa mère. Alors il va voir un psy. Humour décalé, et personnages qui nous rappellent quelqu’un. Très bon jusqu’à présent.
Navet français : Promenons-nous dans les bois
Promenons-nous dans les bois : shameless plug de la part des producteurs : le film qu’il faut à « la génération scream » sauf que Scream, lui, capte l’attention. Promenons-nous est un film esthétiquement assez léché, certes, mais le scénario, euh, comment dire… il n’y en a pas, voilà. Trois filles et deux garçons, comédiens, sont invités pour représenter le petit chaperon rouge dans un château sinistre, devant un enfant aussi sourd-muet qu’étrange, et son grand père. Cela commence assez bien, comme une sorte de dîner au Château de la Folie tel qu’on peut le lire dans le Relais de la Chance au Roy, mais ensuite, bon, il fait nuit, on a les cinq comédiens, le gamin, le papy, le garde-chasse et un policier, et tous se font zigouiller sauf deux comédiens et le gamin. On passe donc d’un meurtre à l’autre, avec toujours des absents qui font les suspects, jamais les mêmes, et des transitions inexistantes. Joli plan, travelling, fausse alerte, autre travelling, coup de théâtre, meurtre, lather, rinse, repeat. Deux des comédiennes sont vaguement lesbiennes, le papy drague sans honte un des garçons, on se demande ce que cela peut apporter au film. Finalement, on apprend que c’est la papy qui est le grand méchant loup, mais il est un peu possédé, et c’est parce qu’il a été témoin du meurtre de sa mère étant petit. Sans déconner ! Film très oubliable, donc. Heureusement, grâce aux quotas du ministère de la télé, on aura la chance de le revoir sur le petit écran…
Film : Crying Freeman, de Christophe Gans.
Un film de gangsters japonais avec des gros flingues, sauf que l’un d’eux est amoureux… et que la femme est amoureuse aussi. Tout cela sert à des images terriblement esthétiques sur la musique planante de Patrick O’Hearn, jadis bassiste de Zappa. Mark Dacascos (le gangster amoureux) sera Mani, l’indien intelligent du film suivant de Gans, le Pacte des Loups. Et Tchéky Karyo, le commissaire sadique de Doberman, sera là aussi un commissaire, mais moins sadique. Un régal pour les yeux, tout cela.
Film : Les Misérables, de Robert Hossein
Cela me rappelle bien entendu le film de Robert Hossein, que je suis allé voir avec ma classe de CM2. J’avais à l’époque neuf ans, et se taper cet interminable truc, auquel j’ai compris encore moins que les Fourberies de Scapin (d’Arianne Mnouchkine) vu en CE1, voilà qui était du sadisme de la part du corps enseignant. Grosso modo, c’est l’histoire du pauvre Jean Valjean (quel nom !), ancien bagnard, qui rencontre les Thénardier, qui sont des méchants. Je ne me souviens pas pourquoi ils étaient méchants dans le film, je le savais déjà avant de voir le film, et ça me suffisait. Il y a aussi une Cosette à qui il arrive plein de malheurs, sa mère Fantine à qui il arrive d’autres malheurs, et le fameux Javert, mon personnage préféré, car il était le seul à peu près bien habillé
Il a tout fallu m’expliquer après coup. Que Fantine se fait jeter six mois en prison parce qu’elle vole un morceau de pain (on m’explique que c’est trop long et qu’il faut s’indigner envers la rudesse de la justice de l’époque qui frappe plus les pauvres que les riches). Que le rayon de soleil qui frappe Jean Valjean n’est pas une maladresse du cinéaste (on m’explique que c’est un symbole : Valjean prend conscience de quelque chose. Voyez la légèreté du propos). Que le plan où on voit une redingote, une canne et des chaussures sur un parapet n’est pas seulement là pour faire rire (on m’explique que c’est Javert qui s’est suicidé. Pourquoi l’a-t-il fait ? Je renonce à comprendre. Javert est un peu comme Cruella dans les 101 Dalmatiens, c’est un personnage méchant, que j’ai plaisir à voir, et qui ne revient pas assez souvent à mon gré). Que l’image où Fantine devient de plus en plus moche et hirsute n’est pas là pour faire rire non plus – elle avait eu pourtant un franc succès (On m’explique que la pauvre doit vendre ses cheveux et ses dents pour subvenir à l’entretien de Cosette. Mais où la maîtresse a-t-elle compris tout cela ?). Que le gamin qui se fait zigouiller est mondialement connu (il s’appelle Gavroche – quel nom, là encore ! – et chante « je suis tombé par terre… ». Je ne crois pas qu’on aurait été copains.)
Une chose qui n’avait pas besoin d’explication, c’était la scène interminable de la barricade, avec étripements et bain de sang au ralenti. Je reste persuadé qu’il n’était pas séant de montrer ça à des gamins de neuf ans. Ah oui ! Il y a aussi le moment où Valjean se brûle au fer rouge. Ni chaud ni froid. Bref, les Misérables, pour un Ninih qui, rappelons-le, n’avait pas de télé et n’allait jamais au cinéma : une vaste tuerie au ralenti entourée de scènes absconses autant que longues. Du Victor Hugo, quoi.
Et ce serait le roman français le plus lu ? Moi qui croyais que c’était un truc du genre Le petit prince ! Il a des images, au moins, lui ! Et il est plus court ! Et surtout, moins niais.
Il a tout fallu m’expliquer après coup. Que Fantine se fait jeter six mois en prison parce qu’elle vole un morceau de pain (on m’explique que c’est trop long et qu’il faut s’indigner envers la rudesse de la justice de l’époque qui frappe plus les pauvres que les riches). Que le rayon de soleil qui frappe Jean Valjean n’est pas une maladresse du cinéaste (on m’explique que c’est un symbole : Valjean prend conscience de quelque chose. Voyez la légèreté du propos). Que le plan où on voit une redingote, une canne et des chaussures sur un parapet n’est pas seulement là pour faire rire (on m’explique que c’est Javert qui s’est suicidé. Pourquoi l’a-t-il fait ? Je renonce à comprendre. Javert est un peu comme Cruella dans les 101 Dalmatiens, c’est un personnage méchant, que j’ai plaisir à voir, et qui ne revient pas assez souvent à mon gré). Que l’image où Fantine devient de plus en plus moche et hirsute n’est pas là pour faire rire non plus – elle avait eu pourtant un franc succès (On m’explique que la pauvre doit vendre ses cheveux et ses dents pour subvenir à l’entretien de Cosette. Mais où la maîtresse a-t-elle compris tout cela ?). Que le gamin qui se fait zigouiller est mondialement connu (il s’appelle Gavroche – quel nom, là encore ! – et chante « je suis tombé par terre… ». Je ne crois pas qu’on aurait été copains.)
Une chose qui n’avait pas besoin d’explication, c’était la scène interminable de la barricade, avec étripements et bain de sang au ralenti. Je reste persuadé qu’il n’était pas séant de montrer ça à des gamins de neuf ans. Ah oui ! Il y a aussi le moment où Valjean se brûle au fer rouge. Ni chaud ni froid. Bref, les Misérables, pour un Ninih qui, rappelons-le, n’avait pas de télé et n’allait jamais au cinéma : une vaste tuerie au ralenti entourée de scènes absconses autant que longues. Du Victor Hugo, quoi.
Et ce serait le roman français le plus lu ? Moi qui croyais que c’était un truc du genre Le petit prince ! Il a des images, au moins, lui ! Et il est plus court ! Et surtout, moins niais.
Télé : Premier Loft Story chez les djeunz
Visite chez Chouchou et Loulou à Livry. P*** est assez bien installé, dans une partie tranquille de la ville. Apéritif qui n'en finit pas, pour attendre l'arrivée de D***, collègue prof de sport. Tout ce petit monde en survêtement se fait ensuite une raclette tout en matant Loft Storypremier du genre. (Mon magnétoscope qui aurait du se déclencher à ce moment précis ne l'a pas fait. Foutue machine.)
F*** et les autres avaient annoncé leur peu d'intérêt pour la chose. C'était compter sans le fait que ce genre d'émission de télé-voyeurisme a été faite pour être regardée. Ce n'est pas pour rien que l'emblème de l'émission est un œil. Nous avons eu droit à la présentation des cinq filles, pour commencer. Voilà le hic : l'une d'elles (Loana) avait une poitrine plus que regardable, et semblait avoir très chaud tout le temps. Le genre de fille dont on se rappelle, mais dont le visage ne dit plus rien après coup : la vérité est ailleurs. P*** et A*** bavent donc derechef sur Loana (les autres nanas ont des noms à peu près aussi courants). A vrai dire, à part mademoiselle gros-nibards, on oubliera vite les autres (et elles se feront éliminer en premier). Les cinq garçons sont plus différenciés. Et, contrairement à ce que j'imaginais, l'attention de tous ne faiblit pas d'un poil : il y a matière à se comparer à eux, à avoir des sentiments commandés par leur manière de se tenir, de parler, leur milieu, etc. Cette émission est machiavélique. En bref, nous avons d'abord un manceau trop bébé-cadum pour être honnête. Il se décolore les cheveux, aime la techno, est son "meilleur ami" est garçon coiffeur. La blondeur de ses mèches le préoccupe plus que tout au monde. Le voilà vite étiqueté par les mâles du studio : "tafiole".
Le suivant a l'air normal. Boule à zéro, regard normal, propos normaux. Où est le piège? Il dit bien vite, après son nom, qu'il est d'extrême-gauche, et démarre un discours politique, "citoyen", dresse le bilan du pays, etc. Eh mec, on est à la télé, mais pas chez le marquis de Virieu! Si j'avais un peu plus d'argent, j'appellerais souvent pour le virer. Je n'aime pas les lofts avec des consciences parlantes.
Le suivant, ah, quel plaisir, vient d'Aix en Provence. La caméra s'attache sur la villa luxueuse de ses parents. On a compris : après le garçon boucher travaillé par sa sexualité, après le militant pour un monde meilleur, voici le gosse de riche. Tout y est, la moue, la désinvolture, l'âge (il est jeune), beaucoup de confiance en soi, et des rides précoces à force de froncer les sourcils. Il me fait penser à Grenoble; on dirait Jean Philippe B*** avec de la matière grise. Les trois autres trouvent qu'il a "quelque chose". Moi pas.
Le suivant, c'est (trompettes) un marseillais. Ils en ont choisi un bien grunge, avec des cheveux devant les yeux, de l'accent, et cool jusqu'à en mourir. Le genre de décontraction qui lui fait faire des grimaces devant chaque caméra qu'il aperçoit. Regardez-moi, je suis intéressant. Il est saoûlant, et je ne doute pas qu'il partira vite s'il maintient ce naturel relou.
Et enfin Aziz. Aziz est un rebeu intégré. L'archétype du rebeu intégré. Milieu difficile, mais il s'en est sorti à force d'arts martiaux, et il est responsable de la sécurité dans un casino de l'Orne. Pas un magasin, un casino avec des machines à sous. On le voit en smoking, l'air responsable. Il a manifestement plus de plomb dans la cervelle que tous les autres réunis. Cerise sur le gâteau, mesdames, il a un corps de dieu. Eh oui, quand on est vigile, on fait du sport, et le sport lui a réussi. Il se met volontiers torse nu devant la caméra, dirait-on. Et voilà qui va lui apporter une part non négligeable du vote féminin si tout cela ne lui monte pas trop vite à la tête.
Les candidats sont alors enfermés dans le loft et font assaut de fausse cordialité, de sympathie et de coolness à tout va. Il n'y en a pas un qui oublie (sauf peut-être le marseillais) qu'ils sont filmés, que des millions les regardent, et que leur avenir financier va dépendre de la façon dont ils se comportent. Chacun essaie donc d'être monsieur chic-type devant la caméra, chacun à sa manière. Cela sera bien entendu plus intéressant lorsque les gardes seront baissées et que les lunettes des toilettes ne le seront pas.
F*** et les autres avaient annoncé leur peu d'intérêt pour la chose. C'était compter sans le fait que ce genre d'émission de télé-voyeurisme a été faite pour être regardée. Ce n'est pas pour rien que l'emblème de l'émission est un œil. Nous avons eu droit à la présentation des cinq filles, pour commencer. Voilà le hic : l'une d'elles (Loana) avait une poitrine plus que regardable, et semblait avoir très chaud tout le temps. Le genre de fille dont on se rappelle, mais dont le visage ne dit plus rien après coup : la vérité est ailleurs. P*** et A*** bavent donc derechef sur Loana (les autres nanas ont des noms à peu près aussi courants). A vrai dire, à part mademoiselle gros-nibards, on oubliera vite les autres (et elles se feront éliminer en premier). Les cinq garçons sont plus différenciés. Et, contrairement à ce que j'imaginais, l'attention de tous ne faiblit pas d'un poil : il y a matière à se comparer à eux, à avoir des sentiments commandés par leur manière de se tenir, de parler, leur milieu, etc. Cette émission est machiavélique. En bref, nous avons d'abord un manceau trop bébé-cadum pour être honnête. Il se décolore les cheveux, aime la techno, est son "meilleur ami" est garçon coiffeur. La blondeur de ses mèches le préoccupe plus que tout au monde. Le voilà vite étiqueté par les mâles du studio : "tafiole".
Le suivant a l'air normal. Boule à zéro, regard normal, propos normaux. Où est le piège? Il dit bien vite, après son nom, qu'il est d'extrême-gauche, et démarre un discours politique, "citoyen", dresse le bilan du pays, etc. Eh mec, on est à la télé, mais pas chez le marquis de Virieu! Si j'avais un peu plus d'argent, j'appellerais souvent pour le virer. Je n'aime pas les lofts avec des consciences parlantes.
Le suivant, ah, quel plaisir, vient d'Aix en Provence. La caméra s'attache sur la villa luxueuse de ses parents. On a compris : après le garçon boucher travaillé par sa sexualité, après le militant pour un monde meilleur, voici le gosse de riche. Tout y est, la moue, la désinvolture, l'âge (il est jeune), beaucoup de confiance en soi, et des rides précoces à force de froncer les sourcils. Il me fait penser à Grenoble; on dirait Jean Philippe B*** avec de la matière grise. Les trois autres trouvent qu'il a "quelque chose". Moi pas.
Le suivant, c'est (trompettes) un marseillais. Ils en ont choisi un bien grunge, avec des cheveux devant les yeux, de l'accent, et cool jusqu'à en mourir. Le genre de décontraction qui lui fait faire des grimaces devant chaque caméra qu'il aperçoit. Regardez-moi, je suis intéressant. Il est saoûlant, et je ne doute pas qu'il partira vite s'il maintient ce naturel relou.
Et enfin Aziz. Aziz est un rebeu intégré. L'archétype du rebeu intégré. Milieu difficile, mais il s'en est sorti à force d'arts martiaux, et il est responsable de la sécurité dans un casino de l'Orne. Pas un magasin, un casino avec des machines à sous. On le voit en smoking, l'air responsable. Il a manifestement plus de plomb dans la cervelle que tous les autres réunis. Cerise sur le gâteau, mesdames, il a un corps de dieu. Eh oui, quand on est vigile, on fait du sport, et le sport lui a réussi. Il se met volontiers torse nu devant la caméra, dirait-on. Et voilà qui va lui apporter une part non négligeable du vote féminin si tout cela ne lui monte pas trop vite à la tête.
Les candidats sont alors enfermés dans le loft et font assaut de fausse cordialité, de sympathie et de coolness à tout va. Il n'y en a pas un qui oublie (sauf peut-être le marseillais) qu'ils sont filmés, que des millions les regardent, et que leur avenir financier va dépendre de la façon dont ils se comportent. Chacun essaie donc d'être monsieur chic-type devant la caméra, chacun à sa manière. Cela sera bien entendu plus intéressant lorsque les gardes seront baissées et que les lunettes des toilettes ne le seront pas.
Internet : Le Forum Catholique de XA
Forum catho de X. C'est vraiment la meilleure chose que je connaisse pour perdre la foi : parler avec des catholiques tradis. Nelly a fait de la provoc gratuite, et posté une URL sulfureuse, au doux nom de www.jeune-soumise.net . Il s'agit du journal en ligne d'un couple sado-maso, avec des photos suggestives mais pas cochonnes. Le nom du site en soi est tellement hilarant! Il n'a pourtant pas fait rire ***, qui m'a écrit d'un ton affligé que non seulement je n'étais pas conformiste (ce qu'à Dieu ne plaise), mais que je donnais des liens vers des sites "plus que pornographiques". Une femme qui écrit qu'elle est une chienne et qu'elle aime quand son maître la punit, voilà qui est "plus que pornographique" dans la petite tête de ***. Voilà pour l'ouverture d'esprit. Ailleurs, franc succès : on se demande par quelle "officine" (entendez : loge) Nelly est envoyée. Et un gars que je n'ai pas l'honneur de connaître annonce qu'il est prêt à me "démasquer".
A tout cela je réponds que le sado-masochisme est un fait de société dont il faut tenir compte. Si après cela on ne comprend pas que je me fous de leur gueule.
A tout cela je réponds que le sado-masochisme est un fait de société dont il faut tenir compte. Si après cela on ne comprend pas que je me fous de leur gueule.
Messe : St Etienne du Mont, Paris
Thierry Escaich improvise à l'orgue ce matin, à St Etienne du mont. Bien. Est-ce le quartier? Les enfants de cœur ont l'air intelligents, et cela leur donne une allure extrêmement pieuse, sans chichi ou apprêt. C'est l'incarnation même, à la fois de l'oraison du petit Placide, mais aussi de la disposition d'esprit que St Benoît demande à ses moines. Le premier mot de la Règle : Ausculta. Ob-audi. Et là, nos servants de messe écoutaient, intensément, et on semblait lire sur leur visage qu'ils comprenaient quelque chose, qu'ils voyaient quelque chose dont ils essayaient de ne pas perdre une miette. Fantastique! C'est la condamnation, en acte, de l'esprit sulpicien.
Livre qui fâche : Paul Aussaresses, Services Secrets.
J’ai lu l’autre soir Services Secrets, le livre très controversé du général Paul Aussaresses qui relate assez froidement (objectivement, diront certains) son expérience de la torture en Algérie. Et il sait de quoi il parle, puisqu’il a été le coordinateur des actions de « renseignement » à Alger. Je dois dire que j’étais parti avec un a priori très défavorable : la tête de Paul Aussaresses ne me revenait pas du tout.
J’ai lu Services Secrets d’une traite, jusqu’à trois heures du matin. C’est haut la main le livre le plus captivant de l’année. Je dirais même que cela ferait un excellent Langelot… un peu plus violent, certes.
Le général Aussaresses n’a pas été une vieille baderne par vocation mûrie depuis l’enfance. Au contraire, il semble avoir été un littéraire brillant, licencié de lettres classiques, et gardant une certaine nostalgie des études puisque rédigeant un mémoire de maîtrise sous l’uniforme. Mais voilà, on ne choisit pas toujours tout, et la vie militaire, qui l’avait pris par hasard, ne l’a plus lâché : cela lui a plu, il est resté ; et – très vraisemblablement – il est resté un militaire assez anticonformiste et sans doute impulsif, puisqu’il raconte avoir un jour manqué d’étrangler un de ses supérieurs. Il évoque aussi plusieurs fois son amour du déserteur, la chanson de Boris Vian, alors interdite.
De l’armée régulière, Aussaresses passe aux Renseignements. Le métier d’ « espion » n’a pas que des bons côtés, et c’est là qu’il apprend ses techniques de tueur, comme tout bon espion. (Qui pense à pousser les hauts cris pour cela ?)
Et puis un beau jour, les services de renseignements sont appelés à Alger. C’est irrégulier, puisqu’ils n’agissent d’ordinaire qu’à l’étranger… et Alger, c’est la France ! Mais un ordre est un ordre, et on ne discute pas un ordre, surtout pas aux renseignements, et surtout pas lorsque l’intérêt du pays est en jeu. Arrivé à Alger, Aussaresses devra donc se renseigner sur les menées du FLN. Et comme ces menées sont des actes terroristes et des massacres effroyables, il lui faudra arracher coûte que coûte des aveux aux prisonniers qu’il fait.
Il a mandat de ses supérieurs pour cela, et souligne plusieurs fois comment tous naviguaient dans le non dit. « Des aveux à tout prix », demandait la hiérarchie, et l’on ajoutait par allusions que tous les moyens étaient bons. Ceci à tous les niveaux de la hiérarchie, des politiques aux policiers. Tout le monde savait que cela signifiait la torture, tout le monde l’acceptait à contrecoeur et surtout, personne n’en parlait. Ils avaient honte et étaient manifestement trop heureux qu’un connaisseur « accidentel » (par son passé dans l’espionnage) se charge par obéissance de tout le boulot et ne vienne pas leur raconter chaque matin ses exploits de la nuit.
Bien entendu, au début, Aussaresses est réticent. Ce n’est pas un travail de militaire, et il sait fort bien qu’il sera au mieux le fusible : l’opprobre déguisé, la bonne conscience des autres qui ne se seront pas sali les mains mais en auront profité, et les foudres du pouvoir si par hasard il ne fait pas bien son travail et n’évite pas un bain de sang.
Comble de la vexation, ce sont des policiers qui lui apprennent le métier : eux pratiquent la torture depuis longtemps. Aussaresses ne les porte pas dans son cœur, c’est visible, et ses premières expériences lui répugnent. Mais il obtient des renseignements, qui permettent d’éviter des massacres. Et il est témoin de massacres parce qu’il n’a pas eu assez de renseignements. Dès lors, après avoir vu l’atrocité dont est capable le FLN, son parti est pris : mieux vaut, dit-il, les souffrances d’un coupable que la mort de plusieurs innocents. Aussaresses, d’après son récit, se blindera assez vite contre ses scrupules et sera un « renseigneur » assez efficace, ce qui ne l’empêchera pas de faire le coup de poing de temps en temps. Il interrogera donc les prisonniers importants, puis fera exécuter ensuite tous ceux qui ont du sang sur les mains, dans une Alger où les attentats paraissent quotidiens. On aura beau jeu de faire là aussi la grande âme, de parler d’escadron de la mort. A part une ou deux têtes brûlées qui semblaient aimer ça, Aussaresses raconte qu’il prenait soin de ne jamais confier les exécutions aux mêmes personnes, et bien entendu que les appelés n’avaient rien à voir avec cela.
Une fois le travail fini à Alger, Aussaresses songe à s’intéresser aux communistes : il a des preuves formelles que ceux-ci prêtent un soutient matériel actif au FLN, voire organisent eux-mêmes des actes terroristes. Il songe aussi à porter son business en métropole auprès des « porteurs de valises », arguant que ceux qui financent un mouvement terroriste sont aussi coupables que ceux qui font les bombes et les posent. Ceci nous aurait peut-être privés prématurément d’Hervé Bourges ou de Gisèle Halimi mais Aussaresses fut rappelé à un autre poste, à peu près à cette époque, sans jamais recevoir de blâme ni de ses supérieurs ni des politiques.
On retrouve en revanche dans l’Alger de 1957 des figures qui se regrouperont ensuite dans des cercles cathos réacs, Chiré au premier lieu, puisque Robert Martel, le colonel Argoud et quelques autres, y compris Jean-Marie Le Pen, sont mentionnés.
Voilà donc le livre qui fait hurler les têtes bien-pensantes qui n’étaient pas nées alors ou n’y étaient pas. Nous pensons pour notre part que si Paul Aussaresses a dit la vérité, il n’y a pas à hurler tant que cela. Certes la torture est indigne d’un pays qui se veut civilisé comme le notre, certes les droits de l’homme sont les mêmes pour tous, mais il y a des circonstances très particulières, des circonstances de guerre, et nous nous étonnons très franchement que les belles âmes qui veulent du pognon pour ce qu’a fait la France en Algérie n’aient pas un mot pour Israël ou la Palestine où nous pouvons être certains que la torture et l’assassinat, aujourd’hui même, sont des instruments réguliers du maintien de l’ordre.
Aussaresses a hésité. La torture ne lui plaisait pas plus qu’à un autre, et il a eu se courage paradoxal de s’en charger à la place des autres. Il a eu l’humiliation supplémentaire de se voir ravalé dans cette besogne au rang des policiers. Son hésitation s’est rapidement dissipée lorsqu’il a vu ce qui arrivait lorsqu’il ne faisait pas son sale boulot. Dès lors il l’a fait sans états d’âme, sans trop y penser. Nous disions que personne ne devrait être torturé. Mais de deux maux : des dizaines de civils innocents tués ou mutilés dans des attentats, ou un coupable qui paye pour ses actes, il y en a un qui est tolérable, l’autre pas. Aussaresses a tenu ce raisonnement et a obéi contre ses penchants.
On pourrait faire si l’on veut le procès du méchant bourreau qui rentre écouter du Bach chez soi le soir. Cela me semble fort surfait. Nous savons que tous les bourreaux sont ainsi. Pour nous, la vraie cause de tout cela est une double erreur des gouvernements d’alors, une double erreur gravissime. 1°) Vouloir se maintenir en Algérie, 2°) utiliser l’armée pour de basses besognes de police. Ce n’est pas l’armée qui va philosopher sur sa mission : on la dresse à n’en rien faire. L’armée obéit, elle va où on lui dit d’aller et elle fait ce qu’on lui dit de faire, en général quoi qu’en pensent individuellement ceux qui la composent. Le projet « Algérie », si j’ose dire, a bien mal été piloté !
Paul Aussaresses, à la fin de son livre, espère que ces heures ne reviendront jamais. Nous aussi. Et nous espérons qu’un jour un communiste de l’époque fera un autre livre pour raconter combien de civils français sont morts à cause de lui et de ses sbires.
J’ai lu Services Secrets d’une traite, jusqu’à trois heures du matin. C’est haut la main le livre le plus captivant de l’année. Je dirais même que cela ferait un excellent Langelot… un peu plus violent, certes.
Le général Aussaresses n’a pas été une vieille baderne par vocation mûrie depuis l’enfance. Au contraire, il semble avoir été un littéraire brillant, licencié de lettres classiques, et gardant une certaine nostalgie des études puisque rédigeant un mémoire de maîtrise sous l’uniforme. Mais voilà, on ne choisit pas toujours tout, et la vie militaire, qui l’avait pris par hasard, ne l’a plus lâché : cela lui a plu, il est resté ; et – très vraisemblablement – il est resté un militaire assez anticonformiste et sans doute impulsif, puisqu’il raconte avoir un jour manqué d’étrangler un de ses supérieurs. Il évoque aussi plusieurs fois son amour du déserteur, la chanson de Boris Vian, alors interdite.
De l’armée régulière, Aussaresses passe aux Renseignements. Le métier d’ « espion » n’a pas que des bons côtés, et c’est là qu’il apprend ses techniques de tueur, comme tout bon espion. (Qui pense à pousser les hauts cris pour cela ?)
Et puis un beau jour, les services de renseignements sont appelés à Alger. C’est irrégulier, puisqu’ils n’agissent d’ordinaire qu’à l’étranger… et Alger, c’est la France ! Mais un ordre est un ordre, et on ne discute pas un ordre, surtout pas aux renseignements, et surtout pas lorsque l’intérêt du pays est en jeu. Arrivé à Alger, Aussaresses devra donc se renseigner sur les menées du FLN. Et comme ces menées sont des actes terroristes et des massacres effroyables, il lui faudra arracher coûte que coûte des aveux aux prisonniers qu’il fait.
Il a mandat de ses supérieurs pour cela, et souligne plusieurs fois comment tous naviguaient dans le non dit. « Des aveux à tout prix », demandait la hiérarchie, et l’on ajoutait par allusions que tous les moyens étaient bons. Ceci à tous les niveaux de la hiérarchie, des politiques aux policiers. Tout le monde savait que cela signifiait la torture, tout le monde l’acceptait à contrecoeur et surtout, personne n’en parlait. Ils avaient honte et étaient manifestement trop heureux qu’un connaisseur « accidentel » (par son passé dans l’espionnage) se charge par obéissance de tout le boulot et ne vienne pas leur raconter chaque matin ses exploits de la nuit.
Bien entendu, au début, Aussaresses est réticent. Ce n’est pas un travail de militaire, et il sait fort bien qu’il sera au mieux le fusible : l’opprobre déguisé, la bonne conscience des autres qui ne se seront pas sali les mains mais en auront profité, et les foudres du pouvoir si par hasard il ne fait pas bien son travail et n’évite pas un bain de sang.
Comble de la vexation, ce sont des policiers qui lui apprennent le métier : eux pratiquent la torture depuis longtemps. Aussaresses ne les porte pas dans son cœur, c’est visible, et ses premières expériences lui répugnent. Mais il obtient des renseignements, qui permettent d’éviter des massacres. Et il est témoin de massacres parce qu’il n’a pas eu assez de renseignements. Dès lors, après avoir vu l’atrocité dont est capable le FLN, son parti est pris : mieux vaut, dit-il, les souffrances d’un coupable que la mort de plusieurs innocents. Aussaresses, d’après son récit, se blindera assez vite contre ses scrupules et sera un « renseigneur » assez efficace, ce qui ne l’empêchera pas de faire le coup de poing de temps en temps. Il interrogera donc les prisonniers importants, puis fera exécuter ensuite tous ceux qui ont du sang sur les mains, dans une Alger où les attentats paraissent quotidiens. On aura beau jeu de faire là aussi la grande âme, de parler d’escadron de la mort. A part une ou deux têtes brûlées qui semblaient aimer ça, Aussaresses raconte qu’il prenait soin de ne jamais confier les exécutions aux mêmes personnes, et bien entendu que les appelés n’avaient rien à voir avec cela.
Une fois le travail fini à Alger, Aussaresses songe à s’intéresser aux communistes : il a des preuves formelles que ceux-ci prêtent un soutient matériel actif au FLN, voire organisent eux-mêmes des actes terroristes. Il songe aussi à porter son business en métropole auprès des « porteurs de valises », arguant que ceux qui financent un mouvement terroriste sont aussi coupables que ceux qui font les bombes et les posent. Ceci nous aurait peut-être privés prématurément d’Hervé Bourges ou de Gisèle Halimi mais Aussaresses fut rappelé à un autre poste, à peu près à cette époque, sans jamais recevoir de blâme ni de ses supérieurs ni des politiques.
On retrouve en revanche dans l’Alger de 1957 des figures qui se regrouperont ensuite dans des cercles cathos réacs, Chiré au premier lieu, puisque Robert Martel, le colonel Argoud et quelques autres, y compris Jean-Marie Le Pen, sont mentionnés.
Voilà donc le livre qui fait hurler les têtes bien-pensantes qui n’étaient pas nées alors ou n’y étaient pas. Nous pensons pour notre part que si Paul Aussaresses a dit la vérité, il n’y a pas à hurler tant que cela. Certes la torture est indigne d’un pays qui se veut civilisé comme le notre, certes les droits de l’homme sont les mêmes pour tous, mais il y a des circonstances très particulières, des circonstances de guerre, et nous nous étonnons très franchement que les belles âmes qui veulent du pognon pour ce qu’a fait la France en Algérie n’aient pas un mot pour Israël ou la Palestine où nous pouvons être certains que la torture et l’assassinat, aujourd’hui même, sont des instruments réguliers du maintien de l’ordre.
Aussaresses a hésité. La torture ne lui plaisait pas plus qu’à un autre, et il a eu se courage paradoxal de s’en charger à la place des autres. Il a eu l’humiliation supplémentaire de se voir ravalé dans cette besogne au rang des policiers. Son hésitation s’est rapidement dissipée lorsqu’il a vu ce qui arrivait lorsqu’il ne faisait pas son sale boulot. Dès lors il l’a fait sans états d’âme, sans trop y penser. Nous disions que personne ne devrait être torturé. Mais de deux maux : des dizaines de civils innocents tués ou mutilés dans des attentats, ou un coupable qui paye pour ses actes, il y en a un qui est tolérable, l’autre pas. Aussaresses a tenu ce raisonnement et a obéi contre ses penchants.
On pourrait faire si l’on veut le procès du méchant bourreau qui rentre écouter du Bach chez soi le soir. Cela me semble fort surfait. Nous savons que tous les bourreaux sont ainsi. Pour nous, la vraie cause de tout cela est une double erreur des gouvernements d’alors, une double erreur gravissime. 1°) Vouloir se maintenir en Algérie, 2°) utiliser l’armée pour de basses besognes de police. Ce n’est pas l’armée qui va philosopher sur sa mission : on la dresse à n’en rien faire. L’armée obéit, elle va où on lui dit d’aller et elle fait ce qu’on lui dit de faire, en général quoi qu’en pensent individuellement ceux qui la composent. Le projet « Algérie », si j’ose dire, a bien mal été piloté !
Paul Aussaresses, à la fin de son livre, espère que ces heures ne reviendront jamais. Nous aussi. Et nous espérons qu’un jour un communiste de l’époque fera un autre livre pour raconter combien de civils français sont morts à cause de lui et de ses sbires.
Film oubliable : Total Western, d’Eric Rochant.
Total Western, d'Eric Rochant. Ce n'est pas le Tarantino français (il a encore du chemin à faire, et Jan Kounen arrivera sans doute avant lui), son scénariste n'est pas le nouvel Audiard et le film, quoi que se regardant agréablement, est inégal. En gros un truand poursuivi se réfugie dans une maison de "réinsertion" quelque part sur un causse, maison patronnée par une sorte de gros père aubergiste soixante-huitard qui ne chante que du Hugues Aufray. La maison s'appelle "l'espérance". On voit le tableau, on croit voir le ton que va prendre le film, celui de l'ironie. Mais au bout d'un moment, panne sèche, on verse dans le cliché. Les jeunes délinquants disent "enculé" et "fils de pute" toutes les cinq secondes, il y en a une qui se shoote, fait une tentative de suicide, et l'humour fout le camp devant tant de clichés. Puis les gros méchants de la ville arrivent (dans une BMW), et ça se canarde, mais juste un petit coup de temps en temps. Tout le monde se fait tuer, mais ce n'est pas pour de vrai. Pour montrer que les méchants sont vraiment méchants, il y en a un qui viole la droguée (enfin… qui essaye), et un autre qui torture le héros (Samuel le Bihan, bien plus inspiré dans le récent Pacte des loups). C'est fait pour faire frémir le spectateur, on ne voit pas ce qui se passe, juste les mines dégoûtées des gamins. Mais quand on voit finalement les quelques petites coupures faites sur le corps du héros, et qu'on a lu le bouquin du général Aussaresses, on se demande si ces méchants ne sont pas des petits rigolos.
Quand tout le monde s'est fait tuer deux ou trois fois, le film se termine. Pas la peine de l'acheter.
Quand tout le monde s'est fait tuer deux ou trois fois, le film se termine. Pas la peine de l'acheter.
Slasher movie : Destination Finale
Vu aussi destination finale qui est bien rigolo aussi, et que j'étais allé voir avec *** à Grenoble, presque par hasard. Le film raconte l'histoire d'une poignée d'adolescents qui a échappé à une catastrophe aérienne par suite d'une prémonition de l'un d'entre eux. Mais voilà, c'était à eux que la mort en voulait (ne demandez pas comment ils le savent), et elle va se remettre en chasse et les tuer les uns après les autres de façon généralement assez farfelue. Le film multiplie donc les ambiances nocturnes, les lieux macabres (une morgue, entre autres); et les mélange avec des situations délirantes (comment se tuer avec du whisky et un ordinateur) et des dialogues philosophiques complètement surréalistes, débités avec le plus grand sérieux par des acteurs doués. Je me souviens que dans la salle, à Grenoble, tout le monde n'était pas sensible au côté pince-sans-rire de la chose.
Mariage mixte anglican – catho : messe
Messe dans l'église néo-romane des dominicains à Strasbourg. C'est le quartier de l'Université, pas dégueu. Il y a là le Rvd. James Barnett, le pasteur anglican, avec beaucoup de bonhomie et d'entregent. Le genre qui est "used to meeting people". Il décrira l'église anglicane comme "issue de la Réforme mais pas réformée". Un gros soixantenaire s'avance dans l'allée avec une veste à carreaux et une cravate criarde. J'identifie le prêtre catholique. Vite, en aube!
Le rvd. Barnett donne les consignes : pas de photos et une corbeille à la sortie pour les dons pour la paroisse anglicane de Strasbourg. Frémissement dans les rangs cathos : l'envahisseur a l'affront de faire la quête?
La cérémonie est austère. O*** a traité tout son mariage comme un projet professionnel, identifié les points faibles, et pris les actions qui s'imposaient. Premier point faible : les chants. Pas de chants, donc, mais de la musique, du Bach surtout, qui restait bien dans la tonalité sobrissime de l'événement. Second point faible : le resto. Pour éviter, selon ses termes, "de finir à l'écrevisse, à Brumath", elle a imposé le Bühreisel.
J*** F*** lit le célèbre passage de St Paul : "si je n'ai pas la charité". La fidélité au texte me pose problème : Saint Paul a-t-il écrit "je pourrais posséder les énergies du futur… tout cela n'est que vent."? Je me souvenais de "parler toutes les langues de la terre", et aussi de "bronze qui sonne creux". Curieusement, le texte anglais des fascicules se souvient de la même chose que moi! Force m'est de constater que le texte français a été paraphrasé. Par qui? Pourquoi? Etant donné qu'il est arrivé "par internet", on a la réponse à la première question.
Premier sermon, du prêtre catholique, qui commence en précisant qu'il connaît bien les parents d’O***, et qu'il a utilisé Internet pour communiquer. Puis il parle de l'amour, de l'amour qui est formidable (je tombe en arrêt), comme le dit d'ailleurs la chanson : qu'il est formidable d'aimer (je soupire un peu fort), etc, etc. C'est sans doute une malédiction qui me poursuit : je ne peux pas mettre les pieds dans une église que je ne connais pas, sans que… "Fais un vœu", me conseillerait Mamie. Dans chaque église que je ne connais pas, je ferai donc le vœu de n'entendre parler d'aucune des scies de Gianadda. Le prêtre continue sur la maison bâtie sur le sable et celle sur le roc. "La pluie peut venir…" En ce qui me concerne, c'est déjà fait.
Le prêtre anglican fait un sermon à la mode anglaise. C'est fort surprenant, il n'y a ni décorticage de texte, ni morale. Il évoque les églises sombres et allongées de l'Oxfordshire au XIVème siècle, où il y avait un jubé, pour séparer les fidèles des Mystères. Il explique ensuite que cela reflétait la mentalité de l'époque de la Grande Peste, où l'on pensait que la Peste était une punition, puis il dit que l'Eglise en Angleterre n'a pas "comme en France" à endurer d'anti-cléricalisme, qu'elle remplit aussi une fonction sociale (sous entendu : si vous croyez que c'est le cas en France…), et que si elle se désole avec le peuple, elle doit se réjouir aussi lors des occasions de joie, ce qui est le cas aujourd'hui. Une phrase de vœux aux mariés, et fin du sermon.
C'est bien, les sermons anglais! Puis c'est les consentements, les échanges d'anneaux et une bénédiction. Et un Pater prié "chacun dans sa langue", une belle cacophonie, quoi. Il y avait à mon avis bien plus de deux langues en même temps.
Le rvd. Barnett donne les consignes : pas de photos et une corbeille à la sortie pour les dons pour la paroisse anglicane de Strasbourg. Frémissement dans les rangs cathos : l'envahisseur a l'affront de faire la quête?
La cérémonie est austère. O*** a traité tout son mariage comme un projet professionnel, identifié les points faibles, et pris les actions qui s'imposaient. Premier point faible : les chants. Pas de chants, donc, mais de la musique, du Bach surtout, qui restait bien dans la tonalité sobrissime de l'événement. Second point faible : le resto. Pour éviter, selon ses termes, "de finir à l'écrevisse, à Brumath", elle a imposé le Bühreisel.
J*** F*** lit le célèbre passage de St Paul : "si je n'ai pas la charité". La fidélité au texte me pose problème : Saint Paul a-t-il écrit "je pourrais posséder les énergies du futur… tout cela n'est que vent."? Je me souvenais de "parler toutes les langues de la terre", et aussi de "bronze qui sonne creux". Curieusement, le texte anglais des fascicules se souvient de la même chose que moi! Force m'est de constater que le texte français a été paraphrasé. Par qui? Pourquoi? Etant donné qu'il est arrivé "par internet", on a la réponse à la première question.
Premier sermon, du prêtre catholique, qui commence en précisant qu'il connaît bien les parents d’O***, et qu'il a utilisé Internet pour communiquer. Puis il parle de l'amour, de l'amour qui est formidable (je tombe en arrêt), comme le dit d'ailleurs la chanson : qu'il est formidable d'aimer (je soupire un peu fort), etc, etc. C'est sans doute une malédiction qui me poursuit : je ne peux pas mettre les pieds dans une église que je ne connais pas, sans que… "Fais un vœu", me conseillerait Mamie. Dans chaque église que je ne connais pas, je ferai donc le vœu de n'entendre parler d'aucune des scies de Gianadda. Le prêtre continue sur la maison bâtie sur le sable et celle sur le roc. "La pluie peut venir…" En ce qui me concerne, c'est déjà fait.
Le prêtre anglican fait un sermon à la mode anglaise. C'est fort surprenant, il n'y a ni décorticage de texte, ni morale. Il évoque les églises sombres et allongées de l'Oxfordshire au XIVème siècle, où il y avait un jubé, pour séparer les fidèles des Mystères. Il explique ensuite que cela reflétait la mentalité de l'époque de la Grande Peste, où l'on pensait que la Peste était une punition, puis il dit que l'Eglise en Angleterre n'a pas "comme en France" à endurer d'anti-cléricalisme, qu'elle remplit aussi une fonction sociale (sous entendu : si vous croyez que c'est le cas en France…), et que si elle se désole avec le peuple, elle doit se réjouir aussi lors des occasions de joie, ce qui est le cas aujourd'hui. Une phrase de vœux aux mariés, et fin du sermon.
C'est bien, les sermons anglais! Puis c'est les consentements, les échanges d'anneaux et une bénédiction. Et un Pater prié "chacun dans sa langue", une belle cacophonie, quoi. Il y avait à mon avis bien plus de deux langues en même temps.
Mariage mixe : le dîner
Le bühreisel ayant 19/20 au Gault et trois macarons au Michelin, je pense qu'il faut que je m'étende un peu sur le menu.
En amuse-bouche, un truc servi dans une tasse qui mêle gélatine, pois cassés, œuf, lard et crème. Comment ne pas disserter dessus? La bouche a été amusée, mais attend le reste.
"Filet de brochet aux aromates, salade d'asperges et œuf poché". Très bon, les asperges sont petites, et le brochet est cuit impeccablement, homogènement, on dirait du beurre. On sent dès le début que le chef veille aux détails. Mais ce n'est pas du 19/20 à mon avis.
"Foie de canard dans son bouillon aux petits pois". Sublime! Un plat venu d'ailleurs. Jamais goûté un tel foie gras (là encore cuit impeccablement), avec une consistance de foie de veau. On pourrait dire pareil du bouillon et des petits pois : un goût d'une autre galaxie. Cela va être très très difficile de se remettre au bloc de foie gras de Carrefour. En un mot comme en 100 : le clou du menu.
"Canard braisé caramélisé aux épices, Carottes et navets fondants, semoule de blé dur". Très bon, encore que mon canard ait eu des nerfs.
Assiette de fromages (chèvre, comté, munster), puis "Ananas frais cuisiné à la vanille, sorbet à l'ananas et sablés au citron". Fort bon.
Un fondant au chocolat non inscrit dans le menu (coup de grâce pour mon estomac). Café (très parfumé), mignardises (remarquables!).
Les vins : un Pinot gris JP Dirler 99 (le meilleur bu jusqu'à présent, mais je bloque encore sur le côté alsacien), et un Château Piron, un bon petit Graves 98 sobre.
Service très bon.
En amuse-bouche, un truc servi dans une tasse qui mêle gélatine, pois cassés, œuf, lard et crème. Comment ne pas disserter dessus? La bouche a été amusée, mais attend le reste.
"Filet de brochet aux aromates, salade d'asperges et œuf poché". Très bon, les asperges sont petites, et le brochet est cuit impeccablement, homogènement, on dirait du beurre. On sent dès le début que le chef veille aux détails. Mais ce n'est pas du 19/20 à mon avis.
"Foie de canard dans son bouillon aux petits pois". Sublime! Un plat venu d'ailleurs. Jamais goûté un tel foie gras (là encore cuit impeccablement), avec une consistance de foie de veau. On pourrait dire pareil du bouillon et des petits pois : un goût d'une autre galaxie. Cela va être très très difficile de se remettre au bloc de foie gras de Carrefour. En un mot comme en 100 : le clou du menu.
"Canard braisé caramélisé aux épices, Carottes et navets fondants, semoule de blé dur". Très bon, encore que mon canard ait eu des nerfs.
Assiette de fromages (chèvre, comté, munster), puis "Ananas frais cuisiné à la vanille, sorbet à l'ananas et sablés au citron". Fort bon.
Un fondant au chocolat non inscrit dans le menu (coup de grâce pour mon estomac). Café (très parfumé), mignardises (remarquables!).
Les vins : un Pinot gris JP Dirler 99 (le meilleur bu jusqu'à présent, mais je bloque encore sur le côté alsacien), et un Château Piron, un bon petit Graves 98 sobre.
Service très bon.
Livre : Gabriel Matzneff, Mes soleils perdus
Fini de lire Mes soleils perdus, le nouveau volume du journal de Gabriel Matzneff. 550 pages en tout, plus de la moitié très irritantes : toujours la litanie des petites amantes, comme on l'avait subie déjà dans Mes amours décomposées. Et on se surprend à la longue à voir deux traits déplaisants chez le libertin le plus célèbre de l'hexagone. 1°) il a une préférence pour la minette fortunée et habitant dans les beaux quartiers, si possible avec un père haut fonctionnaire, 2°) il est effectivement assez pique-assiette, comme le disait F***. Je ne sais si, la gloire venant, il payait son restaurant, mais le restau, il y en avait tous les soirs, et tous les soirs en compagnie. Lorsque c'est avec un milliardaire, c'est Senderens direct! Matzneff est bien singulier, d'ailleurs : il professe de haïr le "gendelettrisme" mais est sans cesse fourré dans les endroits où on les trouve, la Closerie des Lilas en tout premier lieu, la Coupole, Lipp… mais il semble ne pas aimer les Deux Magots. Si cela n'est pas germanopratin.
Il y a quelques éclaircies : lorsqu'il va à Ceylan pour écrire Ivre du vin perdu, qu'il considère à juste titre comme son meilleur roman. Et des moments énervants : il ne peut pas voir une minette sans la draguer. Les dernières pages (1982) se finissent sur l'affaire du Coral où il fut dénoncé calomnieusement. Et sur les quatorze nominés du Goncourt, et les douze du Renaudot :Ivre du vin perdu ne figure ni parmi les uns ni parmi les autres, ce qui est objectivement scandaleux.
Aussi la figure de "Marie-Elisabeth", une amante spirituelle et plutôt bonne poire, à en croire toutes les concurrentes qu'elle voit passer sous ses yeux. Et des gens connus, Cioran, Hergé qui se meurt doucement, et même… Georges Ferney, à l'enterrement duquel il se rend en 1982.
Tout cela ne change pas grand chose à la connaissance qu'on avait de Matzneff, cela ajoute Marie-Elisabeth, mais rien de neuf sous le soleil; ses plus grands romans restent Ivre et les lèvres menteuses, et mon journal préféré les deux premiers tomes.
Il y a quelques éclaircies : lorsqu'il va à Ceylan pour écrire Ivre du vin perdu, qu'il considère à juste titre comme son meilleur roman. Et des moments énervants : il ne peut pas voir une minette sans la draguer. Les dernières pages (1982) se finissent sur l'affaire du Coral où il fut dénoncé calomnieusement. Et sur les quatorze nominés du Goncourt, et les douze du Renaudot :Ivre du vin perdu ne figure ni parmi les uns ni parmi les autres, ce qui est objectivement scandaleux.
Aussi la figure de "Marie-Elisabeth", une amante spirituelle et plutôt bonne poire, à en croire toutes les concurrentes qu'elle voit passer sous ses yeux. Et des gens connus, Cioran, Hergé qui se meurt doucement, et même… Georges Ferney, à l'enterrement duquel il se rend en 1982.
Tout cela ne change pas grand chose à la connaissance qu'on avait de Matzneff, cela ajoute Marie-Elisabeth, mais rien de neuf sous le soleil; ses plus grands romans restent Ivre et les lèvres menteuses, et mon journal préféré les deux premiers tomes.