Notre pape a prononcé une très riche et profonde homélie, lors la messe d'inauguration de son pontificat. Benoît XVI n'a pas tracé de programmes comme l'espéraient les journalistes : "Mon véritable programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté, de ne pas poursuivre mes idées, mais, avec toute l’Église, de me mettre à l’écoute de la parole et de la volonté du Seigneur, et de me laisser guider par lui, de manière que ce soit lui-même qui guide l’Église en cette heure de notre histoire". Le pape a parlé en pasteur, en pédagogue. Il nous a introduit dans les merveilles du symbolisme chrétien en commentant longuement les deux signes qui représentent le ministère pétrinien, le pallium (longue écharpe de laine) et "l'anneau du pêcheur" qui lui ont été remis avant son homélie...
Je note avec satisfaction que le Saint Père a fait allusion à la Réversibilité : "Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. C'est pourquoi les trésors de la terre ne sont plus au service de l'édification du jardin de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asservis par les puissances de l'exploitation et de la destruction".
Cette idée renvoie en fait à théologie cosmique de l’Orient chrétien qui enseigne l’indissoluble lien de l’homme avec la nature et un salut commun avec toute la Création :
« Illuminé en christ, le monde reste enténébré en nous, figé dans son opacité par notre opacité spirituelle, livré aux forces du chaos par notre chaos intérieur, « Le désert croît » disait Nietzsche au siècle dernier, parlant du cœur de l’homme. Et nous le voyons croître aujourd’hui dans la nature » (Ignace IV, Patriarche d’Antioche, Sauver la Création, Desclée de Brouwer, 1989)
Enfin il a fait sienne la phrase de Jean Paul II en s'adressant tout particulièrement aux jeunes venus en nombre : "N'ayez pas peur"…"L'Eglise est vivante. L'Eglise est jeune. Elle porte en elle l'avenir du monde et c'est pourquoi elle montre aussi à chacun de nous le chemin de l'avenir".
Il a ajouté à la fin de son homélie : " Ainsi, aujourd’hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d’une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes : n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie.
A lire : l'intégralité de son homélie
Je note avec satisfaction que le Saint Père a fait allusion à la Réversibilité : "Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. C'est pourquoi les trésors de la terre ne sont plus au service de l'édification du jardin de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asservis par les puissances de l'exploitation et de la destruction".
Cette idée renvoie en fait à théologie cosmique de l’Orient chrétien qui enseigne l’indissoluble lien de l’homme avec la nature et un salut commun avec toute la Création :
« Illuminé en christ, le monde reste enténébré en nous, figé dans son opacité par notre opacité spirituelle, livré aux forces du chaos par notre chaos intérieur, « Le désert croît » disait Nietzsche au siècle dernier, parlant du cœur de l’homme. Et nous le voyons croître aujourd’hui dans la nature » (Ignace IV, Patriarche d’Antioche, Sauver la Création, Desclée de Brouwer, 1989)
Enfin il a fait sienne la phrase de Jean Paul II en s'adressant tout particulièrement aux jeunes venus en nombre : "N'ayez pas peur"…"L'Eglise est vivante. L'Eglise est jeune. Elle porte en elle l'avenir du monde et c'est pourquoi elle montre aussi à chacun de nous le chemin de l'avenir".
Il a ajouté à la fin de son homélie : " Ainsi, aujourd’hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d’une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes : n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie.
A lire : l'intégralité de son homélie
L'esprit de la liturgie
Sur le symbolisme chrétien un ouvrage fait maintenant référence. il s'agit de L’esprit de la liturgie de Joseph Ratzinger, alors Préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, qui plaide pour que le rite catholique soit « réenchâssé » dans le cosmos. Voici quelques extraits de la recension faite par Corinne Smith, pour la revue l’Ecologiste. Les citations en italiques sont tirées du livre de J.Ratzinger, paru aux éditions AD Solem en 2001. Avec ce très beau livre, Benoit XVI a remis au premier plan le symbolisme, si naturel aux esprits religieux (voir cet article. La pensée symbolique leur rend transparente la Création, ce livre de Dieu dont ils s'évertuent à déchiffrer et expliquer les hieroglyphes. "Penser mystiquement, ou symboliquement, disait Remy de Gourmont, est le plus haut et le plus noble effort de l'esprit" (Le Latin mystique)
« Si le culte rendu à Dieu est porteur d’une dimension cosmique c’est qu’il engage une vision globale de l’univers. En effet la liturgie, selon le dernier ouvrage du cardinal Ratzinger , «comme dans toutes les religions du monde », a pour objet « la paix de l’univers par la réconciliation avec Dieu, l’union du ciel et de la terre », l’objet premier de la liturgie serait donc le rétablissement de l’ordre du monde, menacé par le péché humain.
Dans la liturgie chrétienne, toutefois, à la différence de certaines sociétés traditionnelles, « il ne s’agit plus de rendre un culte solaire mais d’écouter le cosmos parler du Christ » (...) Cela est vrai pour le calendrier liturgique, correspondant au calendrier cosmique. En effet Noël a lieu peu après le solstice d’hiver, lorsque les journées s’allongent, symbolisant l’avènement de « La lumière véritable qui éclaire tout homme venant dans le monde ». A propos des rois mages, selon J.Ratzinger, « l’étoile mystérieuse qui guide les sages païens dans leur quête de la vérité est le symbole de cette relation intérieure entre le langage du cosmos et celui du cœur humain ». La fête de Pâques, calée sur la Pâque juive, est célébrée le dimanche après la première lune de printemps. Or cette période est également celle où le soleil traverse le signe astral du Bélier (ou de l’agneau) figurant pour les chrétiens, « l’Agneau de Dieu qui vient ôter le péché du monde » (...) La Transfiguration, lorsque le visage du Christ « resplendit comme le soleil » (Mt,17,2) a lieu en août, en plein cœur de l’été. Quant à la liturgie des « Heures » de l’office célébré dans les monastères, elle figure également la naissance, la vie et la mort du Christ et se fond dans le cycle solaire avec la succession des Matines, Tierce, Laudes, Vêpres et Complies (...) La liturgie s’ancre également dans des points de repère spatiaux. En témoigne l’orientation habituelle des églises, des fidèles, et du prêtre dans le rite tridentin, vers l’est, vers le Christ, soleil des chrétiens (...) La liturgie réunit les symboles théologiques et cosmologique. Par exemple la croix au milieu de l’autel représente la croix sur la montagne sainte, dont l’élévation est figurée par les trois marches conduisant à l’autel. Qui plus est cette croix est de nature cosmique (cf : Joseph Ratzinger cite de nombreux textes des Pères sur le mystère cosmique de la Croix. Je vous y renvoie)
Quant au rite central de l’Eucharistie, il a un sens éminemment cosmique, car, selon J.Ratzinger, célébrer par la transformation du pain et du vin en corps et sang du christ, « c’est rendre un culte qui embrasse ciel et terre » ( cf : je vous proposerai sous peu un texte d’Edith Stein qui exprime admirablement cette conception) (...)
Pour les chrétiens, le dimanche, se substituant au shabbat juif, jour de repos du Seigneur, symbolise le huitième jour de la Création. En effet pour les Pères de l’Eglise, le jour de la Résurrection du Christ est le jour de la Nouvelle Création qui aspire elle aussi au salut et à la délivrance : saint Paul dit que « toute la création, jusqu’à ce jour, gémit en travail d’enfantement » (voir tous mes articles sur le sur le sujet)
Corinne Smith, La liturgie cosmique, revue l'Ecologiste, n°9, p.65
« Si le culte rendu à Dieu est porteur d’une dimension cosmique c’est qu’il engage une vision globale de l’univers. En effet la liturgie, selon le dernier ouvrage du cardinal Ratzinger , «comme dans toutes les religions du monde », a pour objet « la paix de l’univers par la réconciliation avec Dieu, l’union du ciel et de la terre », l’objet premier de la liturgie serait donc le rétablissement de l’ordre du monde, menacé par le péché humain.
Dans la liturgie chrétienne, toutefois, à la différence de certaines sociétés traditionnelles, « il ne s’agit plus de rendre un culte solaire mais d’écouter le cosmos parler du Christ » (...) Cela est vrai pour le calendrier liturgique, correspondant au calendrier cosmique. En effet Noël a lieu peu après le solstice d’hiver, lorsque les journées s’allongent, symbolisant l’avènement de « La lumière véritable qui éclaire tout homme venant dans le monde ». A propos des rois mages, selon J.Ratzinger, « l’étoile mystérieuse qui guide les sages païens dans leur quête de la vérité est le symbole de cette relation intérieure entre le langage du cosmos et celui du cœur humain ». La fête de Pâques, calée sur la Pâque juive, est célébrée le dimanche après la première lune de printemps. Or cette période est également celle où le soleil traverse le signe astral du Bélier (ou de l’agneau) figurant pour les chrétiens, « l’Agneau de Dieu qui vient ôter le péché du monde » (...) La Transfiguration, lorsque le visage du Christ « resplendit comme le soleil » (Mt,17,2) a lieu en août, en plein cœur de l’été. Quant à la liturgie des « Heures » de l’office célébré dans les monastères, elle figure également la naissance, la vie et la mort du Christ et se fond dans le cycle solaire avec la succession des Matines, Tierce, Laudes, Vêpres et Complies (...) La liturgie s’ancre également dans des points de repère spatiaux. En témoigne l’orientation habituelle des églises, des fidèles, et du prêtre dans le rite tridentin, vers l’est, vers le Christ, soleil des chrétiens (...) La liturgie réunit les symboles théologiques et cosmologique. Par exemple la croix au milieu de l’autel représente la croix sur la montagne sainte, dont l’élévation est figurée par les trois marches conduisant à l’autel. Qui plus est cette croix est de nature cosmique (cf : Joseph Ratzinger cite de nombreux textes des Pères sur le mystère cosmique de la Croix. Je vous y renvoie)
Quant au rite central de l’Eucharistie, il a un sens éminemment cosmique, car, selon J.Ratzinger, célébrer par la transformation du pain et du vin en corps et sang du christ, « c’est rendre un culte qui embrasse ciel et terre » ( cf : je vous proposerai sous peu un texte d’Edith Stein qui exprime admirablement cette conception) (...)
Pour les chrétiens, le dimanche, se substituant au shabbat juif, jour de repos du Seigneur, symbolise le huitième jour de la Création. En effet pour les Pères de l’Eglise, le jour de la Résurrection du Christ est le jour de la Nouvelle Création qui aspire elle aussi au salut et à la délivrance : saint Paul dit que « toute la création, jusqu’à ce jour, gémit en travail d’enfantement » (voir tous mes articles sur le sur le sujet)
Corinne Smith, La liturgie cosmique, revue l'Ecologiste, n°9, p.65