Les prédictions de Nelly se sont avérées juste. Littell a remporté le grand prix de l’académie Française et surtout, le Prix Goncourt. Pour ma part je n’ai pas encore lu ce livre. J’attends que Nelly me prête son exemplaire afin de pouvoir me former ma propre opinion. Les préférences littéraires de cet écrivain d’origine américaine sont aux antipodes des miennes : Bataille, l’auteur d’un prétentieux et indigeste traité d’a-théologie, d’essais convenus sur l’érotisme, le mal etc… ; Genet : insupportable et, comble de tout, Sade dont les livres sont tout simplement illisibles. Ces écrivains, finalement, incarnent beaucoup moins la «modernité», au sens où l’entend Antoine compagnon, que les grands «anti-modernes» catholiques, tels Maistre, Bloy ou Bernanos.
J’ai parcouru à la Fnac quelques passages du roman de Littell, narrant la rencontre de Max Aue et de Lucien Rebatet. J’avoue avoir ressenti une certaine déception. Certes Littell a lu Les Décombres, essai-pamphlet sulfureux, gâté par les tendances antisémites de son auteur, mais qui reste un document incontournable sur la vie intellectuelle française de la fin des années trente. L’insertion de ce personnage réel dans la trame romanesque échoue dans la mesure où Rebatet ne sert qu’à illustrer un «type». Le travail d’identification qui consiste à devenir le personnage, Littell ne le réalise que pour Max Aue. L’embêtant c’est que ce dernier est un officier supérieur nazi. Rebatet, comme d’autres personnages réels ou fictifs, pâtit de ce choix. Il ne s’impose pas comme un personnage vivant, «incarné», complexe, donc quelque part séduisant, au contraire de Max Aue. Si l'être réel Rebatet se trouve ravalé au niveau du "type", il n'était point nécessaire de l'intégrer au roman. A moins que M. Littel n'ait eu d'autre intention que de produire un effet littéraire...
Ceci dit le roman de Littel tourne autour d’une problématique fondamentale, excellemment analysée par Nelly, qui devrait avoir raison de mes réticences à lire ce pavé de 900 pages : la solidarité des hommes dans le bien et dans le mal. C’est cette problématique chère aux «anti-modernes» que je me suis efforcé d’explorer dans ma thèse sur la réversibilité (1)…
Pour finir, je tiens à féliciter Nelly qui nous a donné une des meilleurs recensions du roman disponibles sur le net…
1) Dans l’éditorial du Figaro, Étienne de Montety souligne qu’une des vertus de ce livre est d’avoir «plongé nos contemporains dans un bain bouillonnant, l’Europe entre 1940 et 1945. Ce faisant, il les force aussi à s’interroger sur leur passé, ses ombres et ses lumières, ainsi que sur la mystérieuse solidarité qui unit les hommes dans le bien comme dans le mal…»
Ps : Vos appréciations sur le roman sont les bienvenues...
J’ai parcouru à la Fnac quelques passages du roman de Littell, narrant la rencontre de Max Aue et de Lucien Rebatet. J’avoue avoir ressenti une certaine déception. Certes Littell a lu Les Décombres, essai-pamphlet sulfureux, gâté par les tendances antisémites de son auteur, mais qui reste un document incontournable sur la vie intellectuelle française de la fin des années trente. L’insertion de ce personnage réel dans la trame romanesque échoue dans la mesure où Rebatet ne sert qu’à illustrer un «type». Le travail d’identification qui consiste à devenir le personnage, Littell ne le réalise que pour Max Aue. L’embêtant c’est que ce dernier est un officier supérieur nazi. Rebatet, comme d’autres personnages réels ou fictifs, pâtit de ce choix. Il ne s’impose pas comme un personnage vivant, «incarné», complexe, donc quelque part séduisant, au contraire de Max Aue. Si l'être réel Rebatet se trouve ravalé au niveau du "type", il n'était point nécessaire de l'intégrer au roman. A moins que M. Littel n'ait eu d'autre intention que de produire un effet littéraire...
Ceci dit le roman de Littel tourne autour d’une problématique fondamentale, excellemment analysée par Nelly, qui devrait avoir raison de mes réticences à lire ce pavé de 900 pages : la solidarité des hommes dans le bien et dans le mal. C’est cette problématique chère aux «anti-modernes» que je me suis efforcé d’explorer dans ma thèse sur la réversibilité (1)…
Pour finir, je tiens à féliciter Nelly qui nous a donné une des meilleurs recensions du roman disponibles sur le net…
1) Dans l’éditorial du Figaro, Étienne de Montety souligne qu’une des vertus de ce livre est d’avoir «plongé nos contemporains dans un bain bouillonnant, l’Europe entre 1940 et 1945. Ce faisant, il les force aussi à s’interroger sur leur passé, ses ombres et ses lumières, ainsi que sur la mystérieuse solidarité qui unit les hommes dans le bien comme dans le mal…»
Ps : Vos appréciations sur le roman sont les bienvenues...