Je croyais avoir tout vu, tout connu, tout entendu dans les milieux moisis de l’enseignement public. Avec l’enseignement catholique, on descend beaucoup plus bas, dans des abysses de médiocrité qui peuvent vous aspirer sans espoir de retour si vous n’y prenez garde. Tous mes prochains articles seront consacrés à la dénonciation de cette énorme imposture que constitue l’enseignement dit «catholique», annexé aux castes les plus privilégiées et protégées de la société. Catholique, ai-je écrit… La perdition du sens des mots est telle qu’on peut déshonorer les vocables les plus nobles, les plus chargés d’histoire, de sens surnaturel, et cela sans trembler, sans craindre qu’un type encore investi d’un minimum d’honneur vienne vous coller une tarte dans la gueule. Bien entendu, tous les jeunes formés dans ces établissements, leurs enseignants, leurs directeurs sont les premiers à conchier le catholicisme et le pape lorsque ceux-ci-ci se trouvent en porte-à-faux avec leurs valeurs bourgeoises, leur vilénie médiocre. Comment ne pas trouver une confirmation de ce fait dans les réactions aux polémiques qui ont éclaté il y a peu à propos du pape et qui n’ont en fait servi que de prétexte à exhaler une haine trop longtemps contenue ? Les plus haineux se recrutaient parmi les cathos ; les plus modérés se trouvaient chez ceux qu’on considère parfois comme des parangons du gauchisme. Le pire ennemi du catholicisme à l’heure actuelle, c’est le catho. Une purge est nécessaire, sans quoi le catholicisme est voué à une disparition certaine. A la fin des années 60, le père Louis Bouyer, s’appuyant sur un certain nombre de faits alarmants, et qui ne tiennent pas seulement à la baisse des effectifs du clergé (ce qui peut être une bonne chose, vu son niveau depuis des lustres), Louis Bouyer donc prédisait la fin proche du catholicisme. Il ne se dérobait pas devant cette réalité effrayante : la mort d’une religion si étroitement liée à notre destin national. A l’époque, comme aujourd’hui, on glosait sur un possible sursaut de ces fantômes qui n’osent même plus, tant est grande leur décrépitude, se présenter comme des disciples du Christ. L’Archevêque de Paris, cet expert en « bioéthique » que je n’ai jamais entendu délivrer une parole puissante, sur quelque sujet que ce soit, parle d’une phase de transition pour l’Eglise. L’auto-aveuglement peut parfois aller très loin. Que ne ferait-on pas pour préserver son statut d’«éminence» ?
La situation présente confirme le diagnostic de Louis Bouyer. Le catholicisme français représente une branche de plus en plus pourrie de l’Olivier Franc. Il faut faire un effort d’imagination quasi désespéré pour croire qu’il s’y rattache encore. Tout est foireux : la liturgie, la théologie, le «personnel» que Maritain nous invitait tout de même à distinguer de l’Eglise, en tant qu’institution divine et objet de foi. Quant aux laïcs, je les tiens pour des abrutis finis. Je rigole à gorge déployée lorsque je découvre dans les devantures des librairies religieuses, tel essai d’un jeune coq arborant ce titre : «Dieu est de retour»….Bouaaaa…
Mais revenons à l’enseignement dit «catholique» qui offre une illustration assez flagrante de cette «décomposition» jadis analysée par Louis Bouyer et que rien ne semble plus pouvoir enrayer. Avec la complicité des responsables institutionnels, évêques en tête, un système s’édifie qui assurera aux plus aisés l’accès aux «grandes écoles», principales pourvoyeuses de privilèges. Spécialité bien française : on va verrouiller le système pour refouler dans les marges de la société tous ceux qui n’ont pas bénéficié de ce mode de formation formatée. Il faut voir les procédures de sélection des profs qui sont mises en place pour s’assurer de leur docilité, de leur parfaite insignifiance. Répondant à une annonce, j’ai eu la naïveté de suivre les différentes procédures devant conduire à la préparation d’un concours d’enseignement, voire à ces fameuses «suppléances» qui voient un non-titulaire remplacer un titulaire, souvent pour quelques jours et pour une bouchée de pain. Avec des petits travaux, je gagne mieux ma vie, tout en étant payé pendant les vacances. J’ai voulu m’intégrer à la communauté catholique, en faisant les efforts d’adaptation nécessaires. Mal m’en a pris. Pendant des semaines vous devez passer une série d’entretiens, avec des responsables des ressources humaines, des responsables d’établissements. On vous appelle un jour, plusieurs mois après vos premières démarches, pour réaliser une suppléance de quelques jours dans un collège. Mais non en fait, il ne s’agissait que d’un entretien de sélection. Pour réaliser vingt heures de remplacement, plusieurs personnes sont mises en concurrence… Je reste jusqu’au bout pour voir jusqu’où ils vont pousser la connerie. Le remplacement doit commencer demain. Il faudra rappeler, me dit-on, la personne titulaire qui vous fournira les précisions nécessaires pour réussir au mieux votre «suppléance» (on verse aisément dans la préciosité hypocrite dans ces milieux : on dit «suppléance» pour éviter de parler de «vacation», davantage synonyme de précarité et donc d’humiliation). A la fin de la matinée, on me rappelle sans honte. On ne s’excuse même pas de m’avoir fait déplacer pour une telle ineptie. Mon profil est excellent, mais on a préféré choisir un autre professeur, plus expérimenté ou je ne sais quoi. Combien de talents ont été gâchés, anéantis, à cause de ce système absurde, malsain, où l’on cherche à tenir les gens sous dépendance en jouant sur leurs points les plus faibles ? Entre le titulaire et le non-titulaire, il y a dans la société française l’abîme qui séparait dans l’ancien régime l’aristocrate que tous doivent envier du roturier méprisé. C’est pourquoi le premier prof d’histoire-géo venu est tellement imbu de ses privilèges de médiocre qu’il est prêt à descendre dans la rue, bloquer son école, endoctriner ses élèves lorsque l’EN entreprend la moindre réformette, même la plus insignifiante. Le plus petit conseiller d’éducation d’un collège des beaux quartiers se pavane dans son bureau refait à neuf, admirant son Mac, se prenant pour le roi du monde….. Pauvres nazes !
Je me rends plus tard à Neuilly. Je dois passer devant la «Commission Académique de l’Accord Collégial de Versailles» qui doit se prononcer sur le «pré-accord», condition indispensable à toute inscription au concours du CAFEP (CAPES version privée). Après s’être efforcés d’éluder le sujet catholique que je remettais régulièrement sur le tapis, les membres du jury m’interrogent sur mon aptitude à enseigner. Leur perplexité est grande en effet. Jamais, au cours d’un entretien, ils ne se sont sentis environnés d’un tel mépris. C’est la première fois en effet qu’on leur répond à la fois avec éloquence et agressivité, sans gestes malvenus mais à coups d’ondes psychiques. …
A suivre...
Je profite de la publication de ce texte pour rediffuser ici quelques articles anciens relatifs à l’enseignement catholique :
Haro sur l’Institut Catholique
L’arnaque du jour (le Diocèse de Paris)
Ma réponse à l’Université Catholique de Louvain
La situation présente confirme le diagnostic de Louis Bouyer. Le catholicisme français représente une branche de plus en plus pourrie de l’Olivier Franc. Il faut faire un effort d’imagination quasi désespéré pour croire qu’il s’y rattache encore. Tout est foireux : la liturgie, la théologie, le «personnel» que Maritain nous invitait tout de même à distinguer de l’Eglise, en tant qu’institution divine et objet de foi. Quant aux laïcs, je les tiens pour des abrutis finis. Je rigole à gorge déployée lorsque je découvre dans les devantures des librairies religieuses, tel essai d’un jeune coq arborant ce titre : «Dieu est de retour»….Bouaaaa…
Mais revenons à l’enseignement dit «catholique» qui offre une illustration assez flagrante de cette «décomposition» jadis analysée par Louis Bouyer et que rien ne semble plus pouvoir enrayer. Avec la complicité des responsables institutionnels, évêques en tête, un système s’édifie qui assurera aux plus aisés l’accès aux «grandes écoles», principales pourvoyeuses de privilèges. Spécialité bien française : on va verrouiller le système pour refouler dans les marges de la société tous ceux qui n’ont pas bénéficié de ce mode de formation formatée. Il faut voir les procédures de sélection des profs qui sont mises en place pour s’assurer de leur docilité, de leur parfaite insignifiance. Répondant à une annonce, j’ai eu la naïveté de suivre les différentes procédures devant conduire à la préparation d’un concours d’enseignement, voire à ces fameuses «suppléances» qui voient un non-titulaire remplacer un titulaire, souvent pour quelques jours et pour une bouchée de pain. Avec des petits travaux, je gagne mieux ma vie, tout en étant payé pendant les vacances. J’ai voulu m’intégrer à la communauté catholique, en faisant les efforts d’adaptation nécessaires. Mal m’en a pris. Pendant des semaines vous devez passer une série d’entretiens, avec des responsables des ressources humaines, des responsables d’établissements. On vous appelle un jour, plusieurs mois après vos premières démarches, pour réaliser une suppléance de quelques jours dans un collège. Mais non en fait, il ne s’agissait que d’un entretien de sélection. Pour réaliser vingt heures de remplacement, plusieurs personnes sont mises en concurrence… Je reste jusqu’au bout pour voir jusqu’où ils vont pousser la connerie. Le remplacement doit commencer demain. Il faudra rappeler, me dit-on, la personne titulaire qui vous fournira les précisions nécessaires pour réussir au mieux votre «suppléance» (on verse aisément dans la préciosité hypocrite dans ces milieux : on dit «suppléance» pour éviter de parler de «vacation», davantage synonyme de précarité et donc d’humiliation). A la fin de la matinée, on me rappelle sans honte. On ne s’excuse même pas de m’avoir fait déplacer pour une telle ineptie. Mon profil est excellent, mais on a préféré choisir un autre professeur, plus expérimenté ou je ne sais quoi. Combien de talents ont été gâchés, anéantis, à cause de ce système absurde, malsain, où l’on cherche à tenir les gens sous dépendance en jouant sur leurs points les plus faibles ? Entre le titulaire et le non-titulaire, il y a dans la société française l’abîme qui séparait dans l’ancien régime l’aristocrate que tous doivent envier du roturier méprisé. C’est pourquoi le premier prof d’histoire-géo venu est tellement imbu de ses privilèges de médiocre qu’il est prêt à descendre dans la rue, bloquer son école, endoctriner ses élèves lorsque l’EN entreprend la moindre réformette, même la plus insignifiante. Le plus petit conseiller d’éducation d’un collège des beaux quartiers se pavane dans son bureau refait à neuf, admirant son Mac, se prenant pour le roi du monde….. Pauvres nazes !
Je me rends plus tard à Neuilly. Je dois passer devant la «Commission Académique de l’Accord Collégial de Versailles» qui doit se prononcer sur le «pré-accord», condition indispensable à toute inscription au concours du CAFEP (CAPES version privée). Après s’être efforcés d’éluder le sujet catholique que je remettais régulièrement sur le tapis, les membres du jury m’interrogent sur mon aptitude à enseigner. Leur perplexité est grande en effet. Jamais, au cours d’un entretien, ils ne se sont sentis environnés d’un tel mépris. C’est la première fois en effet qu’on leur répond à la fois avec éloquence et agressivité, sans gestes malvenus mais à coups d’ondes psychiques. …
A suivre...
Je profite de la publication de ce texte pour rediffuser ici quelques articles anciens relatifs à l’enseignement catholique :
Haro sur l’Institut Catholique
L’arnaque du jour (le Diocèse de Paris)
Ma réponse à l’Université Catholique de Louvain