Voici un long extrait de la méditation d'Albert Frank-Duquesne sur les trois grandes tentations du Christ au désert. Ce texte est superbe..Je vous conseille de l'imprimer pour faciliter votre lecture..
De nouveau le diable le prend avec lui sur la très haute montagne, lui montre tous les royaumes du monde avec leur gloire et lui dit : «Tout cela, je te le donnerai, si, te prosternant, tu me rends hommage». Alors Jésus lui dit : «Retire-toi Satan ! Car il est écrit:
C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras,
Et à Lui seul tu rendras un culte» (Matt.4:8-10)
Satan transporte Jésus, Lui fait franchir une grande distance, l’amène très haut, Lui découvre – à ce petit charpentier de Nazareth – toute la gloire du créé…Voici le plein jour. Les deux adversaires, derechef, sont seuls, au centre du monde…deux points semble-t-il, au centre d’un éblouissement, d’une cosmique averse de lumière, torride, hallucinante : sous le soleil de Satan.
Immobiles, tous deux, cependant, dévorent l’espace…C’est, pour «le fils du charpentier» une magie, un spectacle inouï, à faire chavirer l’âme. Des nuées lointaines, qui resplendissent à l’horizon, surgissent et défilent sous le regard des formes, des ressemblances, des scènes entières, tout un univers fantastique, dont la radieuse beauté prend à la gorge, enivre, fait trembler, murmurer : «Qu’ici le temps s’arrête, car je ne désire pas davantage !». C’est tout un monde, d’où montent vers Jésus des mots, des sons musicaux, toute une harmonie puissante et majestueuse, où se confondent les cris des pierres, des plantes, des bêtes, des hommes, la grave harmonie des sphères. C’est une incantation confuse, mais enchanteresse, qui, peu à peu, se précise, devient un seul appel : «O Toi, Celui-qui-vient, règne sur nous !». C’est la création, le macrocosme tout entier, que l’Homme «ramasse», récapitule, synthétise, et qu’il doit gouverner…mais la jalousie de Yahweh l’en empêche. Ah ! Titan, si seulement Tu connaissais ta force, et qu’Adonaï n’est fort que de ton hésitation ! Gloire, beauté, puissance, majesté : l’univers rend hommage à l’homme, seul digne de régner sur lui…
Et voici qu’apparaissent, sous le regard du Christ, toutes les «valeurs terrestres» : grandeur, art, pensée, et cette science qui fracture l’abîme où Dieu tente vainement d’abriter ses secrets ! Oui, c’est en pleine lumière, dans un jour éblouissant – au point qu’il soûle, mais sa chaleur, au lieu de rendre torpide, enrichit le sang, active la circulation, semble-t-il, entraîne et dresse l’homme tout entier – c’est dans une aura de splendeur et d’aura créatrice qu’apparaît enfin, qu’émerge au midi d’une connaissance enfin libérée l’homme, dieu véritable de cet univers […]
Quel univers ! Quelles inexhaustibles richesses ! Pour vous et moi, la tentation serait irrésistible. A mesure que les êtres eussent défilé devant nous – sans secret, à nu, offrant à notre regard le plus intime de leur essence – notre intelligence extasiée, transfigurée au-delà de ses limites terrestres, leur eût donné, avec un nom nouveau, un sens, une portée, une destinée (Gen,2 :19-20). Oh ! c’est besogne de démiurge ! Notre cœur, tantôt gonflé jusqu’à éclater, tantôt inerte, serré d’émotion, se fût mis à l’unisson de l’universelle harmonie. La «compassion cosmique de Bouddha», la paternelle sympathie penchée sur les myriades d’êtres, nous l’eussions ressentie. Nos yeux fussent devenus pure contemplation, émerveillement, envoûtement déifiant : vision béatifique, provoquée par les créatures ; nous nous fussions perdus dans la symphonie cosmique. Et la soif de nos âmes, nous l’eussions étanché à ce «fleuve de feu», à cette mayâ, à cette figura mundi derrière laquelle se cachaient les compagnons du Grand Enchanteur. A ce filtre affolant, nous eussions goûté pour apaiser l’indicible soif de nos cœurs, bondissants cette fois comme des oiselets en cage. Même déchu, même souillé, asservi au «vide» (Rom8:20), le cosmos, l’anthroposphère, a dû paraître sublime à l’Homme parfait, à l’Homme-Maximum (le mot est de Nicolas de Cues) ; et peut-être, sous la fallacieuse lumière de la tentation, Jésus a-t-Il entrevu la bonté, la vérité, la beauté des créatures, telles que son Père les a lancées dans l’être ? L’humanité si riche du Sauveur, a dû, bien plus que la nôtre n’eût plus le faire, découvrir et apprécier intensément la splendeur de cet univers, sympathiser en profondeur avec tout ce qu’elle a dû y retrouver de Dieu, du Verbe.
C’est à ce moment qu’une apostrophe éclate, claque comme un coup de feu :
- Toute cette exaltation de l’être et la gloire de ces royaumes, c’est à Toi que je donnerai tout cela ; car c’est à moi qu’a été livré tout cela, et à celui à qui je voudrai bien le donner. Si donc Tu te prosternes devant moi (pour m’en faire hommage comme un vassal à son suzerain), Je Te donnerai tous ces royaumes […]
Satan promet donc à Jésus toute la valeur, l’enrichissement des «royaumes», sphères ou «éons» cosmiques, et l’eritis sicut dii, la Gloire excellente, qui n’appartient qu’à Dieu seul (Luc, 2:14, Jean, 1:14)…Le Diable a raison d’exiger l’hommage féodal de Jésus, car «ce» monde souillé par la chute, appartient à l’homme qui s’est rué dans l’esclavage démoniaque. Cet escroc, ce tartuffe a l’impudence de nous offrir à bail notre propre héritage ! Jésus, dit souvent l’Evangile, lève les yeux : c’est ainsi qu’Il échappe à la vision du mal. Noyant d’une paisible et immuable étreinte toute cette scène de gloire et de beauté, le ciel, d’un bleu profond, frais, pur, sans la superficielle limpidité des regards humains, Le regarde aussi. Et de là, descendent, comme des nappes d’invisible lumière, sans l’éclat du «soleil de Satan», des certitudes granitiques, aussi denses que l’être même : «Je dois M’occuper des affaires de mon Père, et d’elles seules»...Ce que possède et donne Satan, comme lui-même l’avoue, c’est «tout cela», qui n’est pas le Royaume du Père, auquel le Christ a consacré sa vie. Au Diable et du Diable – et «dans» le Diable, selon saint Jean ! – les «éons» et «royaumes» de cet univers galvaudé. Lorsque Satan Lui propose d’établir, tout de suite et n’importe comment, la théocratie messianique, c’est pour que son règne arrive, car tout règne qui n’appartient pas à Dieu, relève inéluctablement du Démon. C’est un Messie satanique, un «monde à venir» satanique, que le Tentateur propose à Jésus de réaliser. Sa malice est cousue de fil blanc : l’empire actuel du Mauvais, que lui a valu la Chute d’Adam, est frappé de précarité ; si la troisième Tentation avait réussi, il s’emparait de l’ «âge à venir», de l’éternité. En proposant à l’homme, en la Personne du Christ, de lui revendre son droit d’aînesse, le Diable s’apprête, au contraire, à le déposséder à jamais !
Il s’agit donc de détruire, comme dit la première Épitre johannique, les œuvres du Diable, «ce» royaume, «ce» monde, pour en affranchir l’homme…Ce cosmos qui, «malgré lui s’est trouvé asservi au vide» (Rom,8-20), à l’enflure, à la baudruche ontologique, et, trahi par l’homme, son régent, livré au Démon, comme Satan lui-même dit à Jésus – non par Dieu comme le Diable le sous-entend malicieusement, mais par Adam – sert la cause du Mensonge ; il devient, après cette autre Ascension que prépare le Golgotha, le Royaume de Dieu. C’est pourquoi le Christ voit, abolissant la durée, déjà se transformer sa vision : c’est l’agenouillement du monde ; et l’harmonie des sphères redevient plein-chant de la création ; Devant les yeux «levés» de Jésus, les prophéties d’Isaïe se réalisent dans toute leur force : c’est un cortège interminable, où des multitudes venues des «îles les plus lointaines», des galaxies, des «univers-îles», apportent leurs dons, leurs talents, leurs richesses matérielles, intellectuelles, spirituelles, offrent leurs œuvres de beauté, consacrent leur sagesse, devant le trône de Dieu et de l’Agneau comme immolé. Car l’univers de Yahweh se trouve restauré par l’immolation. Restitué à soi-même par Dieu, dédié par soi-même à Dieu, le monde, où règne désormais la paix de Dieu, baigne à jamais dans la Gloire de Dieu. Mais ce Royaume est né de l’adoration, il est le fruit de l’humiliation volontaire, il suppose écrasée la rébellion. Ainsi la plus subtiles des trois Grandes tentations se retourne contre son auteur et s’avère la plus balourde, la plus grossière (le péché, comme exaspéré, intensifie d’ailleurs toujours, de plus en plus, la grossièreté de ses attaques). Elle provoque la réponse décisive :
«Décampe ! File ! Déguerpis, Satan ! Car il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur, ton Dieu, et tu n’adoreras que Lui seul».
Si Satan, lui-même poussé à bout, a démasqué ses batteries et, pour une fois, substitué l’impudeur à l’hypocrisie, Jésus, Lui non plus, ne voit pas pourquoi prolonger ce conflit : Il lui clame au visage le secret de sa méthode messianique, le plan de sa conquête : un seul suzerain, Yahwey ; et Lui, lui seul parce qu’il est digne, non seulement d’hommage, mais d’adoration latreutique. Tel est le principe du Royaume, et d’ailleurs de toute victoire, de tout triomphe».
« Réflexions sur Satan en marge de la tradition judéo-chrétienne », Satan, collectif, Desclée de Brouwer, 1948, p.237-239.
De nouveau le diable le prend avec lui sur la très haute montagne, lui montre tous les royaumes du monde avec leur gloire et lui dit : «Tout cela, je te le donnerai, si, te prosternant, tu me rends hommage». Alors Jésus lui dit : «Retire-toi Satan ! Car il est écrit:
C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras,
Et à Lui seul tu rendras un culte» (Matt.4:8-10)
Satan transporte Jésus, Lui fait franchir une grande distance, l’amène très haut, Lui découvre – à ce petit charpentier de Nazareth – toute la gloire du créé…Voici le plein jour. Les deux adversaires, derechef, sont seuls, au centre du monde…deux points semble-t-il, au centre d’un éblouissement, d’une cosmique averse de lumière, torride, hallucinante : sous le soleil de Satan.
Immobiles, tous deux, cependant, dévorent l’espace…C’est, pour «le fils du charpentier» une magie, un spectacle inouï, à faire chavirer l’âme. Des nuées lointaines, qui resplendissent à l’horizon, surgissent et défilent sous le regard des formes, des ressemblances, des scènes entières, tout un univers fantastique, dont la radieuse beauté prend à la gorge, enivre, fait trembler, murmurer : «Qu’ici le temps s’arrête, car je ne désire pas davantage !». C’est tout un monde, d’où montent vers Jésus des mots, des sons musicaux, toute une harmonie puissante et majestueuse, où se confondent les cris des pierres, des plantes, des bêtes, des hommes, la grave harmonie des sphères. C’est une incantation confuse, mais enchanteresse, qui, peu à peu, se précise, devient un seul appel : «O Toi, Celui-qui-vient, règne sur nous !». C’est la création, le macrocosme tout entier, que l’Homme «ramasse», récapitule, synthétise, et qu’il doit gouverner…mais la jalousie de Yahweh l’en empêche. Ah ! Titan, si seulement Tu connaissais ta force, et qu’Adonaï n’est fort que de ton hésitation ! Gloire, beauté, puissance, majesté : l’univers rend hommage à l’homme, seul digne de régner sur lui…
Et voici qu’apparaissent, sous le regard du Christ, toutes les «valeurs terrestres» : grandeur, art, pensée, et cette science qui fracture l’abîme où Dieu tente vainement d’abriter ses secrets ! Oui, c’est en pleine lumière, dans un jour éblouissant – au point qu’il soûle, mais sa chaleur, au lieu de rendre torpide, enrichit le sang, active la circulation, semble-t-il, entraîne et dresse l’homme tout entier – c’est dans une aura de splendeur et d’aura créatrice qu’apparaît enfin, qu’émerge au midi d’une connaissance enfin libérée l’homme, dieu véritable de cet univers […]
Quel univers ! Quelles inexhaustibles richesses ! Pour vous et moi, la tentation serait irrésistible. A mesure que les êtres eussent défilé devant nous – sans secret, à nu, offrant à notre regard le plus intime de leur essence – notre intelligence extasiée, transfigurée au-delà de ses limites terrestres, leur eût donné, avec un nom nouveau, un sens, une portée, une destinée (Gen,2 :19-20). Oh ! c’est besogne de démiurge ! Notre cœur, tantôt gonflé jusqu’à éclater, tantôt inerte, serré d’émotion, se fût mis à l’unisson de l’universelle harmonie. La «compassion cosmique de Bouddha», la paternelle sympathie penchée sur les myriades d’êtres, nous l’eussions ressentie. Nos yeux fussent devenus pure contemplation, émerveillement, envoûtement déifiant : vision béatifique, provoquée par les créatures ; nous nous fussions perdus dans la symphonie cosmique. Et la soif de nos âmes, nous l’eussions étanché à ce «fleuve de feu», à cette mayâ, à cette figura mundi derrière laquelle se cachaient les compagnons du Grand Enchanteur. A ce filtre affolant, nous eussions goûté pour apaiser l’indicible soif de nos cœurs, bondissants cette fois comme des oiselets en cage. Même déchu, même souillé, asservi au «vide» (Rom8:20), le cosmos, l’anthroposphère, a dû paraître sublime à l’Homme parfait, à l’Homme-Maximum (le mot est de Nicolas de Cues) ; et peut-être, sous la fallacieuse lumière de la tentation, Jésus a-t-Il entrevu la bonté, la vérité, la beauté des créatures, telles que son Père les a lancées dans l’être ? L’humanité si riche du Sauveur, a dû, bien plus que la nôtre n’eût plus le faire, découvrir et apprécier intensément la splendeur de cet univers, sympathiser en profondeur avec tout ce qu’elle a dû y retrouver de Dieu, du Verbe.
C’est à ce moment qu’une apostrophe éclate, claque comme un coup de feu :
- Toute cette exaltation de l’être et la gloire de ces royaumes, c’est à Toi que je donnerai tout cela ; car c’est à moi qu’a été livré tout cela, et à celui à qui je voudrai bien le donner. Si donc Tu te prosternes devant moi (pour m’en faire hommage comme un vassal à son suzerain), Je Te donnerai tous ces royaumes […]
Satan promet donc à Jésus toute la valeur, l’enrichissement des «royaumes», sphères ou «éons» cosmiques, et l’eritis sicut dii, la Gloire excellente, qui n’appartient qu’à Dieu seul (Luc, 2:14, Jean, 1:14)…Le Diable a raison d’exiger l’hommage féodal de Jésus, car «ce» monde souillé par la chute, appartient à l’homme qui s’est rué dans l’esclavage démoniaque. Cet escroc, ce tartuffe a l’impudence de nous offrir à bail notre propre héritage ! Jésus, dit souvent l’Evangile, lève les yeux : c’est ainsi qu’Il échappe à la vision du mal. Noyant d’une paisible et immuable étreinte toute cette scène de gloire et de beauté, le ciel, d’un bleu profond, frais, pur, sans la superficielle limpidité des regards humains, Le regarde aussi. Et de là, descendent, comme des nappes d’invisible lumière, sans l’éclat du «soleil de Satan», des certitudes granitiques, aussi denses que l’être même : «Je dois M’occuper des affaires de mon Père, et d’elles seules»...Ce que possède et donne Satan, comme lui-même l’avoue, c’est «tout cela», qui n’est pas le Royaume du Père, auquel le Christ a consacré sa vie. Au Diable et du Diable – et «dans» le Diable, selon saint Jean ! – les «éons» et «royaumes» de cet univers galvaudé. Lorsque Satan Lui propose d’établir, tout de suite et n’importe comment, la théocratie messianique, c’est pour que son règne arrive, car tout règne qui n’appartient pas à Dieu, relève inéluctablement du Démon. C’est un Messie satanique, un «monde à venir» satanique, que le Tentateur propose à Jésus de réaliser. Sa malice est cousue de fil blanc : l’empire actuel du Mauvais, que lui a valu la Chute d’Adam, est frappé de précarité ; si la troisième Tentation avait réussi, il s’emparait de l’ «âge à venir», de l’éternité. En proposant à l’homme, en la Personne du Christ, de lui revendre son droit d’aînesse, le Diable s’apprête, au contraire, à le déposséder à jamais !
Il s’agit donc de détruire, comme dit la première Épitre johannique, les œuvres du Diable, «ce» royaume, «ce» monde, pour en affranchir l’homme…Ce cosmos qui, «malgré lui s’est trouvé asservi au vide» (Rom,8-20), à l’enflure, à la baudruche ontologique, et, trahi par l’homme, son régent, livré au Démon, comme Satan lui-même dit à Jésus – non par Dieu comme le Diable le sous-entend malicieusement, mais par Adam – sert la cause du Mensonge ; il devient, après cette autre Ascension que prépare le Golgotha, le Royaume de Dieu. C’est pourquoi le Christ voit, abolissant la durée, déjà se transformer sa vision : c’est l’agenouillement du monde ; et l’harmonie des sphères redevient plein-chant de la création ; Devant les yeux «levés» de Jésus, les prophéties d’Isaïe se réalisent dans toute leur force : c’est un cortège interminable, où des multitudes venues des «îles les plus lointaines», des galaxies, des «univers-îles», apportent leurs dons, leurs talents, leurs richesses matérielles, intellectuelles, spirituelles, offrent leurs œuvres de beauté, consacrent leur sagesse, devant le trône de Dieu et de l’Agneau comme immolé. Car l’univers de Yahweh se trouve restauré par l’immolation. Restitué à soi-même par Dieu, dédié par soi-même à Dieu, le monde, où règne désormais la paix de Dieu, baigne à jamais dans la Gloire de Dieu. Mais ce Royaume est né de l’adoration, il est le fruit de l’humiliation volontaire, il suppose écrasée la rébellion. Ainsi la plus subtiles des trois Grandes tentations se retourne contre son auteur et s’avère la plus balourde, la plus grossière (le péché, comme exaspéré, intensifie d’ailleurs toujours, de plus en plus, la grossièreté de ses attaques). Elle provoque la réponse décisive :
«Décampe ! File ! Déguerpis, Satan ! Car il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur, ton Dieu, et tu n’adoreras que Lui seul».
Si Satan, lui-même poussé à bout, a démasqué ses batteries et, pour une fois, substitué l’impudeur à l’hypocrisie, Jésus, Lui non plus, ne voit pas pourquoi prolonger ce conflit : Il lui clame au visage le secret de sa méthode messianique, le plan de sa conquête : un seul suzerain, Yahwey ; et Lui, lui seul parce qu’il est digne, non seulement d’hommage, mais d’adoration latreutique. Tel est le principe du Royaume, et d’ailleurs de toute victoire, de tout triomphe».
« Réflexions sur Satan en marge de la tradition judéo-chrétienne », Satan, collectif, Desclée de Brouwer, 1948, p.237-239.