Il faut choisir. Une jeune fille humble, tendre et pudique ou une jeune fille sauvageonne qui se plait à accomplir son office d’impureté. La tradinette-archétype ou la stringeuse....
Quand des crises juponières vous accablent, que vous êtes sous le coup d’hallucinations en pleine journée, que la clameur des sens devient furieuse, excitée par la vue des sirènes pernicieuses des rues, vous êtes prêt à tout lâcher.
Vous vous tournez alors vers les stringeuses, ces êtres de rechute obéissant à l’obscur assouvissement de leur essence maligne, ces éveilleuses de mauvais désirs, ces initiatrices de joies réprouvées. Régressant vers les plus sordides sphères de l’Instinct, vous devenez semblable à ces loques humaines dont les grandes villes offrent des exemplaires effrayants.
C’est alors que la tradinette s’éveille, ainsi qu’une image du remords, en vos pensées hantées par la stringeuse. Un combat terrible se déroule dans votre âme, entre la stringeuse et la tradinette, l’éternel combat de la chair et de l’esprit, du vice et de la vertu. Qui remportera la victoire ? Je suis trop usé par cette vieille querelle pour en décider. Je suis simplement déterminé à me soumettre à la victorieuse, c’est tout. La lutte commence : la première se rue en furieuse sur la seconde qui esquive chaque coup de griffes, chaque claque. Cet art de l’esquive attise la rage de la stringeuse qui se précipite sur notre tradinette pour la mordre à sang et lui arracher les cheveux. Mais la maîtrise, le calme souverain qu’affiche celle-ci, rompue aux exercices de saint Ignace, a raison de la furie de celle-là. La stringeuse s’effondre épuisée, sans avoir pu atteindre ni même effleurer une fois son adversaire. La tradinette a remporté la victoire. Je me livre maintenant pieds et mains liés à elle...
Pleine d’une grâce hiératique, elle s’approche…ses yeux empreints de douceur aimante se posent sur moi…je n’ose esquisser le moindre geste. Elle me tend la main… «Approchez Nicolas»…. Que faire ? Mon destin se joue à l’instant même. Fuir ? Oui… rejoindre la stringeuse… me rouler avec elle dans un lit de fange…partir, fuir, tout de suite, tout oublier… je ne mérite pas mieux… C’est alors qu’obéissant à une brusque inspiration, je me jette sur sa main secourable alors qu’une partie de moi-même est déjà emportée dans un tourbillon de sensualité et de bestialité. Elle me retient et m’attire contre elle. L’ennemi n’a d’autre choix que de battre à nouveau en retraite. Le voilà vaincu, refoulé au loin, dans les ténèbres de la regio dissimulitidinis, la région de la dissemblance d’avec Dieu où il avait tenté de m’attirer afin que j’y établisse ma demeure.
Glossaire
Tradinette : jeune fille catholique de tradition en âge de se marier.
Stringeuse : jeune fille qui porte des strings et qui s'en vante.
String : stringus horribilis
Quand des crises juponières vous accablent, que vous êtes sous le coup d’hallucinations en pleine journée, que la clameur des sens devient furieuse, excitée par la vue des sirènes pernicieuses des rues, vous êtes prêt à tout lâcher.
Vous vous tournez alors vers les stringeuses, ces êtres de rechute obéissant à l’obscur assouvissement de leur essence maligne, ces éveilleuses de mauvais désirs, ces initiatrices de joies réprouvées. Régressant vers les plus sordides sphères de l’Instinct, vous devenez semblable à ces loques humaines dont les grandes villes offrent des exemplaires effrayants.
C’est alors que la tradinette s’éveille, ainsi qu’une image du remords, en vos pensées hantées par la stringeuse. Un combat terrible se déroule dans votre âme, entre la stringeuse et la tradinette, l’éternel combat de la chair et de l’esprit, du vice et de la vertu. Qui remportera la victoire ? Je suis trop usé par cette vieille querelle pour en décider. Je suis simplement déterminé à me soumettre à la victorieuse, c’est tout. La lutte commence : la première se rue en furieuse sur la seconde qui esquive chaque coup de griffes, chaque claque. Cet art de l’esquive attise la rage de la stringeuse qui se précipite sur notre tradinette pour la mordre à sang et lui arracher les cheveux. Mais la maîtrise, le calme souverain qu’affiche celle-ci, rompue aux exercices de saint Ignace, a raison de la furie de celle-là. La stringeuse s’effondre épuisée, sans avoir pu atteindre ni même effleurer une fois son adversaire. La tradinette a remporté la victoire. Je me livre maintenant pieds et mains liés à elle...
Pleine d’une grâce hiératique, elle s’approche…ses yeux empreints de douceur aimante se posent sur moi…je n’ose esquisser le moindre geste. Elle me tend la main… «Approchez Nicolas»…. Que faire ? Mon destin se joue à l’instant même. Fuir ? Oui… rejoindre la stringeuse… me rouler avec elle dans un lit de fange…partir, fuir, tout de suite, tout oublier… je ne mérite pas mieux… C’est alors qu’obéissant à une brusque inspiration, je me jette sur sa main secourable alors qu’une partie de moi-même est déjà emportée dans un tourbillon de sensualité et de bestialité. Elle me retient et m’attire contre elle. L’ennemi n’a d’autre choix que de battre à nouveau en retraite. Le voilà vaincu, refoulé au loin, dans les ténèbres de la regio dissimulitidinis, la région de la dissemblance d’avec Dieu où il avait tenté de m’attirer afin que j’y établisse ma demeure.
Glossaire
Tradinette : jeune fille catholique de tradition en âge de se marier.
Stringeuse : jeune fille qui porte des strings et qui s'en vante.
String : stringus horribilis