Depuis quelques temps on annonçait la publication de la nouvelle prière pour les juifs contenue dans la missel tridentin et destinée à la liturgie du Vendredi Saint. L'Oremus et pro Iudaeis du Missale Romanum avait été dénoncé par des organisations juives peu de temps après la promulgation du Motu Proprio permettant la libéralisation du rite tridentin. Les passages demandant à Dieu de "soustraire le peuple juif de ses ténèbres" et de "l'aveuglement" ont disparu.
Le texte est plus court mais très dense sur le plan théologique. La dernière partie de l’oraison doit retenir toute notre attention. Les catholiques sont invités à prier Dieu pour que« la plénitude des nations étant entrée dans (son) Eglise, tout Israël soit sauvé» (…concede propitius, ut plenitudine gentium in Ecclesiam Tuam intrante, omnis Israel salvus fiat) . Le problème c’est que cette phrase peut être interprétée dans le sens que lui donne la théologie moderne qui s’appuie sur ce verset pour accréditer l’idée d’une conversion des juifs à la fin des temps ou, pire encore, l’idée que la conversion de tous les païens entraînera ipso facto le salut de tous les juifs… J’ignore si le Vatican va assortir ce document d’une note explicative. Une chose est sûre : telle quelle cette phrase peut servir à étayer l’hypothèse que le judaïsme constitue une voie de salut, puisque même sans se convertir les juifs seront sauvés lorsque «la plénitude des nations» sera «entrée dans l’Eglise». C’est un texte assez diplomatique en fin de compte. On cherche à ménager ses amis juifs sans pour autant trahir saint Paul (d’autant que l’appel à la conversion des juifs subsiste dans la nouvelle prière: « Que notre Dieu et Seigneur illumine leur cœur et qu'ils reconnaissent Jésus Christ sauveur de tous les hommes »). Le véritable sens de ce verset est à chercher dans le texte de Frank-Duquesne sur le problème juif que j’ai diffusé ici il y a quelques mois. En voici quelques passages :
Pendant les siècles où, dans le monde païen, les individus sont incorporés à l'Église, jusqu'à ce que soit complété le nombre des élus non-juifs (Jésus conçoit les Païens comme des groupes, des ethnaï, les «gros animaux» de Platon, qu'il faut disloquer pour en amener les individus comme des « cellules » au Corps mystique), «c'est ainsi que tout Israël aura été sauvé» (Romains, 11:26), non comme entité nationale, mais homme par homme, pour les incorporer tous à la «nationalité» nouvelle, céleste, leur véritable patrie (St Paul). Non pas tous les Juifs ayant jamais vécu, ni même tous ceux d'une époque encore à venir, mais, insiste l'Apôtre (Rom. IX et X), ceux qui ont fait partie du véritable Israël, celui des Promesses, celui de l'Esprit.
Ainsi, tout au long du «temps des nations», et des Juifs (individuels) et des Païens (homme par homme) se détacheront de leurs ethnies respectives pour «entrer» dans l'Arche. C'est ainsi, affirme saint Paul que «tout (le véritable) Israël aura été sauvé», durant cette période. On traduit toujours «sera sauvé», comme si, au moment où tous les Païens prédestinés seront convertis, alors tous les Juifs («tout Israël») seront sauvés. C'est faux. Le verbe usité n'est pas lusetaï, futur simple, mais luthêsetaï, futur antérieur. Le salut de tout Israël se sera donc effectué pendant la conversion des Païens, du fait même de cette conversion. L'Eglise, disaient les premiers Pères, est «de Juifs et de Païens ».
Il s'agit là d'une action qui, pour St Paul, se réalisera certainement et sans tarder : telle est la nuance du verbe grec. Quand l'ensemble des Païens providentiellement élus et prévus atteindra sa limite, ipso facto TOUT Israël aura déjà été sauvé. Il n'y aura donc pas, à ce moment, de conversion massive et «catastrophique» du peuple juif, comme on l'imagine depuis quelques siècles sans l'ombre du moindre appui dans la Révélation et dans la tradition primitive (au contraire). Au moment où il ne restera plus un seul Païen à convertir pour que soit «complété le nombre des élus» provenant de la Gentilité, la conversion d'Israël – de l'Israël selon St Paul (comparer Galates IV avec Romains IX-XI) – sera déjà devenue un fait acquis, un acte achevé. Cet Israël, le seul authentique aux yeux de l'Apôtre, est «le véritable Israël», «celui de la Promesse et non pas de la chair», «l'Israël de Dieu», composé de «circoncis» ET d' «incirconcis» (Rom. 9:6-8 ; 1 Cor. 10:18 ; Gal. 6:16).
Le texte est plus court mais très dense sur le plan théologique. La dernière partie de l’oraison doit retenir toute notre attention. Les catholiques sont invités à prier Dieu pour que« la plénitude des nations étant entrée dans (son) Eglise, tout Israël soit sauvé» (…concede propitius, ut plenitudine gentium in Ecclesiam Tuam intrante, omnis Israel salvus fiat) . Le problème c’est que cette phrase peut être interprétée dans le sens que lui donne la théologie moderne qui s’appuie sur ce verset pour accréditer l’idée d’une conversion des juifs à la fin des temps ou, pire encore, l’idée que la conversion de tous les païens entraînera ipso facto le salut de tous les juifs… J’ignore si le Vatican va assortir ce document d’une note explicative. Une chose est sûre : telle quelle cette phrase peut servir à étayer l’hypothèse que le judaïsme constitue une voie de salut, puisque même sans se convertir les juifs seront sauvés lorsque «la plénitude des nations» sera «entrée dans l’Eglise». C’est un texte assez diplomatique en fin de compte. On cherche à ménager ses amis juifs sans pour autant trahir saint Paul (d’autant que l’appel à la conversion des juifs subsiste dans la nouvelle prière: « Que notre Dieu et Seigneur illumine leur cœur et qu'ils reconnaissent Jésus Christ sauveur de tous les hommes »). Le véritable sens de ce verset est à chercher dans le texte de Frank-Duquesne sur le problème juif que j’ai diffusé ici il y a quelques mois. En voici quelques passages :
Pendant les siècles où, dans le monde païen, les individus sont incorporés à l'Église, jusqu'à ce que soit complété le nombre des élus non-juifs (Jésus conçoit les Païens comme des groupes, des ethnaï, les «gros animaux» de Platon, qu'il faut disloquer pour en amener les individus comme des « cellules » au Corps mystique), «c'est ainsi que tout Israël aura été sauvé» (Romains, 11:26), non comme entité nationale, mais homme par homme, pour les incorporer tous à la «nationalité» nouvelle, céleste, leur véritable patrie (St Paul). Non pas tous les Juifs ayant jamais vécu, ni même tous ceux d'une époque encore à venir, mais, insiste l'Apôtre (Rom. IX et X), ceux qui ont fait partie du véritable Israël, celui des Promesses, celui de l'Esprit.
Ainsi, tout au long du «temps des nations», et des Juifs (individuels) et des Païens (homme par homme) se détacheront de leurs ethnies respectives pour «entrer» dans l'Arche. C'est ainsi, affirme saint Paul que «tout (le véritable) Israël aura été sauvé», durant cette période. On traduit toujours «sera sauvé», comme si, au moment où tous les Païens prédestinés seront convertis, alors tous les Juifs («tout Israël») seront sauvés. C'est faux. Le verbe usité n'est pas lusetaï, futur simple, mais luthêsetaï, futur antérieur. Le salut de tout Israël se sera donc effectué pendant la conversion des Païens, du fait même de cette conversion. L'Eglise, disaient les premiers Pères, est «de Juifs et de Païens ».
Il s'agit là d'une action qui, pour St Paul, se réalisera certainement et sans tarder : telle est la nuance du verbe grec. Quand l'ensemble des Païens providentiellement élus et prévus atteindra sa limite, ipso facto TOUT Israël aura déjà été sauvé. Il n'y aura donc pas, à ce moment, de conversion massive et «catastrophique» du peuple juif, comme on l'imagine depuis quelques siècles sans l'ombre du moindre appui dans la Révélation et dans la tradition primitive (au contraire). Au moment où il ne restera plus un seul Païen à convertir pour que soit «complété le nombre des élus» provenant de la Gentilité, la conversion d'Israël – de l'Israël selon St Paul (comparer Galates IV avec Romains IX-XI) – sera déjà devenue un fait acquis, un acte achevé. Cet Israël, le seul authentique aux yeux de l'Apôtre, est «le véritable Israël», «celui de la Promesse et non pas de la chair», «l'Israël de Dieu», composé de «circoncis» ET d' «incirconcis» (Rom. 9:6-8 ; 1 Cor. 10:18 ; Gal. 6:16).