Une tradition établie enseigne que la chute de Lucifer aurait été contemporaine de la création de l’homme et du monde. Dieu ayant manifesté à Lucifer son dessein de créer la race humaine et d’élever l’un de ses membres jusqu’à l’union hypostatique avec la seconde personne de la sainte Trinité, l’Ange sublime, à cette révélation du mystère de l’Incarnation, s'enivra d'orgueil ; il ne put souffrir qu’une autre créature contractât une si étroite union et se constitua dans la révolte à l’égard de Dieu et la haine de la race privilégiée…La substance de Satan c'est l'orgueil, l'orgueil qui conduit à l'ambition, à l'envie, au mensonge, à la haine du bien et du bonheur…Le châtiment suivit alors la révolte ; et celui qui avait été oint pour protéger les autres de son ampleur puissante fut précipité de la Montagne Sainte, entraînant avec lui de nombreuses légions d’anges qui formèrent son armée ténébreuse. La suite nous est dévoilée dans l'Apocalypse : «Et il y eut guerre dans le ciel; Michel et ses anges combattaient le dragon; et le dragon et ses anges se battaient, mais ne l’emportaient pas; aussi ne retrouvaient-ils plus leur place dans le ciel. Et le grand dragon était chassé, cet ancien serpent, appelé le Diable, et Satan, lequel séduit le monde entier; il était chassé du ciel pour échouer sur la terre, et ses anges étaient chassés avec lui» (Ap.12,7-9). Milton, dans son Paradis Perdu, a relaté sous la forme d'un poème épique les différents épisodes de cette guerre dans le ciel.
Albert Frank-Duquesne s'est interrogé sur la teneur de la transgression des anges déchus dans un texte des Etudes carmélitaines, intitulé Réflexions sur Satan en marge de la tradition judéo-chrétienne (Desclée de Brouwer, 1948). Cet ouvrage collectif sur Satan regroupe des contributions de Louis Massignon, d'Albert Béguin, de Joseph de Tonquedec, Jacques Madaule, Françoise Dolto etc…Frank-Duquesne se réfère à la dernière épitre canonique de saint Jude et à la Tradition Juive selon lesquelles le péché des anges réside dans le mépris de l'incarnation, prise dans son acception le plus large. Il reprend le parallèle établi par saint Jude (versets 5-7, 9-11) entre les anges déchus et les sodomites et les gnostiques. L'"homo angélisme" (mépris de la matière, de l'homme, de l'incarnation, consistant en une sorte d'"homosexualité spirituelle") correspond à l'inversion charnelle des sodomites. Voici la traduction que Frank Duquesne propose de Jude 7 : «De même, Sodome et Gomorrhe et les villes circonvoisines, ayant forniqué de la même façon (que les anges susmentionnés) et s'étant prises de convoitise pour une autre vie (que la légitime), gisent là en exemple, subissant la sanction d'un feu éternel» (p.192). Saint Jude suggère dans le verset suivant un parallèle avec les gnostiques : «Semblablement, ces délirants souillent la chair, méprisant la seigneurie, blasphémant les gloires», commentée ainsi par Frank-Duquesne : «Les gnostiques méprisent la matière. L'incarnation leur répugne, et la gloire que, par elle, l'homme peut tirer de la Croix, de la Chair et du Sang théantropiques. Analogiquement, nous l'avons vu, en refusant le commerce sexuel normal pour se confiner dans l'homosexualité, les citées perdues font, elles aussi, fi de cette universelle complémentarité (dont la sexuelle n'est qu'un aspect)…Gnostiques et Sodomites ne font que refléter, sur les "plans" respectivement psychique et somatique, l'homophysie, l'homopneumatisme, l'angélisme exclusif et gendarmé des anges déchus» (p.193)
Un autre passage du texte de Frank-Duquesne a retenu mon attention. Dans la huitième partie il cherche à expliquer ce qu'il faut entendre par cette «guerre dans le ciel» qui est une guerre entre êtres célestes, un «conflit sur le plan, au niveau, à l'étiage supra-humain, dit "céleste", d'esprit à esprit, sans le moindre passage des créatures matérielles» (p.291). Il est vraisemblable que les anges déchus ont usé de tous les maléfices de la magie pour tenter de défaire Saint Michel et les anges fidèles. L'esprit recèle des forces qui, lorsqu'elles sont mises en branle et qu'elles sortent de leur latence, sont capables d'agir non seulement sur la matière mais aussi sur les autres esprits (voir mon article sur la matrix magique de l'imagination) : «La plus scientifique métapsychie connaît des cas, par centaines, de batailles, à travers l'espace, par "ondes psychiques". Qui ne se souvient de l'abbé Boullan le "Docteur Johannès" de Là-Bas, de Stanislas de Guaïta, de Papus mais surtout de ce qu'a pu constater, après Huc, aux Indes, en Chine, en Indochine, au Tibet surtout, une Alexandra David-Neel ? Les maladies, les malheurs, la mort même, causés par des moyens hyperphysiques, sont un fait»
I[La Psychical Research Society]i de Londres, rappelle Frank-Duquesne, a recensé des centaines de cas d'envoutements, de paralysie physique et/ou intellectuelle, provoqués par des maléfices à distance : «Voici cinquante ans, Jules Bois a raconté les luttes épiques, entre Paris et Lyon, de deux groupes d'occultistes s'envoyant mutuellement des "décharges psychiques" […] On peut donc se représenter, maintenant, l'inouï déploiement de forces spirituelles (…) on peut maintenant, dis-je, entrevoir ce que peut avoir été la "guerre des célestes". Une formidable tension des volontés , jusqu'à "éclatement"; un bombardement d'idées suggérées avec une puissance dont les plus redoutables hypnotiseurs des lamaseries tibétaines sont incommensurablement loin»
Après avoir justement rappelé que la nature même de la connaissance angélique favorise de telles suggestions, que sa puissance d'insinuation est sans commune mesure avec la nôtre, il conclut sa réflexion par ces lignes : «La réponse des hiérarchies fidèles se résume dans le Quis ut Deus, dans l'épanouissement de pensées positives, d'amour et d'adoration. Pour Michel et les siens, "lutter" a consisté à chanter la gloire de Yahwey. Leur contemplation même, leur ontologique jubilation, leur marée de gratitude, Psaume 148 et Cantique dans la fournaise, voilà leur combat ! A mesure que, vainement, les démons s'épuisent, gaspillent leur substance spirituelle, leur vitalité psychique, à tenter de miner le moral de leurs adversaires, l'Hosannah in excelsis, "dans le ciel", gagne en ampleur et enthousiasme. Enfin se produit, pour les esprits mauvais, ce que les aviateurs appellent la "perte de vitesse". C'est aussitôt la "précipitation au sol"» (p.293)
Albert Frank-Duquesne s'est interrogé sur la teneur de la transgression des anges déchus dans un texte des Etudes carmélitaines, intitulé Réflexions sur Satan en marge de la tradition judéo-chrétienne (Desclée de Brouwer, 1948). Cet ouvrage collectif sur Satan regroupe des contributions de Louis Massignon, d'Albert Béguin, de Joseph de Tonquedec, Jacques Madaule, Françoise Dolto etc…Frank-Duquesne se réfère à la dernière épitre canonique de saint Jude et à la Tradition Juive selon lesquelles le péché des anges réside dans le mépris de l'incarnation, prise dans son acception le plus large. Il reprend le parallèle établi par saint Jude (versets 5-7, 9-11) entre les anges déchus et les sodomites et les gnostiques. L'"homo angélisme" (mépris de la matière, de l'homme, de l'incarnation, consistant en une sorte d'"homosexualité spirituelle") correspond à l'inversion charnelle des sodomites. Voici la traduction que Frank Duquesne propose de Jude 7 : «De même, Sodome et Gomorrhe et les villes circonvoisines, ayant forniqué de la même façon (que les anges susmentionnés) et s'étant prises de convoitise pour une autre vie (que la légitime), gisent là en exemple, subissant la sanction d'un feu éternel» (p.192). Saint Jude suggère dans le verset suivant un parallèle avec les gnostiques : «Semblablement, ces délirants souillent la chair, méprisant la seigneurie, blasphémant les gloires», commentée ainsi par Frank-Duquesne : «Les gnostiques méprisent la matière. L'incarnation leur répugne, et la gloire que, par elle, l'homme peut tirer de la Croix, de la Chair et du Sang théantropiques. Analogiquement, nous l'avons vu, en refusant le commerce sexuel normal pour se confiner dans l'homosexualité, les citées perdues font, elles aussi, fi de cette universelle complémentarité (dont la sexuelle n'est qu'un aspect)…Gnostiques et Sodomites ne font que refléter, sur les "plans" respectivement psychique et somatique, l'homophysie, l'homopneumatisme, l'angélisme exclusif et gendarmé des anges déchus» (p.193)
Un autre passage du texte de Frank-Duquesne a retenu mon attention. Dans la huitième partie il cherche à expliquer ce qu'il faut entendre par cette «guerre dans le ciel» qui est une guerre entre êtres célestes, un «conflit sur le plan, au niveau, à l'étiage supra-humain, dit "céleste", d'esprit à esprit, sans le moindre passage des créatures matérielles» (p.291). Il est vraisemblable que les anges déchus ont usé de tous les maléfices de la magie pour tenter de défaire Saint Michel et les anges fidèles. L'esprit recèle des forces qui, lorsqu'elles sont mises en branle et qu'elles sortent de leur latence, sont capables d'agir non seulement sur la matière mais aussi sur les autres esprits (voir mon article sur la matrix magique de l'imagination) : «La plus scientifique métapsychie connaît des cas, par centaines, de batailles, à travers l'espace, par "ondes psychiques". Qui ne se souvient de l'abbé Boullan le "Docteur Johannès" de Là-Bas, de Stanislas de Guaïta, de Papus mais surtout de ce qu'a pu constater, après Huc, aux Indes, en Chine, en Indochine, au Tibet surtout, une Alexandra David-Neel ? Les maladies, les malheurs, la mort même, causés par des moyens hyperphysiques, sont un fait»
I[La Psychical Research Society]i de Londres, rappelle Frank-Duquesne, a recensé des centaines de cas d'envoutements, de paralysie physique et/ou intellectuelle, provoqués par des maléfices à distance : «Voici cinquante ans, Jules Bois a raconté les luttes épiques, entre Paris et Lyon, de deux groupes d'occultistes s'envoyant mutuellement des "décharges psychiques" […] On peut donc se représenter, maintenant, l'inouï déploiement de forces spirituelles (…) on peut maintenant, dis-je, entrevoir ce que peut avoir été la "guerre des célestes". Une formidable tension des volontés , jusqu'à "éclatement"; un bombardement d'idées suggérées avec une puissance dont les plus redoutables hypnotiseurs des lamaseries tibétaines sont incommensurablement loin»
Après avoir justement rappelé que la nature même de la connaissance angélique favorise de telles suggestions, que sa puissance d'insinuation est sans commune mesure avec la nôtre, il conclut sa réflexion par ces lignes : «La réponse des hiérarchies fidèles se résume dans le Quis ut Deus, dans l'épanouissement de pensées positives, d'amour et d'adoration. Pour Michel et les siens, "lutter" a consisté à chanter la gloire de Yahwey. Leur contemplation même, leur ontologique jubilation, leur marée de gratitude, Psaume 148 et Cantique dans la fournaise, voilà leur combat ! A mesure que, vainement, les démons s'épuisent, gaspillent leur substance spirituelle, leur vitalité psychique, à tenter de miner le moral de leurs adversaires, l'Hosannah in excelsis, "dans le ciel", gagne en ampleur et enthousiasme. Enfin se produit, pour les esprits mauvais, ce que les aviateurs appellent la "perte de vitesse". C'est aussitôt la "précipitation au sol"» (p.293)