La France ne semble pas encore avoir pris la mesure du désastre universitaire, comme en témoigne le silence lourd de significations des principaux candidats à l’élection présidentielle. Les remèdes les plus dérisoires sont proposés pour sauver nos universités du naufrage. Tel propose une refondation complète sur le modèle anglo-saxon, un autre demande la sélection à l’entrée afin d’attirer les meilleurs bacheliers. Idée inepte : j’ai remarqué que toute l’émulation intellectuelle, qui rend si enrichissantes les premières années de facs, se perdait lorsque ces bacheliers d’ «excellence», issus des prépas, des grandes écoles, faisaient leur irruption, souvent à partir de la licence, pour rafler les quelques places aux concours d’enseignement, leur seule obsession (l’agreg par exemple, qui exige une parfaite maîtrise du latin, des langues vivantes et de l’ancien français du 12e siècle, bref toutes les discipline discriminantes dans lesquelles j’étais loin d’exceller, étant issu d’un lycée très populaire où ça déconnait sec ...Il faut surtout se taper au moins deux ans de préparation, au milieu d’une cohorte d’étudiantes lobotomisées, dans un environnement moisi, à vous écœurer à vie de la littérature.
D’autres s’imaginent que les problèmes viennent des filières encombrées (en première année certes, mais les effectifs ne cessent de décroître à partir de la seconde année), sans débouchés (la faute à qui ?), préparant mal les étudiants à la vie des entreprises, autant d’arguments convenus qui servent surtout à masquer les problèmes, la démission et l'irresponsabilité des uns et des autres. On présente alors comme un extraordinaire avancée le partenariat établi entre quelques universités et sept grands groupes ( Pricewaterhouse Coopers, Renault, Axa, Coca-Cola, Siemens, HSBC et la Société générale) qui s’engagent à recruter à la prochaine rentrée, en CDI, 70 étudiants (whaouuuu) de niveau Master 2 (bac + 5) en lettres, sciences humaines ou sociales avec "une mise à niveau en économie et en finance" (sic).
Ils sont en tout cas nombreux à estimer qu'il faudrait augmenter les droits d'inscription. Je suis assez favorable à cette solution, à condition que tous soient logés à la même enseigne. Les normaliens, par exemple, qui débarquent en université pour passer les concours, devront eux aussi payer leurs études. C'est une question d'équité. Si les seuls débouchés de l'université sont les concours de la fonction publique, les étudiants doivent tous partir sur un même pied d'égalité. Et surtout les règles du jeu doivent être définies dès le départ. S'il faut exceller en latin, en ancien français etc.., qu'on cesse de pousser les étudiants à suivre des modules ou des options (linguistique, art du spectacle, histoire etc...) qui ne leur servent à rien dans le cadre du concours final.
Un ouvrage rédigé par un collectif d’universitaires, sous la direction de Pierre Jourde, vient de paraître en librairie. Il décrit avec une grand objectivité la situation désastreuse de l’université française. A lire impérativement.
Présentation : Si les livres abondent sur l'école, ils sont rares sur l'université, en dépit de la masse croissante des étudiants et de la gravité des problèmes. Il est d'ailleurs à regretter que la crise du CPE n'ait pas favorisé une prise de conscience durable - aujourd'hui encore, le public ignore l'étendue de la ruine de l'enseignement supérieur. La naufrage s'accomplit en toute discrétion. On refuse de voir à quel point lassitude et écoeurement règnent parmi les universitaires. On se cache les yeux devant le délabrement des universités, devant la condition des doctorants et des docteurs en quête de poste. On préfère ne pas voir le clientélisme croissant qui, prenant prétexte de l'autonomie des établissements, transforme des élections censément ouvertes en promotions locales. Ce livre est une tentative pour rompre le silence. Les auteurs qui s'expriment dans ce recueil collectif ne relèvent d'aucune obédience politique ou idéologique, ne se réclament d'aucun syndicat, ni groupe de pression. Tous universitaires, ils appartiennent à divers établissements d'enseignement supérieur, et à différentes disciplines - de la littérature à la médecine, de la sociologie aux mathématiques. Chacun exprime ici librement, son analyse.
D’autres s’imaginent que les problèmes viennent des filières encombrées (en première année certes, mais les effectifs ne cessent de décroître à partir de la seconde année), sans débouchés (la faute à qui ?), préparant mal les étudiants à la vie des entreprises, autant d’arguments convenus qui servent surtout à masquer les problèmes, la démission et l'irresponsabilité des uns et des autres. On présente alors comme un extraordinaire avancée le partenariat établi entre quelques universités et sept grands groupes ( Pricewaterhouse Coopers, Renault, Axa, Coca-Cola, Siemens, HSBC et la Société générale) qui s’engagent à recruter à la prochaine rentrée, en CDI, 70 étudiants (whaouuuu) de niveau Master 2 (bac + 5) en lettres, sciences humaines ou sociales avec "une mise à niveau en économie et en finance" (sic).
Ils sont en tout cas nombreux à estimer qu'il faudrait augmenter les droits d'inscription. Je suis assez favorable à cette solution, à condition que tous soient logés à la même enseigne. Les normaliens, par exemple, qui débarquent en université pour passer les concours, devront eux aussi payer leurs études. C'est une question d'équité. Si les seuls débouchés de l'université sont les concours de la fonction publique, les étudiants doivent tous partir sur un même pied d'égalité. Et surtout les règles du jeu doivent être définies dès le départ. S'il faut exceller en latin, en ancien français etc.., qu'on cesse de pousser les étudiants à suivre des modules ou des options (linguistique, art du spectacle, histoire etc...) qui ne leur servent à rien dans le cadre du concours final.
Un ouvrage rédigé par un collectif d’universitaires, sous la direction de Pierre Jourde, vient de paraître en librairie. Il décrit avec une grand objectivité la situation désastreuse de l’université française. A lire impérativement.
Présentation : Si les livres abondent sur l'école, ils sont rares sur l'université, en dépit de la masse croissante des étudiants et de la gravité des problèmes. Il est d'ailleurs à regretter que la crise du CPE n'ait pas favorisé une prise de conscience durable - aujourd'hui encore, le public ignore l'étendue de la ruine de l'enseignement supérieur. La naufrage s'accomplit en toute discrétion. On refuse de voir à quel point lassitude et écoeurement règnent parmi les universitaires. On se cache les yeux devant le délabrement des universités, devant la condition des doctorants et des docteurs en quête de poste. On préfère ne pas voir le clientélisme croissant qui, prenant prétexte de l'autonomie des établissements, transforme des élections censément ouvertes en promotions locales. Ce livre est une tentative pour rompre le silence. Les auteurs qui s'expriment dans ce recueil collectif ne relèvent d'aucune obédience politique ou idéologique, ne se réclament d'aucun syndicat, ni groupe de pression. Tous universitaires, ils appartiennent à divers établissements d'enseignement supérieur, et à différentes disciplines - de la littérature à la médecine, de la sociologie aux mathématiques. Chacun exprime ici librement, son analyse.